Agriculture : de nouveaux techniciens certifiés pour garantir la qualité des semences à Madagascar
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 14 heures
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L’assermentation de cinquante-cinq techniciens issus des Directions Régionales de l’Agriculture et de l’Élevage marque une étape importante dans le dispositif national de contrôle et de certification des semences à Madagascar. Tenue le 17 novembre 2025 au Tribunal de Première Instance d’Anosy, à Antananarivo, la cérémonie constitue un moment clé pour la professionnalisation du secteur semencier et pour la consolidation des efforts visant à garantir aux producteurs un matériel végétal fiable, certifié et conforme aux normes en vigueur. Cette initiative, portée conjointement par le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, le Service Officiel de Contrôle des Semences et du Matériel Végétal ainsi que les projets PURPA et FSRP soutenus respectivement par la Banque Africaine de Développement et la Banque Mondiale, s’inscrit dans une dynamique destinée à sécuriser la chaîne de production semencière. Elle vise également à appuyer la souveraineté alimentaire du pays, enjeu stratégique dans un contexte où la performance agricole repose en grande partie sur la qualité des semences mises à disposition des producteurs. Les propos du ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, venu honorer la cérémonie, soulignent l’importance de cette démarche et rappellent le rôle structurant des techniciens assermentés dans l’amélioration continue du secteur.

Une assermentation symbolique et déterminante pour le secteur semencier
L’assermentation prononcée au Tribunal de Première Instance d’Anosy constitue un acte juridique et institutionnel fort. Le choix de cette institution pour officialiser la prise de fonction des techniciens chargés du contrôle et de la certification des semences souligne la dimension officielle et réglementaire de leurs nouvelles responsabilités. Ces inspecteurs et vérificateurs, au nombre de cinquante-cinq, représentent dix-sept régions de Madagascar, ce qui confère à l’événement une portée nationale. Par leur prestation de serment, ils s’engagent formellement à exercer leur mission avec rigueur, impartialité et dans le respect des textes encadrant le secteur semencier.
Cet engagement n’est pas simplement symbolique. Il marque l’entrée de ces techniciens dans un cadre professionnel structuré, où leurs tâches consistent à vérifier la conformité des semences, contrôler les conditions de production, certifier les lots destinés à la commercialisation et veiller à ce que les normes nationales et internationales soient respectées. Le rôle de ces agents garantit le maintien d’un système fiable de traçabilité et de contrôle, indispensable à la confiance des acteurs de la filière. Leur présence effective sur le terrain, auprès des producteurs, assure un suivi direct des pratiques culturales liées à la production de semences, consolidant ainsi la qualité des lots disponibles.
La cérémonie d’assermentation renforce également la légitimité du Service Officiel de Contrôle des Semences et du Matériel Végétal. En formant puis en accompagnant ces techniciens jusqu’à l’obtention de leur accréditation, le SOC confirme sa position centrale dans la régulation du secteur. La reconnaissance institutionnelle accordée à ces professionnels témoigne du rôle clé qu’ils jouent dans l’amélioration des performances agricoles et dans la protection des producteurs comme des consommateurs. Leur assermentation garantit que leurs décisions, avis et rapports disposent d’une valeur officielle et s’inscrivent dans un cadre légal opposable.
Une formation technique renforcée, suivie d’évaluations rigoureuses
Avant de prêter serment, les techniciens ont suivi un parcours de formation approfondi, conçu et mis en œuvre par le Service Officiel de Contrôle des Semences et du Matériel Végétal. Cette formation, mêlant théorie et pratique, avait pour objectif de préparer les futurs inspecteurs aux réalités du terrain, à la diversité des espèces cultivées et aux exigences techniques de la certification semencière. Elle a permis d’harmoniser les connaissances des participants, en tenant compte des spécificités régionales et des conditions agroclimatiques variées présentes à Madagascar.
