En Guinée, la junte fait fermer les principales chaînes de télévision et radios privées du pays
- Ravoavahy Raharimalala
- 24 mai 2024
- 3 min de lecture
En Guinée, la fermeture soudaine des principales chaînes de télévision et radios privées par la junte au pouvoir marque une nouvelle étape dans la restriction des libertés. Cette décision intervient après l'annonce par le Premier ministre de la prolongation de la période de transition au-delà de 2024. Le paysage médiatique guinéen se retrouve ainsi fortement impacté, soulevant des préoccupations majeures quant à la liberté d'expression et à l'avenir de la démocratie dans le pays.

Le mercredi 22 mai, plusieurs médias privés ont cessé d'émettre suite à l'intervention de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) et d'un huissier de justice. Espace TV, une chaîne de télévision fondée il y a dix-sept ans, a été parmi les premières à être visée. La fermeture a été justifiée par le non-respect supposé des « cahiers de charges » imposés par le ministère de l'Information et de la Communication.
Les médias ciblés
Trois groupes médiatiques ont été spécifiquement ciblés par cette mesure : Hadafo Médias, qui inclut Espace TV, ainsi que Fréquence Médias et Djoma Médias. En tout, six stations de radio et de télévision, parmi les plus influentes du pays, ont été réduites au silence. Cette fermeture simultanée a laissé plusieurs centaines de personnes sans emploi et a considérablement restreint la diversité des voix médiatiques en Guinée.
Réactions et conséquences
La fermeture de ces médias a suscité de vives réactions tant au niveau national qu'international. Les organisations de défense des droits de l'homme et les associations de journalistes ont dénoncé cette décision comme une atteinte grave à la liberté de la presse et à la liberté d'expression. Amnesty International a notamment exprimé ses préoccupations, appelant à la réouverture immédiate des médias fermés et à la protection des journalistes.
Impact sur la liberté d'expression
La fermeture de ces médias représente un coup dur pour la liberté d'expression en Guinée. Les chaînes et radios concernées étaient parmi les plus regardées et écoutées du pays, jouant un rôle crucial dans l'information et la mobilisation de l'opinion publique. Leur silence forcé réduit la pluralité des voix et des opinions, essentielle à une démocratie en bonne santé. Cette situation rappelle les défis constants auxquels sont confrontés les journalistes en Guinée, souvent soumis à des pressions et des menaces.
La transition politique en question
La fermeture des médias intervient dans un contexte politique déjà tendu. Depuis la prise de pouvoir par les militaires en septembre 2021, la Guinée est en période de transition. Le Premier ministre a récemment annoncé que cette transition serait prolongée au-delà de 2024, une décision qui a suscité des inquiétudes quant à la véritable volonté des militaires de céder le pouvoir. Cette prolongation perçue comme une manœuvre pour consolider leur contrôle soulève des questions sur la feuille de route vers un retour à un régime civil démocratique.
Réactions de la Société Civile
Les organisations de la société civile en Guinée ont rapidement réagi à la fermeture des médias, organisant des manifestations et des campagnes de sensibilisation pour dénoncer cette atteinte aux libertés fondamentales. Elles exigent la réouverture des médias fermés et appellent à une mobilisation pour défendre la liberté d'expression. La communauté internationale est également sollicitée pour faire pression sur la junte afin de garantir un environnement médiatique libre et équitable.
Perspectives d'avenir
L'avenir des médias en Guinée semble incertain. Les journalistes et les organes de presse sont confrontés à une période de répression accrue, et la liberté de la presse est en péril. La mobilisation de la société civile et des organisations internationales sera cruciale pour tenter de rétablir une certaine normalité. La Guinée doit trouver un équilibre entre sécurité et liberté, garantissant que la transition politique ne serve pas de prétexte à la suppression des droits fondamentaux.
La fermeture des principales chaînes de télévision et radios privées en Guinée par la junte marque un tournant préoccupant dans la restriction des libertés. Cette mesure, justifiée par des raisons administratives discutables, soulève des questions sur l'avenir de la démocratie et de la liberté d'expression dans le pays. La communauté nationale et internationale doit se mobiliser pour défendre ces droits essentiels et garantir que la Guinée puisse évoluer vers un régime plus ouvert et démocratique.