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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

28 000 lémuriens en captivité : une menace pour la biodiversité malgache

Photo du rédacteur: Volanirina RazafindrafitoVolanirina Razafindrafito

À Madagascar, la détention illégale de lémuriens, espèces protégées et en voie de disparition, menace sérieusement la biodiversité locale.



La captivité illégale de lémuriens à Madagascar est une pratique courante malgré les lois strictes interdisant ce genre d'acte. Avec environ 28 000 lémuriens détenus illégalement, la situation est alarmante.


Captivité et ignorance des lois

La détention illégale de lémuriens est punie et interdite par la loi malgache. Cependant, la méconnaissance des lois et l'incivilité sous couvert d'amour pour les animaux favorisent cette pratique. Les lémuriens, lorsqu'ils ne sont pas victimes de braconnage pour être expédiés à l'étranger, sont souvent chassés pour la consommation. Une autre pratique nuisible est leur détention en captivité, une situation presque omniprésente dans les régions malgaches. Le Pr Jonah Ratsimbazafy, Président du Groupe d’Études et de Recherche sur les Primates de Madagascar (GERP), estime qu'environ 28 000 lémuriens sont actuellement détenus illégalement dans le pays.


Sensibilisation et manque de stratégie

Des organismes œuvrant dans la conservation de l’environnement ont mené des campagnes de sensibilisation pour interpeller les Malgaches sur l'importance de ne pas garder les lémuriens en captivité. Bien que certains répondent positivement à ces efforts en libérant les lémuriens, ces initiatives sont entravées par l'absence de plan stratégique de l'État pour accueillir et réintroduire ces animaux dans leur milieu naturel. La non-application des lois et règlements en vigueur aggrave cette situation, rendant les efforts de conservation inefficaces.


Lois et application insuffisante

La loi n°2015-005 portant refonte du code de gestion des aires protégées stipule clairement les sanctions pour la détention illégale de faune et de flore. Selon l'article 55, toute détention d'animaux provenant d'une aire protégée en vue de vente constitue une infraction. L'article 56 ajoute que toute espèce détenue, transportée ou mise en vente est présumée avoir été prélevée illégalement. Les peines prévues incluent des travaux forcés et des amendes importantes. Cependant, la non-application de ces lois est évidente dans des cas récents, comme celui des sept personnes ayant tué des lémuriens dans le district de Maroantsetra, qui n'ont écopé que de peines légères.


Obstacles et inaction judiciaire

Le Pr Jonah Ratsimbazafy déplore que la période électorale soit utilisée comme excuse pour éviter l'application stricte de la loi, par crainte de révoltes populaires. Cette inaction judiciaire favorise la disparition rapide des lémuriens, une des identités emblématiques de Madagascar. La période électorale ne devrait pas entraver la protection de la biodiversité, mais plutôt renforcer les efforts pour préserver ces espèces menacées.


Importance de la biodiversité malgache

La biodiversité de Madagascar est unique, avec une grande partie des espèces endémiques menacées d'extinction. Les lémuriens jouent un rôle crucial dans les écosystèmes locaux, contribuant à la pollinisation et à la dispersion des graines. Leur disparition aurait des conséquences écologiques graves, perturbant l'équilibre naturel et affectant les autres espèces animales et végétales.


Urgence d'une action concertée

Il est urgent que l'État malgache mette en place des stratégies efficaces pour la protection et la réintroduction des lémuriens. Cela inclut l'application rigoureuse des lois existantes, la sensibilisation continue des populations locales, et la collaboration avec des partenaires internationaux pour soutenir les efforts de conservation. La protection des lémuriens nécessite une volonté politique forte et des ressources adéquates pour assurer la survie de ces espèces emblématiques.


La détention illégale de lémuriens à Madagascar est une menace sérieuse pour la biodiversité du pays. Une action concertée et déterminée de la part de l'État, des organismes de conservation et des citoyens est essentielle pour protéger ces espèces uniques et préserver l'écosystème malgache.

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