Les applications pratiques sur le terrain ont offert aux candidats l’occasion de se confronter aux situations concrètes qu’ils rencontreront dans l’exercice de leurs fonctions. Cela inclut l’observation des parcelles de multiplication, l’identification des stades physiologiques des cultures, la vérification des méthodes utilisées par les producteurs, la tenue de registres de traçabilité, ainsi que le contrôle des infrastructures impliquées dans le stockage et le conditionnement des semences. Ces activités pratiques ont renforcé les compétences opérationnelles des techniciens, leur permettant d’appliquer avec précision les normes établies par le SOC.
Depuis juillet 2025, les participants ont également été soumis à des évaluations rigoureuses. Ces tests, conçus pour mesurer leur maîtrise des procédures, leur capacité d’analyse et leur aptitude à exercer des missions de contrôle de manière indépendante, ont constitué une étape incontournable avant leur certification. Les techniciens ayant satisfait à ces exigences ont reçu leur certificat, attestant officiellement de leur qualification. Ils ont également obtenu leurs uniformes officiels, symboles de leur rôle et instruments d’identification indispensables lors de leurs missions auprès des producteurs et dans les zones de culture.
Cette phase de formation et d’évaluation témoigne de la volonté des autorités de professionnaliser davantage le corps des inspecteurs et vérificateurs de semences. L’objectif est de garantir un niveau élevé de compétence technique, condition essentielle pour améliorer la qualité des semences disponibles sur le marché. Ce dispositif assure que chaque technicien assermenté soit en mesure d’apprécier correctement la conformité des productions et de prendre des décisions fondées sur des critères objectifs et reconnus.
Une collaboration institutionnelle pour renforcer la souveraineté alimentaire
La mise en place de ce groupe de techniciens assermentés résulte d’une collaboration étroite entre le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, le Service Officiel de Contrôle des Semences et du Matériel Végétal, ainsi que deux projets majeurs soutenant le développement agricole : le projet PURPA, financé par la Banque Africaine de Développement, et le projet FSRP, mis en œuvre avec l’appui de la Banque Mondiale. Cette coopération illustre la convergence d’efforts nationaux et internationaux en faveur de la professionnalisation du secteur agricole, particulièrement dans le domaine stratégique de la production semencière.
Le rôle du MINAE dans cette initiative souligne l’importance accordée par les autorités à l’amélioration durable des pratiques agricoles. En s’appuyant sur des partenaires techniques et financiers, le ministère s’assure que les activités de formation, d’équipement et de certification soient menées dans les meilleures conditions possibles. Le SOC, en tant qu’organe technique, s’est vu confier la mission de sélectionner, former puis encadrer les techniciens destinés à prêter serment. Il a assuré la cohérence pédagogique du parcours, tout en veillant à la conformité des évaluations.
Les projets PURPA et FSRP ont joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre opérationnelle de l’initiative. Ils ont apporté un soutien logistique, financier et technique, permettant d’étendre le programme de formation à plusieurs régions du pays et d’intégrer des outils pédagogiques adaptés. Ces projets, soutenus par des institutions financières internationales, s’inscrivent dans une stratégie globale visant à améliorer la résilience du secteur agricole, à encourager la production locale de semences certifiées et à renforcer les capacités des acteurs de la filière. Leur participation démontre l’importance des partenariats multi-acteurs pour répondre aux défis liés à la sécurité alimentaire.
La collaboration entre les différentes institutions contribue ainsi à un objectif commun : renforcer la souveraineté alimentaire du pays. En améliorant la qualité des semences produites localement, Madagascar réduit sa dépendance aux importations, soutient l’autonomie des producteurs et renforce sa capacité à faire face aux aléas climatiques et aux fluctuations du marché. Les techniciens assermentés deviennent des acteurs essentiels de cette stratégie, en garantissant la fiabilité et la qualité du matériel végétal mis à disposition.
Le rôle central des techniciens dans la production de semences certifiées
Les propos du ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, présent lors de la cérémonie, rappellent l’importance du rôle que joueront les nouveaux techniciens assermentés dans le paysage agricole. Selon lui, ces professionnels constituent des piliers essentiels pour assurer la qualité des semences au niveau des producteurs. Leur action, déployée au cœur des exploitations et au contact direct des multiplicateurs, permet d’instaurer un climat de confiance et d’assurer un suivi technique indispensable.
