La remise des corps des victimes de la crise de 2010-2011 en Côte d'Ivoire soulève des difficultés d'identification et de deuil à Bloléquin, où de nombreuses familles ont quitté la zone après les violences de mars 2011.
Des familles endeuillées suite aux violences de mars 2011 à Bloléquin en Côte d'Ivoire ont récemment reçu les corps des victimes de la crise de 2010-2011, qui avait fait près de 3 000 morts. Pour Nesma Bah, qui a perdu trois proches lors de l'attaque de l'ancienne préfecture où de nombreuses personnes s'étaient réfugiées, seul un membre de sa famille a pu être identifié sur les 58 corps exhumés. Pour d'autres familles, l'absence de dépouilles est une source de frustration et d'interrogation. Bien que le ministre de la Réconciliation nationale ait assuré que le processus se poursuivait, trois organisations de défense des droits de l'Homme estiment que la loi d'amnistie présidentielle d'août 2018 a eu pour effet d'annuler tous les efforts de justice entrepris jusque-là, empêchant les victimes de recevoir la justice qu'elles méritent.
Roger Ka, qui a perdu sa mère en mars 2011, a accepté en 2015 que sa dépouille soit exhumée et transférée à Abidjan pour les besoins de l'enquête. Cependant, sur les 58 corps exhumés à Bloléquin, seulement 12 ont pu être identifiés et seuls 10 ont été remis à leurs proches. Pendant huit ans, Roger Ka a ressenti la peine et la frustration monter en lui. Malgré les efforts en cours, de nombreuses familles à Bloléquin oscillent encore entre soulagement et peine profonde, alors que la quête de justice se poursuit.