La capitale géorgienne, Tbilissi, a été le théâtre d'une grande démonstration de force du gouvernement, appuyée par l'Église orthodoxe, lors de la "Journée de la Pureté de la Famille". Cet événement vise à répondre aux récentes manifestations contre le projet de loi sur "l'influence étrangère".
Vendredi 17 mai, Tbilissi a connu une atmosphère radicalement différente de celle des semaines précédentes. Au lieu des sifflets et des cris de protestation, la ville a résonné de chants liturgiques et polyphoniques. La foule, composée majoritairement de familles, de personnes âgées et de prêtres, a remplacé les jeunes manifestants qui avaient envahi les rues pour dénoncer le projet de loi controversé sur "l'influence étrangère". Ce projet, adopté au Parlement le 14 mai, a suscité une vive opposition, accusé de restreindre les activités des organisations non gouvernementales (ONG) et des médias financés par des fonds étrangers.
La Journée de la Pureté de la Famille : un événement stratégique
Organisée à l'initiative de l'Église orthodoxe géorgienne, la "Journée de la Pureté de la Famille" vise à promouvoir les valeurs dites "traditionnelles" dans cette ex-république soviétique du Caucase. Des dizaines de milliers de Géorgiens ont afflué vers la capitale dès le matin pour participer à cet événement. Pour le gouvernement, il s'agit également d'une occasion de montrer sa force et de répondre symboliquement aux manifestations anti-gouvernementales.
Un contexte politique tendu
La Géorgie traverse une période de tensions politiques intenses. Le projet de loi sur "l'influence étrangère", qui oblige les organisations recevant plus de 20% de leurs financements de l'étranger à s'enregistrer en tant qu'"agents étrangers", a été perçu par de nombreux Géorgiens comme une tentative de museler la société civile et les médias indépendants. Les manifestations qui ont éclaté après l'adoption du projet de loi ont rassemblé des milliers de personnes devant le Parlement, exigeant son retrait.
L'Église orthodoxe : un allié stratégique
L'Église orthodoxe géorgienne, une institution influente dans le pays, a joué un rôle clé dans l'organisation de la "Journée de la Pureté de la Famille". En soutenant cet événement, le gouvernement cherche à s'appuyer sur l'autorité morale de l'Église pour renforcer sa position. Cette alliance stratégique permet au pouvoir de mobiliser un large soutien populaire autour des valeurs traditionnelles et de détourner l'attention des critiques concernant le projet de loi.
Des valeurs traditionnelles mises en avant
Les participants à la "Journée de la Pureté de la Famille" ont défilé dans les rues de Tbilissi en brandissant des drapeaux géorgiens et des pancartes prônant les valeurs familiales et la tradition. Des discours prononcés par des leaders religieux et politiques ont souligné l'importance de préserver l'identité culturelle et les valeurs traditionnelles de la Géorgie face à ce qu'ils perçoivent comme une influence étrangère néfaste.
Réactions des opposants
Les opposants au gouvernement n'ont pas tardé à réagir à cette démonstration de force. Les militants et les défenseurs des droits de l'homme dénoncent une instrumentalisation des valeurs religieuses et traditionnelles pour justifier des politiques restrictives. Ils estiment que le projet de loi sur "l'influence étrangère" menace la liberté d'expression et l'indépendance des ONG et des médias, essentiels pour une démocratie saine.
L'avenir du projet de loi
Alors que la "Journée de la Pureté de la Famille" se voulait un moment de célébration et de réaffirmation des valeurs traditionnelles, elle n'a pas suffi à apaiser les tensions politiques. Les manifestations contre le projet de loi sur "l'influence étrangère" se poursuivent, et la pression sur le gouvernement reste forte. La communauté internationale surveille également de près l'évolution de la situation en Géorgie, préoccupée par les implications de cette législation.
La "Journée de la Pureté de la Famille" à Tbilissi a permis au gouvernement géorgien de démontrer sa force et son appui à des valeurs traditionnelles, soutenu par l'Église orthodoxe. Cependant, les tensions autour du projet de loi sur "l'influence étrangère" demeurent vives, et les manifestations persistent. La situation en Géorgie reste incertaine, avec un avenir politique encore indéfini.