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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Fausse monnaie à Madagascar : trois interpellations et de grosses saisies en une journée

La soirée du 2 décembre 2025 a marqué un nouveau tournant dans la lutte contre la circulation de faux billets à Madagascar. À Toamasina comme à Manakara, plusieurs interpellations menées par la Police nationale ont permis de mettre la main sur des sommes importantes en billets de 20 000 Ariary contrefaits. Trois hommes, soupçonnés d’être à la fois faussaires et diffuseurs, ont été arrêtés dans deux régions éloignées l’une de l’autre mais liées par un même type de fraude, un même mode opératoire et une même volonté apparente d’exploiter la confiance du commerce quotidien. Les faits, concentrés sur une seule journée, révèlent une organisation qui touche à la fois les centres urbains et les zones côtières, et qui vise en priorité les commerçants. Cette série d’opérations policières rappelle la fragilité de l’économie de proximité face à la fausse monnaie et la nécessité d’une vigilance permanente, tant du côté des forces de l’ordre que de la population.


Les trois faussaires arrêtés
Les trois faussaires arrêtés

Des arrestations coordonnées dans deux villes côtières


À Toamasina, c’est au cœur de Bazary Kely, dans le périmètre du Commissariat du 2e arrondissement, que les policiers ont procédé à l’arrestation de deux hommes âgés de 30 et 40 ans dans la soirée du 2 décembre 2025. La scène se déroule dans un espace commercial dense, où les échanges se font souvent rapidement, au rythme des transactions de fin de journée. Les deux suspects sont accusés d’avoir utilisé des billets de 20 000 Ariary contrefaits pour tromper des commerçants. Le choix du lieu n’a rien d’anodin : un marché, par définition, repose sur des échanges courts, parfois effectués dans l’urgence ou sous pression, ce qui rend la détection des anomalies plus difficile. Dans ce type d’environnement, le faux billet peut circuler longtemps avant d’être identifié, et l’auteur d’une fraude a toutes les chances de disparaître dans la foule.


L’interpellation n’a pas été un simple contrôle de routine. Elle s’inscrit dans un cadre plus large d’observation et de lutte contre la diffusion de fausse monnaie. Si le détail de l’enquête préalable n’est pas connu, l’arrestation en pleine zone marchande suggère l’existence d’indices suffisamment concrets pour intervenir au bon moment. Une fois les suspects maîtrisés, la police a poursuivi l’opération par une perquisition à leur domicile. Ce prolongement est un élément clé : il ne s’agissait pas seulement d’arrêter des individus pris sur le fait, mais de remonter le fil de la fraude jusqu’à ses relais matériels.


Dans la même journée, à Manakara, un troisième homme a été arrêté. Âgé de 59 ans, il a été interpellé par les policiers de la SRPJ Fitovinagny le 2 décembre 2025 dans l’après-midi. L’intervention s’est déroulée dans une maison d’hôtes située à Tanambao, Manakara. Là encore, le contexte du lieu est révélateur. Une maison d’hôtes est un espace de passage, où la présence prolongée d’un individu peut paraître banale, mais où la mobilité facilite aussi certaines activités clandestines. Le suspect a été retrouvé en possession d’un sac contenant des faux billets de 20 000 Ariary pour une valeur totale de 12 840 000 Ariary.


Ces deux opérations, réalisées dans un intervalle de quelques heures, se répondent comme les pièces d’un même puzzle. Deux villes, deux dispositifs policiers, trois suspects, et un même type de billet contrefait. Sans avancer d’hypothèse sur une coordination entre les groupes, la simultanéité et la similitude des saisies donnent l’impression d’un phénomène plus vaste que des cas isolés. Le fait que l’action se répartisse entre un commissariat urbain et une brigade régionale montre aussi l’ampleur de la vigilance mobilisée sur le terrain.


