Coupure d’électricité générale annoncée à Madagascar : les employés de la Jirama maintiennent la pression
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 22 heures
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Depuis plusieurs jours, une crise profonde secoue la société nationale d’électricité et d’eau de Madagascar, la Jirama. Les tensions entre la direction et les employés ont atteint un point critique, débouchant sur une annonce lourde de conséquences : une coupure d’électricité générale sur l’ensemble du territoire est prévue pour demain, selon les déclarations des salariés en grève. Ce mouvement social, inédit par son ampleur, s’inscrit dans un climat de mécontentement grandissant au sein de l’entreprise publique.

Une crise ouverte au sein de la Jirama
La Jirama, pilier du service public malgache, est aujourd’hui confrontée à l’une des plus graves crises de son histoire. Les employés, mobilisés dans plusieurs régions du pays, dénoncent la gestion de leur société et réclament la démission immédiate du Directeur général, Ron Weiss. Selon les représentants syndicaux, cette revendication est devenue non négociable. Les manifestants estiment que la direction actuelle est responsable d’une série de dysfonctionnements accumulés, qui ont fragilisé la société et détérioré les conditions de travail des agents.
Les rassemblements organisés dans plusieurs villes témoignent d’une colère profonde. À Antananarivo comme dans d’autres grandes agglomérations, les employés de la Jirama se sont regroupés pour exprimer leur ras-le-bol. Les pancartes et slogans réclament « un changement immédiat » et la « fin de la mauvaise gestion ». Le climat de tension s’intensifie à mesure que la direction reste silencieuse sur les revendications portées par les manifestants.
Une grève qui prend une tournure nationale
Le mouvement social, initialement limité à certaines unités régionales, s’est rapidement propagé à l’ensemble du territoire. Les employés, unis dans leur revendication principale, menacent désormais de provoquer une coupure d’électricité à l’échelle nationale dès demain. Cette décision radicale est perçue comme un moyen de pression ultime pour forcer la direction à réagir. Dans leur communiqué, les grévistes affirment qu’ils « ne reprendront pas le travail tant que Ron Weiss n’aura pas quitté ses fonctions ».
Les conséquences d’une telle action seraient considérables. Madagascar, déjà confrontée à des difficultés économiques et énergétiques chroniques, verrait ses activités paralysées. Les secteurs essentiels comme la santé, les télécommunications ou les transports risquent d’être gravement touchés. Les habitants, quant à eux, redoutent les effets directs d’une coupure prolongée : impossibilité de conserver les denrées périssables, suspension des services bancaires et perturbations de la vie quotidienne.
Les employés réclament la démission du Directeur général
Au cœur du conflit, le nom de Ron Weiss cristallise toutes les tensions. Directeur général de la Jirama, il est accusé par les salariés de ne pas avoir tenu ses engagements envers le personnel et de ne pas avoir apporté les réformes promises pour redresser la société. Les employés lui reprochent également une gestion jugée opaque et inefficace. D’après plusieurs sources internes, les discussions entre la direction et les représentants syndicaux se seraient rompues après une série de désaccords majeurs.
Les manifestants exigent désormais que Ron Weiss soit retrouvé et conduit jusqu’à Ivato, un geste symbolique destiné à marquer la rupture définitive avec l’actuelle direction. Cette demande témoigne de la perte totale de confiance entre les salariés et leurs dirigeants. Dans un contexte aussi tendu, les risques d’escalade demeurent élevés, notamment si aucune médiation n’est engagée rapidement.
Un pays sous la menace d’une paralysie énergétique
L’annonce d’une coupure d’électricité générale suscite une inquiétude grandissante parmi la population et les autorités locales. Les responsables régionaux de la Jirama ont confirmé que les équipes techniques sont majoritairement en grève, rendant la continuité du service incertaine. À Antananarivo, la capitale, plusieurs quartiers ont déjà connu des perturbations dans la distribution d’énergie, considérées comme des signaux avant-coureurs de la coupure annoncée.
Les autorités malgaches n’ont, pour l’instant, émis aucun communiqué officiel en réponse à cette menace. Cependant, plusieurs observateurs estiment que l’État devra intervenir d’urgence pour éviter une paralysie complète du pays. Une coupure nationale aurait un impact économique et social immédiat, aggravant la situation d’un pays déjà fragile sur le plan énergétique. Les entreprises, les hôpitaux et les institutions publiques dépendantes du réseau électrique pourraient se retrouver totalement à l’arrêt.
Dans les zones rurales, où l’accès à l’électricité est déjà limité, les conséquences seraient encore plus lourdes. De nombreux habitants craignent un retour à une vie sans courant pour une durée indéterminée. Certains évoquent la nécessité de recourir à des générateurs, mais peu disposent des moyens nécessaires pour s’en équiper. Cette perspective accentue l’angoisse collective et met en lumière la dépendance croissante du pays à un réseau énergétique déjà défaillant.
Une situation symptomatique des difficultés structurelles de la Jirama
La crise actuelle révèle les faiblesses structurelles d’une entreprise publique en difficulté depuis plusieurs années. La Jirama, confrontée à une dette importante et à des infrastructures vieillissantes, peine à assurer un service régulier. Les pannes récurrentes, les délestages et les retards dans la distribution d’eau et d’électricité ont alimenté la frustration de la population et du personnel. De nombreux employés dénoncent également des retards de paiement, un manque d’investissement et une absence de dialogue avec la hiérarchie.
Cette grève, par son ampleur et ses conséquences potentielles, met en lumière les tensions profondes qui minent la société. Le départ du Directeur général, bien que réclamé par les manifestants, ne suffirait peut-être pas à résoudre les problèmes structurels de l’entreprise. Une réforme en profondeur du modèle de gestion, un audit financier transparent et une réorganisation des priorités énergétiques semblent nécessaires pour restaurer la confiance et stabiliser le service.
Plus largement, cette situation pose la question de la gouvernance du secteur public à Madagascar. L’État, actionnaire principal, se trouve désormais confronté à la nécessité d’arbitrer entre les revendications sociales légitimes des salariés et la continuité du service public. Le risque d’un effondrement du réseau national d’électricité appelle à une réponse rapide et coordonnée entre le gouvernement, les syndicats et la direction de la Jirama.
Une journée décisive pour Madagascar
La journée de demain s’annonce décisive pour l’avenir immédiat du pays. Si la coupure d’électricité annoncée est effectivement mise en œuvre, Madagascar pourrait entrer dans une phase de paralysie sans précédent. Les observateurs appellent à la retenue et au dialogue, mais les positions semblent figées. Les employés restent déterminés à faire plier la direction, tandis que la population s’inquiète des conséquences directes sur sa vie quotidienne.
L’évolution de la situation dépendra en grande partie de la capacité des autorités à désamorcer le conflit dans les heures à venir. Une médiation urgente pourrait permettre d’éviter une rupture totale entre les parties. En attendant, la menace d’un blackout général plane toujours sur le pays, symbole d’une crise sociale et institutionnelle profonde qui dépasse le seul cadre de la Jirama.
Cet article, fondé uniquement sur les faits et déclarations rendues publiques par les employés de la Jirama, témoigne d’une tension majeure au sein du service public malgache. À la veille d’une possible coupure nationale, Madagascar retient son souffle dans l’attente d’une issue encore incertaine à ce conflit d’une ampleur inédite.