Extraction illégale à Mananjary : cinq étrangers arrêtés lors d’une descente de la Police des Mines
- TAHINISOA Ursulà Marcelle

- il y a 4 jours
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L’exploitation clandestine des ressources minières continue de représenter un défi majeur pour les autorités malgaches, confrontées à un phénomène multiforme mêlant irrégularités administratives, extraction illégale et atteintes au patrimoine national. Le 10 novembre 2025, une nouvelle opération a été menée par la Police des Mines dans la commune de Morafeno, district de Mananjary, à la suite d’informations faisant état d’activités minières suspectes sur un site d’extraction d’or. Cette descente, organisée dans le cadre des missions de la Direction de la Police des Mines du Ministère des Ressources Minières, a conduit à l’appréhension de cinq ressortissants chinois en situation irrégulière, présents sur un site dépourvu de toute autorisation légale. Leur arrestation illustre la volonté des autorités de renforcer les contrôles et de lutter efficacement contre l’exploitation clandestine, tout en rappelant l’importance stratégique des ressources naturelles pour le pays.

Contexte institutionnel et missions de la Police des Mines
La présence de la Police des Mines à Morafeno s’inscrit dans une logique institutionnelle précise, portée par la Direction de la Police des Mines, organe opérationnel placé sous la tutelle du Ministère des Ressources Minières. Cette direction a pour mandat d’assurer le contrôle des activités liées aux ressources minières sur l’ensemble du territoire malgache. Ses missions incluent la surveillance des sites d’extraction, l’identification des infractions, la poursuite des exploitants clandestins, ainsi que la prévention des dommages environnementaux pouvant résulter d’une exploitation non réglementée.
L’exploitation minière, qu’elle soit artisanale ou industrielle, requiert l’obtention de plusieurs autorisations, notamment des documents d’agrément, des permis de recherche ou des permis d’exploitation délivrés par l’État. Ces démarches administratives visent à garantir une exploitation durable, transparente et conforme aux lois en vigueur. Toutefois, les autorités sont régulièrement confrontées à des activités clandestines, menées en marge des réglementations. De telles pratiques privent l’État de ressources importantes, compromettent la gestion durable des mines et fragilisent les écosystèmes environnants.
La descente menée à Morafeno le 10 novembre 2025 témoigne de la volonté du ministère de renforcer sa présence sur le terrain. Elle s’inscrit dans une série d’opérations destinées à dissuader les contrevenants, à assainir le secteur et à rappeler l’importance du respect des lois. Les équipes de contrôle interviennent souvent dans des zones reculées, où l’accès est difficile, et où les exploitants clandestins pensent pouvoir agir en toute discrétion. Leur rôle consiste également à vérifier la régularité du personnel présent sur les sites, les conditions de travail, ainsi que les équipements utilisés.
Déroulement de la descente à Morafeno et arrestation des cinq ressortissants chinois
L’opération de Morafeno a été réalisée à la suite de soupçons autour de la présence d’un site d’extraction d’or ne disposant d’aucune autorisation officielle. Les équipes de la Police des Mines se sont rendues sur place pour procéder à une vérification de routine, conformément aux missions qui leur sont attribuées. Lors de cette intervention, les agents ont découvert cinq individus de nationalité chinoise en pleine activité sur le site.
Les contrôles d’identité et de documents légaux ont révélé plusieurs irrégularités majeures. D’une part, aucun des cinq ressortissants chinois n’était en mesure de présenter un passeport ou un document de séjour valide. Cette absence de pièces justificatives a immédiatement confirmé qu’ils se trouvaient à Madagascar en violation des règles relatives à l’entrée et au séjour des étrangers. D’autre part, aucune autorisation officielle ne leur avait été délivrée pour procéder à l’exploitation de l’or sur le site de Morafeno.
La présence simultanée de plusieurs irrégularités, tant sur le plan administratif que sur le plan réglementaire, a conduit les agents à procéder immédiatement à leur arrestation. Les cinq individus ont été appréhendés sur le site même et emmenés pour être placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête ouverte par la Police des Mines. Cette intervention a permis de mettre un terme temporaire à l’activité clandestine identifiée sur ce terrain et d’empêcher d’éventuels dommages supplémentaires.
Les opérations de ce type nécessitent une coordination étroite entre les différents services concernés. Dans le cas de Morafeno, la Police des Mines a agi en étroite collaboration avec les autorités locales du district de Mananjary. Les responsables du ministère ont souligné l’importance d’une telle coopération pour garantir des interventions rapides et efficaces, notamment dans des régions où les activités illégales peuvent se multiplier à l’insu des structures centrales. Il est également à noter que l’arrestation de ressortissants étrangers souligne l’existence de réseaux transnationaux impliqués dans l’exploitation minière illégale, ce qui complexifie davantage les enquêtes.
L’exploitation clandestine : un phénomène persistant dans les zones aurifères
Le district de Mananjary, comme plusieurs autres régions de Madagascar, est connu pour abriter des zones aurifères attirant des exploitants de différents horizons. L’or représente une ressource convoitée, tant pour sa valeur économique que pour la facilité relative avec laquelle il peut être extrait dans certaines zones. Cette conjoncture attire non seulement des exploitants artisanaux locaux, mais aussi des individus ou des groupes étrangers qui tentent de se livrer à cette activité sans respecter la législation.
L’exploitation clandestine constitue un phénomène préoccupant à plusieurs niveaux. Sur le plan économique, elle prive l’État de recettes importantes issues des taxes, redevances et autorisations officielles. L’absence de contrôle rend impossible toute traçabilité de la production réelle, ce qui fausse les estimations nationales et fragilise les politiques de gestion minière. Sur le plan social, ces activités peuvent entraîner des conflits entre exploitants locaux et étrangers, créer des tensions dans les communautés et favoriser l’apparition de réseaux clandestins opérant dans l’ombre des autorités.
