Antsiranana, au bord du fleuve mais en quête d'eau : où est la solution?
L'incongruité est palpable à Antsiranana : une ville nichée au bord d'un fleuve, mais assoiffée depuis près d'une décennie. La vie quotidienne des habitants est marquée par l'incessante recherche de l'or bleu. Des familles se déplacent chaque jour, épuisées, en quête de cette ressource indispensable. Les hôtels, les lavandières, qu'ils soient de la Scama ou de Mahavokatra, partagent la même désolation. Et pendant que la ville crie sa détresse, le silence assourdissant des autorités locales devient de plus en plus incompréhensible. La cascade de Joffreville, autrefois symbole de la richesse naturelle de la région, semble n'être plus qu'un lointain souvenir. Les conséquences de cette pénurie sont multiples et tragiques. Les hommes et les femmes fatiguent leurs corps à la recherche de puits, et de nombreuses nuits, les enfants se couchent sans s'être lavés.
La gravité de la situation dépasse le simple inconfort. Elle porte atteinte à la santé publique, à l'environnement, et elle ternit l'image autrefois resplendissante d'Antsiranana. Les maladies prolifèrent, la pollution se généralise et la ville, autrefois saluée pour sa propreté, perd de son éclat. Dans les rues, les odeurs corporelles se mêlent à celles du marché. Les poissons séchés et les crevettes, dans leur puanteur, rappellent la triste réalité à chaque passant, chaque commerçant. Les relents omniprésents dans les transports en commun ne font qu'accroître le désarroi de la population.
Ce problème d'eau, maintes fois évoqué dans la presse locale, semble tomber dans l'oreille d'une administration indifférente. Les dirigeants de la ville, pourtant bien équipés de réservoirs personnels, demeurent étonnamment silencieux face à cette crise. Mais malgré le désespoir, une étincelle d'espoir persiste parmi les habitants. Une espérance que, tôt ou tard, Antsiranana retrouvera son eau, et avec elle, son âme.