Le billet de 20 000 Ariary au centre de la fraude


Un élément commun ressort clairement : dans les deux affaires, les suspects ont utilisé ou détenu des billets de 20 000 Ariary contrefaits. Le choix de cette coupure révèle une stratégie. Un billet de cette valeur est suffisamment élevé pour représenter un gain notable à chaque transaction frauduleuse, mais suffisamment courant dans la vie commerciale pour ne pas alerter immédiatement. C’est une monnaie de l’ordinaire, celle des achats significatifs mais fréquents, une coupure que les commerces acceptent sans surprise. Ce caractère quotidien en fait une cible idéale pour une opération de fausse monnaie.


À Toamasina, les deux hommes écoulaient ces billets dans les échanges traditionnels, en trompant des commerçants. Le terme “écouler” suggère une diffusion active, une circulation volontaire et répétée, et non une simple possession. Les suspects utilisaient donc la dynamique même du commerce pour introduire les faux billets. Chaque achat devenait un vecteur, chaque transaction un relais. Le faux billet, une fois accepté, se mêle aux recettes du jour, puis est réutilisé à son tour par un commerçant, ou déposé dans un circuit qui n’en détecte pas la nature. La fraude, dans ce mécanisme, ne produit pas seulement un préjudice immédiat : elle s’étend comme une tache d’huile.


La saisie effectuée à leur domicile renforce l’idée d’une diffusion planifiée. La police a découvert une valeur totale de 2 400 000 Ariary en fausse monnaie supplémentaire. Cette somme indique un stock, un “réservoir” prêt à être injecté dans le circuit commercial. Les suspects ne se limitaient pas à une tentative ponctuelle. Ils semblaient disposer de ressources suffisantes pour multiplier les transactions, peut-être sur plusieurs jours, plusieurs quartiers, voire plusieurs marchés. La perquisition révèle ainsi le rôle central du domicile comme point de stockage, voire comme étape dans une chaîne plus large.


À Manakara, la situation est différente dans la forme mais similaire dans le fond. Le suspect interpellé n’a pas été arrêté en flagrant achat dans un marché, mais en possession d’un sac de faux billets. Le montant total, 12 840 000 Ariary, est nettement supérieur à celui découvert à Toamasina. Cette différence de volume peut signifier une plus grande implication dans la chaîne de fausse monnaie. Un sac rempli de billets, dans une maison d’hôtes, évoque une étape préparatoire, un lieu de transit, ou une attente avant diffusion. L’individu de 59 ans pourrait ainsi être en position de transporteur, de distributeur, ou de relais entre une source et des points de circulation. Là encore, rien n’est affirmé sur son rôle exact au-delà de la possession, mais le volume détenu suffit à donner la mesure du risque.


Le billet de 20 000 Ariary apparaît donc comme le pivot de cette fraude. Son usage répété dans les cas observés montre que les faussaires cherchent à insérer leurs productions là où elles sont le moins visibles et le plus facilement acceptées. Le danger n’est pas uniquement lié à la valeur des sommes, mais à la capacité de ces billets à contaminer le quotidien. C’est l’économie ordinaire, celle des échanges directs et de la confiance, qui se trouve menacée.


Les montants saisis, indicateurs d’un trafic en expansion


Les chiffres communiqués par la police font office de révélateurs. À Toamasina, la somme totale découverte lors de la perquisition atteint 2 400 000 Ariary en faux billets. À Manakara, le sac saisi contenait l’équivalent de 12 840 000 Ariary. Pris séparément, ces montants montrent déjà une activité significative. Ensemble, ils dessinent un tableau plus alarmant : en une seule journée, les forces de l’ordre ont intercepté des faux billets pour une valeur cumulée de 15 240 000 Ariary.


Ces montants ne représentent pas seulement un préjudice potentiel. Ils reflètent l’intensité de la production et de la diffusion. Une fraude à petite échelle s’accommode de quelques billets. Or ici, on parle de millions d’Ariary. À Toamasina, ce stock aurait permis de mener des dizaines, voire des centaines de transactions de moindre force, réparties dans les commerces. À Manakara, le volume laisse imaginer une série plus large encore d’opérations à venir. Une somme de 12 840 000 Ariary en billets de 20 000 Ariary correspond à un nombre important de coupures, donc à un temps de préparation et à un objectif de diffusion soutenu.