Sur le plan environnemental, les dommages causés par une exploitation non réglementée sont souvent considérables. L’extraction aurifère, qu’elle soit artisanale ou mécanisée, implique le déplacement de sols, le creusement de fosses, la manipulation de sédiments et parfois l’usage de produits pouvant contaminer les eaux environnantes. Sans supervision, ces pratiques peuvent dégrader les terres, affecter la biodiversité et perturber les activités agricoles ou la vie quotidienne des habitants. Les zones aurifères sont parfois situées à proximité de cours d’eau, augmentant les risques de pollution et d’impact écologique.
L’opération de Morafeno vient rappeler l’importance du rôle de l’État dans la régulation du secteur minier. Les autorités malgaches ont affirmé à plusieurs reprises leur engagement à intensifier la surveillance des sites sensibles, notamment dans les régions où l’or est extrait clandestinement. Les arrestations réalisées montrent que des ressortissants étrangers participent également à ces activités illégales, ce qui nécessite une vigilance accrue et des mécanismes de contrôle renforcés aux niveaux régional et national.
Enjeux sécuritaires et administratifs soulevés par l’absence de documents légaux
L’absence de documents de séjour et de passeports chez les cinq ressortissants chinois appréhendés à Morafeno soulève d’importantes questions liées à la sécurité, au contrôle des frontières et à l’application des lois relatives au séjour des étrangers. La présence d’individus sans identification constitue un risque majeur, tant pour la sécurité nationale que pour la capacité des autorités à retracer les responsabilités en cas d’infractions.
Sur le plan administratif, cette situation met en évidence les défis auxquels le pays est confronté en matière de gestion des flux migratoires. Les autorités chargées du contrôle aux frontières doivent composer avec des routes de circulation parfois difficiles à surveiller, en particulier dans les zones éloignées ou rurales. La découverte de ressortissants étrangers dépourvus de tout document laisse penser que certaines filières d’immigration irrégulière peuvent contourner les dispositifs officiels et trouver des points d’entrée non contrôlés.
L’absence de permis ou d’autorisation d’exploitation est un autre volet crucial de l’affaire. La loi malgache est claire : aucune extraction de ressources minières ne peut être réalisée sans l’obtention préalable d’un document légal délivré par les autorités compétentes. Ces documents permettent de s’assurer que l’activité est menée dans le respect des normes environnementales, fiscales et sociales. Ils garantissent également la transparence du secteur, un enjeu essentiel pour un pays qui souhaite valoriser durablement ses richesses naturelles.
La détection d’un site d’extraction d’or sans autorisation met en lumière les risques que représente l’exploitation clandestine pour la gestion des ressources du pays. Outre la perte potentielle de revenus pour l’État, une telle activité échappe à tout contrôle technique, ce qui peut faciliter l’utilisation de méthodes dangereuses ou l’installation d’équipements non conformes. L’exploitation illégale, souvent menée dans la précipitation ou dans des conditions de sécurité insuffisantes, expose également les travailleurs à des risques d’accidents ou de maladies liés aux manipulations de matériaux ou aux effondrements éventuels des galeries.
Portée de l’opération et perspectives pour la lutte contre l’exploitation illégale
L’opération menée le 10 novembre 2025 à Morafeno constitue un signal fort envoyé à tous les acteurs impliqués dans l’exploitation illégale des ressources minières. Les autorités ont montré leur détermination à intervenir de manière rapide et ferme face à des situations d’infraction flagrante. L’arrestation de cinq ressortissants étrangers constitue un élément important de cette dynamique, notamment parce qu’elle rappelle que les activités clandestines ne concernent pas uniquement des acteurs locaux.
Cette descente sur terrain s’inscrit dans un effort plus global destiné à renforcer la transparence du secteur minier. Le Ministère des Ressources Minières a souvent souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes de contrôle renforcés, d’améliorer la coopération avec les collectivités locales et d’impliquer davantage les communautés dans la protection de leurs ressources. L’objectif est de faire reculer progressivement les exploitations illégales, souvent organisées par des réseaux profitant des faiblesses structurelles du système de surveillance.
Les autorités ont également confirmé que la lutte contre l’exploitation clandestine ne se limite pas à des interventions ponctuelles. Elle s’étend à un travail de fond visant à moderniser les textes réglementaires, à améliorer la délivrance des permis et à mettre en œuvre une politique de gestion plus intégrée des sites miniers. La sensibilisation des communautés locales joue un rôle important dans cette démarche. Les habitants, souvent les premiers témoins d’activités suspectes, peuvent contribuer à signaler les irrégularités et ainsi participer à la préservation de leurs ressources naturelles.
L’opération de Morafeno rappelle aussi la nécessité de renforcer les capacités techniques et logistiques de la Police des Mines. Les zones minières étant parfois situées dans des régions difficiles d’accès, les équipes doivent disposer des moyens nécessaires pour intervenir rapidement et efficacement. Les descentes de ce type exigent non seulement une préparation opérationnelle, mais aussi une connaissance approfondie du terrain et des mécanismes d’infraction utilisés par les exploitants illégaux.
À plus long terme, les arrestations effectuées à Morafeno constituent une opportunité pour les autorités d’approfondir les enquêtes et d’identifier d’éventuelles filières ou complicités derrière la présence des cinq ressortissants chinois sur le site. Comprendre comment ces individus sont arrivés sur le territoire, quels réseaux ont facilité leur installation et comment ils ont pu accéder au site est essentiel pour prévenir de nouveaux cas similaires. L’objectif final reste de garantir une exploitation légale, durable et transparente des ressources minières du pays.


