Dans une interview accordée au journal Le Monde, Myroslav Marynovytch, intellectuel ukrainien et figure de la dissidence soviétique, partage ses réflexions sur la situation actuelle en Ukraine et les relations avec la Russie. Condamné en 1977 à sept ans de goulag pour son engagement en faveur des droits de l'homme, Marynovytch souligne que les relations culturelles avec la Russie ne pourront reprendre que dans dix ou vingt ans, après la résolution du conflit. Selon lui, le devoir principal des opposants russes à la guerre est d'agir pour provoquer un changement dans leur pays.
Un homme de la dissidence soviétique
Myroslav Marynovytch, âgé de 64 ans, est l'un des derniers dissidents soviétiques ukrainiens vivants. Son engagement pour la défense des droits de l'homme l'a conduit à être condamné à sept ans de goulag en 1977. Il a purgé sa peine au camp Perm-36, tristement célèbre, situé à 1 500 kilomètres de Moscou, dans l'Oural, suivi de cinq années d'exil au Kazakhstan. Aujourd'hui, il est l'une des figures intellectuelles les plus respectées en Ukraine.
La nécessité de l'unité en temps de guerre
Marynovytch souligne l'importance de l'unité en temps de guerre, compte tenu de la menace existentielle que l'Ukraine affronte depuis l'invasion russe. Cependant, il est conscient que la guerre s'inscrira dans la durée. Interrogé sur la possibilité de critiquer le pouvoir politique en Ukraine dans cette situation, il souligne son engagement démocratique et la nécessité de préserver la liberté d'expression. Il observe que l'intensité des débats politiques diminue en Ukraine non en raison de persécutions politiques ou de censure, mais grâce à un réflexe d'unité nationale. Néanmoins, la liberté de parole et de la presse demeure intacte, et des chaînes de télévision détenues par l'opposition permettent d'exprimer des points de vue critiques envers le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
La position de Myroslav Marynovytch, forgée par son expérience de la dissidence sous le régime soviétique, met en lumière l'importance de la démocratie et de la liberté d'expression, même en temps de guerre, tout en soulignant la nécessité d'une résistance organisée à la guerre en Ukraine.