La différence entre les deux saisies interroge aussi sur l’organisation potentielle. Les deux hommes de Toamasina, plus jeunes, semblent avoir été pris en situation d’écoulement direct. Ils agissaient au contact immédiat du commerce. Leur stock domestique, sans être négligeable, demeure relativement limité. Le suspect de Manakara, plus âgé, se trouvait avec un ensemble beaucoup plus volumineux, dans un lieu de passage. Ce contraste peut illustrer une distribution en plusieurs niveaux : certains individus seraient chargés de faire circuler de plus petites quantités sur les marchés, tandis que d’autres conserveraient des stocks plus importants, à déplacer selon les besoins. Cette lecture reste prudente, mais les chiffres donnent au minimum l’idée d’une diversification des rôles.


La saisie d’une telle masse de faux billets a un double effet. D’une part, elle protège le circuit économique en retirant de la circulation une quantité considérable de monnaie contrefaite. D’autre part, elle offre aux enquêteurs des éléments matériels concrets : coupures similaires, mêmes valeurs faciales, mêmes supports. Même sans entrer dans les détails techniques, ces pièces à conviction permettront d’établir des liens, d’identifier des patterns, et de mieux comprendre l’origine des billets.


Il faut également souligner le potentiel d’impact psychologique de ces chiffres dans la population. Lorsqu’un commerçant apprend que des millions d’Ariary de faux billets circulent dans sa ville, la confiance dans les transactions peut vaciller. L’économie de proximité fonctionne sur la rapidité et la familiarité. Si le doute s’installe sur la monnaie reçue, chaque échange devient plus lent, plus méfiant, et donc plus difficile. Les montants saisis sont ainsi les signes visibles d’un problème qui, s’il échappe au contrôle, peut mettre en tension la vie commerciale.


Les commerçants en première ligne, la vigilance comme rempart


Les affaires de Toamasina et de Manakara mettent en lumière un point central : ce sont les commerçants qui constituent la première barrière contre la fausse monnaie, mais aussi ses premières victimes. À Toamasina, les deux suspects utilisaient les faux billets pour tromper directement des vendeurs. L’acte de fraude repose sur un déséquilibre : un individu introduit un billet contrefait, obtient en contrepartie des biens ou de la monnaie réelle, et laisse au commerçant la charge de la perte. Dans la majorité des cas, c’est le vendeur qui découvre la supercherie, tardivement, et qui assume seul les conséquences.


Les marchés et les petits commerces sont des lieux où l’attention se porte sur plusieurs tâches en même temps : servir le client, surveiller l’étal, gérer la monnaie, répondre rapidement à la demande, parfois même dans un environnement bruyant ou encombré. Dans ce contexte, la fausse monnaie prospère sur la pression et la fatigue. Les faussaires le savent. Le choix du billet de 20 000 Ariary, la pratique de l’écoulement en soirée, dans une zone très fréquentée, montrent l’exploitation d’un moment où la vigilance peut être naturellement plus faible.


Les commerçants ne disposent pas toujours d’outils de vérification. La détection repose alors sur l’expérience, la connaissance de l’aspect réel des billets, et l’attention aux détails. Cela demande du temps et de la concentration, deux ressources rares dans un marché vivant. Pourtant, c’est justement ce type de vigilance quotidienne qui peut empêcher la circulation d’un faux billet. Un vendeur qui refuse un billet suspect bloque la chaîne dès son départ.


Les opérations policières montrent que la Police nationale se mobilise activement contre ce phénomène. À Toamasina, le Commissariat du 2e arrondissement est intervenu directement dans le marché. À Manakara, la SRPJ Fitovinagny a procédé à une interpellation ciblée. Ces interventions envoient un message clair : la lutte contre la fausse monnaie ne se limite pas à constater les effets mais cherche à remonter aux sources, à traquer les diffuseurs et à neutraliser les stocks.


