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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Drame à Tsaramasay : un incendie ravage 28 maisons et laisse plus de 150 personnes sans abri

Un violent incendie s’est déclaré dans la matinée du dimanche 26 octobre 2025 dans le fokontany d’Ankorondrano Ouest, à proximité de l’église catholique de Tsaramasay, dans le troisième arrondissement d’Antananarivo. Ce sinistre, d’une intensité exceptionnelle, a provoqué la destruction totale de 28 habitations et fait 152 sinistrés. Trois blessés ont été pris en charge à l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA). Selon les premières constatations, un réchaud à charbon serait à l’origine du drame. Cet incendie, survenu quelques heures seulement après un autre feu à Ankorondrano Est, met en lumière la vulnérabilité des quartiers populaires de la capitale face aux risques d’incendie.

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Le sinistre d’Ankorondrano Ouest : un quartier dévasté en quelques heures

Le feu s’est déclaré vers 9h15 du matin, dans une maison en bois située à l’intérieur du fokontany d’Ankorondrano Ouest. En raison de la promiscuité des habitations, construites pour la plupart en matériaux facilement inflammables, et attisées par un vent soutenu, les flammes se sont rapidement propagées aux maisons voisines. En moins de deux heures, le brasier avait englouti 28 habitations, y compris le Tranompokonolona, bâtiment communautaire du fokontany, symbole de la vie collective du quartier.

Les habitants, paniqués, ont tenté d’évacuer leurs biens avant l’arrivée des secours. Beaucoup n’ont pu sauver que quelques effets personnels. Les familles sinistrées se sont retrouvées démunies, observant impuissantes la destruction totale de leurs habitations. Le feu a été entièrement maîtrisé vers 11h00, grâce à l’intervention rapide et coordonnée des sapeurs-pompiers de la Commune Urbaine d’Antananarivo, appuyés par le Corps de protection civile de l’Armée malagasy.

La situation aurait pu être encore plus dramatique si les secours avaient tardé à intervenir. Les trois blessés, légèrement atteints, ont été conduits à l’HJRA pour y recevoir des soins. Aucun décès n’a été signalé, un fait salué par les autorités locales, compte tenu de la violence du sinistre.

Une mobilisation rapide des forces de l’ordre et des secours

Dès le déclenchement de l’incendie, les services de secours et de sécurité ont été alertés et se sont mobilisés en un temps record. Les sapeurs-pompiers ont dépêché plusieurs camions-citernes sur les lieux, tandis que les forces de l’ordre sécurisaient le périmètre afin d’éviter tout pillage ou intrusion.

Sur place, le Commissaire Central de la Ville d’Antananarivo, le Commissaire du Huitième Arrondissement, le Chef du Poste de Police Avancé d’Ankorondrano, ainsi que plusieurs éléments des postes de police voisins, ont coordonné les opérations. Leur présence visait à garantir la sécurité des sinistrés et à faciliter l’intervention des secours.

La coordination entre les différents corps de sécurité et les équipes de secours a permis de limiter la propagation des flammes vers les zones habitées environnantes. Malgré les conditions difficiles et le manque d’équipements modernes, les pompiers ont réussi à circonscrire l’incendie avant qu’il ne fasse davantage de dégâts.

Les habitants, encore sous le choc, ont salué l’efficacité et le courage des intervenants. Cependant, la tragédie a mis en évidence les faiblesses du dispositif de prévention des incendies dans les quartiers denses, où les habitations précaires et les installations domestiques vétustes constituent une menace permanente.

152 sinistrés sans abri : un lourd bilan humain et social

Le bilan humain du sinistre est particulièrement lourd : 152 personnes se retrouvent sans abri, parmi lesquelles de nombreuses familles avec enfants. Les sinistrés ont été temporairement pris en charge par les autorités locales et les services sociaux de la Commune Urbaine d’Antananarivo. Des solutions d’hébergement provisoires ont été envisagées, notamment dans des bâtiments publics ou des centres communautaires, le temps d’une réinstallation durable.

Pour beaucoup, la perte est totale. Les flammes ont réduit en cendres maisons, meubles, vêtements, documents administratifs et biens de première nécessité. Les habitants d’Ankorondrano Ouest doivent désormais faire face à la difficile réalité de la reconstruction, sans ressources suffisantes. Les associations locales et des ONG de la capitale ont commencé à mobiliser des aides d’urgence, comprenant des vivres, des couvertures et des produits de première nécessité.

