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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Crise silencieuse: le défi négligé de la santé mentale à Madagasca


Dans le tourbillon des défis socio-économiques auxquels Madagascar est confronté, un problème demeure obstinément en marge : la crise de la santé mentale. Alors que le pays navigue à travers les eaux tumultueuses de la pauvreté, des troubles politiques et des inégalités, la question cruciale de la prise en charge psychologique est tragiquement sous-financée et largement ignorée. Ce problème, cependant, mérite une place centrale dans le débat national.


La détresse psychologique, une réalité sombre et omniprésente, ronge silencieusement la société malgache. L'association psy-Kozy, lors de sa récente conférence de presse, a mis en lumière l'insuffisance alarmante des ressources consacrées à combattre ce fléau invisible. Avec seulement 22 psychiatres pour une population de 28 millions d'habitants, le pays est gravement sous-équipé pour répondre aux besoins de ses citoyens. Cette statistique dérisoire soulève une question politique et morale: jusqu'à quel point un gouvernement peut-il négliger la santé de son peuple avant d'être tenu pour responsable?


Cette crise est encore exacerbée dans les milieux carcéraux. Les chiffres révélés par Humanité & Inclusion peignent un tableau sombre de la souffrance humaine: une majorité écrasante de prisonniers sont submergés par la tristesse, la fatigue, la colère et la peur. Certains vont jusqu'à contempler, voire tenter, l'inimaginable - le suicide. Derrière ces statistiques se cachent des histoires personnelles de désespoir, souvent inexplorées, qui interrogent la responsabilité collective de la société.


Les troubles mentaux, souvent stigmatisés, couvrent un spectre d'affections allant des troubles anxieux à des conditions plus graves telles que la schizophrénie et les troubles bipolaires. Cependant, la conversation autour de ces problèmes est étrangement absente dans le discours public. Ce silence est-il le résultat de la stigmatisation culturelle ou d'une simple ignorance? Quelle que soit la cause, le résultat est le même: des millions de personnes souffrent en silence.


L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que, particulièrement dans les pays en développement, les troubles mentaux sont en passe de devenir une crise sanitaire de premier plan. Les implications de cette négligence ne se limitent pas à la souffrance individuelle; elles pèsent également sur l'économie nationale, sur l'espérance de vie et, par extension, sur la stabilité sociale et politique du pays.


Ce panorama alarmant devrait catalyser une refonte radicale de la politique de santé publique. Les investissements dans des établissements de soins psychiatriques, la formation de professionnels de santé, et l'intégration de la santé mentale dans les services de soins primaires ne sont pas seulement nécessaires, ils sont impératifs. De plus, la lutte contre la stigmatisation culturelle à travers l'éducation et la sensibilisation publique pourrait libérer des milliers de personnes du fardeau du silence.


En définitive, la question de la santé mentale à Madagascar n'est pas simplement un défi médical; c'est un baromètre de la santé démocratique et de la justice sociale. À une époque où le pays est aux prises avec des défis multidimensionnels, ignorer la crise de la santé mentale serait non seulement imprudent mais aussi inhumain. Il est temps que cette question émerge de l'ombre et provoque une réflexion nationale sérieuse et engagée.

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