
Malgré les efforts continus et les initiatives environnementales, Madagascar reste confronté à une crise écologique sévère, perdant annuellement entre 4 et 5 millions d'hectares de forêt. Ces pertes, principalement attribuées aux feux de brousse et à l'exploitation illicite des ressources, sont particulièrement alarmantes pendant la saison sèche, les mois de septembre et d'octobre étant les plus critiques.
Rinah Razafindrabe, directeur général de la Gouvernance environnementale auprès du ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD), souligne la gravité de la situation. En septembre dernier, les feux ont ravagé 1,3 million d'hectares, principalement dans l'Ouest de Madagascar. Les régions de Bongolava, Melaky, Menabe et Sofia sont les plus touchées, leurs paysages de broussailles et de savanes offrant un terrain propice aux incendies.
Ces feux de brousse, bien qu'ancrés dans certaines pratiques agricoles et traditions locales, ont des conséquences dévastatrices. Ils sont souvent utilisés comme technique de gestion des terres par les agriculteurs et les éleveurs, désireux de stimuler la repousse des plantes pour le bétail. Cependant, une augmentation des incendies intentionnels, motivée par des conflits sociaux et politiques, a été constatée. Razafindrabe exprime une préoccupation particulière à propos de ces incendies, notant que plusieurs d'entre eux ont été observés dans des zones non agricoles, indiquant une possible utilisation des feux comme outils de protestation.
En réponse à cette crise, le MEDD a renforcé sa "politique de tolérance zéro" à l'égard des auteurs de ces feux destructeurs. Des programmes de sensibilisation, des formations pour les comités locaux de lutte contre les incendies, et la distribution d'équipements spécifiques font partie des stratégies adoptées. Razafindrabe mentionne également les efforts récents pour remettre des équipements aux comités de lutte, soulignant l'importance de la participation communautaire dans ces initiatives.
Parallèlement à ces mesures de prévention et de lutte, un accent considérable est mis sur le reboisement. Dans le cadre de la politique plus large visant à "reverdir Madagascar", des sites spécifiques ont été établis pour encourager le reboisement annuel par diverses associations, ministères et autres institutions. Les efforts semblent porter leurs fruits, comme le suggère l'optimisme de Razafindrabe concernant le dépassement des objectifs annuels de reboisement.
Cependant, malgré ces progrès, la bataille est loin d'être gagnée. Le suivi des zones reboisées est crucial, notamment pour évaluer l'impact des feux sur les jeunes plantations. En préparation pour l'année 2024, des pépinières ont été établies dans 19 régions, une étape prometteuse dans l'engagement continu du pays à lutter contre la déforestation.
Cette situation à Madagascar illustre la complexité de la gestion environnementale dans un contexte où les facteurs économiques, sociaux, et politiques sont intrinsèquement liés. Elle appelle à une approche intégrée, impliquant une éducation environnementale, la réglementation, la participation communautaire, et le soutien gouvernemental, pour assurer la préservation et la restauration des écosystèmes fragiles de l'île.