Huit figures majeures des organisations syndicales ont convenu de mettre en pause l'intersyndicale, un puissant "outil" qui leur avait permis de s'unir face au gouvernement lors de la crise sociale du printemps. Ce consensus intervient après la réforme des retraites, avec l'engagement de se revoir ultérieurement. Une étape dans la transformation plutôt que dans la rupture.
L'intersyndicale ne défilera plus dans la rue en tant qu'entité unifiée pendant plusieurs mois. Réunis au siège national de la CFDT à Paris le 1er décembre, les dirigeants des huit principales organisations de salariés ont redéfini les contours de leur alliance. Cette structure, après un long combat solidaire contre la réforme des retraites, n'est pas dissoute mais connaît une phase de pause. Elle maintient des échanges, à un rythme moins soutenu et en ajustant le nombre de participants en fonction des dossiers à traiter. Il est prévu de relancer les actions communes dans l'espace public vers la fin de l'hiver.
Lors de cette réunion, les dirigeants ont exprimé leurs opinions et en ont déduit des ajustements pour l'avenir. Pour Frédéric Souillot de FO, l'intersyndicale est un "outil précieux" lorsqu'il s'agit de mobilisations contre des réformes régressives telles que celle sur les retraites. Cependant, il est temps, selon lui, de mettre cet outil en veille tout en restant ouverts à le réactiver si de nouvelles lois préjudiciables aux travailleurs sont présentées par le gouvernement. D'autres leaders confédéraux partagent cette perspective, soulignant que cette union est spécifique à des moments et des enjeux particuliers.
Cyril Chabanier de la CFTC estime que l'intersyndicale ne peut être identique à celle qui a émergé pendant la réforme des retraites. Pour François Hommeril de la CFE-CGC, une telle union est liée à un moment spécifique et à des thèmes précis. Ce consensus implique une adaptation des syndicats à une nouvelle réalité, sans pour autant clôturer définitivement cette forme d'alliance collective.
Cette évolution marque un ajustement stratégique des syndicats, leur permettant de se mobiliser différemment selon les enjeux spécifiques tout en maintenant une coopération à géométrie variable pour défendre les intérêts des travailleurs.