Les techniciens doivent garantir que les pratiques de production respectent les normes établies. Ils interviennent à différents stades du cycle de production semencière : contrôle des parcelles de multiplication, observation des stades de croissance, vérification des conditions sanitaires, prélèvements pour analyses, certification des lots et validation des procédés de conditionnement. Par leur présence, ils contribuent activement à la production de semences certifiées, élément indispensable pour améliorer les rendements agricoles et la qualité des récoltes.
Le ministre souligne également le rôle des techniciens dans le renforcement de la souveraineté alimentaire. Leur mission contribue à sécuriser la disponibilité des semences certifiées sur le territoire, condition essentielle pour une agriculture performante. La production locale de semences de qualité permet de soutenir la productivité des exploitations et de garantir aux paysans un accès à du matériel végétal sain, fiable et adapté aux conditions agroclimatiques locales. En assurant un contrôle rigoureux, les techniciens participent à cet effort national destiné à développer une agriculture résiliente.
L’amélioration de la qualité semencière constitue un enjeu majeur dans un pays où les conditions climatiques, les aléas économiques et les défis logistiques peuvent fragiliser les chaînes d’approvisionnement. Les techniciens assermentés ont donc une responsabilité importante dans l’accompagnement des acteurs de terrain et dans la mise en œuvre de bonnes pratiques. Le message du ministre, réaffirmant que des producteurs prospères participent à nourrir efficacement la nation, rappelle que le développement agricole repose sur des bases techniques solides.
Un pas supplémentaire vers une agriculture performante et durable
L’assermentation des cinquante-cinq techniciens issus de dix-sept régions du pays marque une avancée significative dans la structuration du secteur semencier. Cet événement représente bien plus qu’une simple cérémonie officielle : il constitue une étape supplémentaire dans la construction d’un système agricole performant, soutenu par des acteurs qualifiés et reconnus. Les techniciens assermentés disposent désormais des compétences nécessaires pour exercer leurs missions en toute légalité, avec des responsabilités clairement définies et un cadre institutionnel renforcé.
Le renforcement du nombre de techniciens chargés du contrôle de la qualité des semences témoigne d'une volonté d’étendre la couverture nationale des services de certification. Grâce à cette augmentation, les producteurs situés dans les zones les plus éloignées bénéficient également d’un accompagnement technique, réduisant les risques de non-conformité et améliorant l’accès aux semences certifiées. Cette démarche contribue à équilibrer les opportunités entre les régions et à favoriser une agriculture plus équitable.
L’initiative s’inscrit également dans une dynamique de long terme. Le développement de semences certifiées, produit d’un contrôle rigoureux, permet aux exploitants d’améliorer leurs rendements et de réduire les pertes. Cela favorise également la diversification des cultures et l’adaptation au changement climatique, grâce à l’utilisation de variétés mieux sélectionnées. En consolidant les compétences humaines et en renforçant la réglementation, Madagascar avance vers un modèle agricole plus durable.
L’articulation entre formation, évaluation, assermentation et intervention sur le terrain constitue un modèle cohérent, destiné à s’appliquer dans la durée. Le rôle des institutions partenaires, qui soutiennent financièrement et techniquement cette démarche, restera essentiel pour maintenir un haut niveau de qualité dans le secteur semencier. Mais ce sont les techniciens eux-mêmes qui incarneront concrètement cette évolution, sur le terrain, au sein des exploitations, au contact des producteurs.
L’esprit qui ressort de cette cérémonie, combiné aux déclarations du ministre, illustre une vision claire : celle d’une agriculture ambitieuse, reposant sur la qualité des semences, sur la compétence des acteurs et sur un cadre institutionnel solide. L’objectif réaffirmé, celui de disposer de producteurs prospères pour une nation bien nourrie, trouve dans cette initiative une traduction concrète. Elle marque un engagement renouvelé en faveur de la sécurité alimentaire, de la professionnalisation et du développement agricole du pays.