Le fokontany, déjà frappé par la pauvreté, voit sa situation se détériorer davantage. La solidarité entre voisins reste pourtant forte. Des familles non touchées par l’incendie ont accueilli temporairement certains sinistrés, démontrant une entraide communautaire exemplaire face à l’adversité.

Les autorités communales ont promis un accompagnement dans les démarches administratives et la reconstruction des habitations. Toutefois, le manque de moyens financiers et logistiques rend l’avenir incertain pour de nombreuses familles.

Un second incendie la veille à Ankorondrano Est : des dégâts matériels considérables

Quelques heures avant la tragédie d’Ankorondrano Ouest, un autre incendie s’était déclaré dans la nuit du samedi 25 octobre 2025, dans le fokontany voisin d’Ankorondrano Est. Ce feu a ravagé les quatre entrepôts appartenant aux sociétés PROCARE et MFTP, membres du groupe ZITAL, spécialisées dans la fabrication de papiers toilette Winda, de serviettes hygiéniques TALIA et de flotteurs de pêche.

Le sinistre s’est déclaré vers 22h45 et n’a été complètement maîtrisé qu’aux alentours de 4h20 du matin, après plus de cinq heures d’intervention. Si aucun blessé n’a été déploré, les pertes matérielles sont considérables. Les entrepôts, contenant des stocks importants de produits finis et de matières premières, ont été totalement détruits.

L’origine de l’incendie reste indéterminée. Une enquête a été ouverte afin de déterminer les causes exactes du sinistre. Plusieurs hypothèses sont envisagées, dont une possible défaillance électrique ou une négligence humaine. Cet événement, survenu moins de douze heures avant celui d’Ankorondrano Ouest, a fortement mobilisé les secours et mis en évidence la fréquence alarmante des incendies dans la capitale.

Les pertes économiques pour les entreprises concernées sont importantes. Elles devront faire face à la lourde tâche de reconstruire leurs installations et de relancer leur production, dans un contexte économique déjà fragile.

La prévention des incendies, un enjeu crucial pour Antananarivo

Les deux incendies successifs d’Ankorondrano Ouest et d’Ankorondrano Est soulignent la vulnérabilité d’Antananarivo face aux risques d’incendie. Dans une capitale marquée par la densité de sa population et la précarité des infrastructures, les installations domestiques mal sécurisées et les constructions en matériaux inflammables représentent une menace constante.

Les autorités locales reconnaissent la nécessité de renforcer les dispositifs de prévention, notamment à travers la sensibilisation des habitants sur les risques liés à l’utilisation de réchauds à charbon et d’appareils électriques défectueux. Les quartiers comme Tsaramasay, où les maisons sont construites à proximité les unes des autres, sont particulièrement exposés.

Les sapeurs-pompiers de la Commune Urbaine d’Antananarivo plaident depuis plusieurs années pour un renforcement des moyens matériels et humains. Les effectifs actuels peinent à couvrir efficacement les nombreux fokontany de la capitale. Le manque d’accès aux zones sinistrées, souvent en raison de ruelles étroites, complique encore davantage les interventions.

Des projets de modernisation du service de secours ont été évoqués, mais leur mise en œuvre reste limitée par des contraintes budgétaires. En attendant, la prévention demeure la première ligne de défense. Les campagnes d’information sur les gestes à adopter en cas d’incendie, la création de points d’eau d’urgence dans les quartiers et la formation des comités locaux de sécurité pourraient contribuer à réduire les risques.

Les événements du 25 et 26 octobre rappellent tragiquement que chaque minute compte en cas d’incendie et que la sécurité urbaine reste un défi majeur pour Antananarivo.

Ces deux sinistres, survenus à quelques heures d’intervalle, mettent en lumière la fragilité des infrastructures et l’urgence d’une politique publique de prévention renforcée. Pour les habitants de Tsaramasay et d’Ankorondrano, la reconstruction prendra du temps, mais la solidarité qui s’est manifestée dans les heures qui ont suivi le drame laisse entrevoir une résilience remarquable.

La capitale malgache, confrontée à une urbanisation rapide et souvent anarchique, devra tirer les leçons de ces tragédies pour protéger à l’avenir ses populations les plus exposées.

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