Cette mobilisation, cependant, ne peut être pleinement efficace que si elle s’accompagne d’une collaboration avec le terrain. Les commerçants, par leurs signalements, leurs alertes et leur capacité à reconnaître des anomalies, participent de fait à la détection. Rien dans les faits rapportés ne permet de dire comment ces arrestations ont été rendues possibles, mais l’existence d’une lutte active suppose un lien entre les forces de l’ordre et les réalités locales. La prévention et la répression se répondent : la police arrête, le commerce reste vigilant, et la chaîne de fraude se fragilise.


Le cas de Manakara rappelle aussi un autre enjeu : la fausse monnaie ne circule pas seulement dans les lieux d’échange visibles. Elle transite, elle se cache, elle attend. Une maison d’hôtes peut sembler un endroit neutre, mais elle peut aussi servir de point de passage. Cette dimension oblige la vigilance à sortir du cadre strict des marchés. La lutte se joue aussi dans les lieux d’hébergement, les déplacements, les contrôles, et l’attention à certaines présences inhabituelles.


Au final, la protection contre la fausse monnaie ne relève pas d’un seul acteur. Les commerçants sont en première ligne, la police joue le rôle de rempart institutionnel, et la population dans son ensemble doit être consciente du risque. La fraude s’appuie sur l’oubli et l’habitude ; elle recule devant l’attention collective.


Une lutte policière affirmée et des questions ouvertes


Les événements du 2 décembre 2025 montrent une volonté explicite de la Police nationale de lutter contre la diffusion de fausse monnaie. Cette lutte se manifeste de manière concrète, par des arrestations sur le terrain, des perquisitions, et la saisie de billets contrefaits. La communication autour de ces opérations insiste sur l’axe prioritaire : empêcher la propagation de faux billets et démanteler les réseaux qui les alimentent.


L’arrestation des deux hommes à Bazary Kely, suivie de la perquisition à leur domicile, illustre une méthode d’action complète. Il ne s’agit pas seulement de stopper un délit en cours, mais de saisir ce qui l’alimente, c’est-à-dire le stock. Le fait que la perquisition ait permis de découvrir une somme supplémentaire de 2 400 000 Ariary en faux billets confirme l’importance de fouiller au-delà de l’instant. Une intervention limitée au marché aurait laissé une partie de la fraude dormante, prête à reprendre. Ce prolongement montre une stratégie tournée vers la neutralisation durable.


L’interpellation de Manakara, menée par la SRPJ Fitovinagny dans une maison d’hôtes, met en valeur l’autre versant de la lutte : le renseignement territorial et l’intervention ciblée. La présence d’un individu de 59 ans dans un lieu d’hébergement, avec un sac de faux billets de 12 840 000 Ariary, suggère une surveillance attentive et un repérage. L’opération, effectuée dans l’après-midi, montre que la lutte ne s’arrête pas aux heures de grande affluence ; elle s’étend dans le temps et dans l’espace.


Ces actions posent toutefois des questions qui restent ouvertes au regard des seuls faits rapportés. D’où viennent ces billets ? S’agit-il d’une même source ou de productions distinctes ? Existe-t-il un réseau reliant Toamasina et Manakara, ou deux circuits parallèles ? Quel rôle jouaient précisément les suspects dans la chaîne de fabrication et de diffusion ? Les deux jeunes hommes étaient-ils simplement des diffuseurs, ou avaient-ils accès à un stock produit ailleurs ? L’homme de 59 ans détenait-il ce sac pour le distribuer, pour le transporter, ou pour une autre étape ? Les réponses appartiennent à l’enquête, et elles ne sont pas indiquées ici. Mais le volume des billets saisis et la simultanéité des arrestations montrent que les autorités ont devant elles une affaire dont l’ampleur dépasse le simple incident.


La lutte contre la fausse monnaie est, par nature, une course entre adaptation et contrôle. Chaque arrestation coupe un maillon, mais les circuits peuvent se reconstituer si les causes profondes restent actives : la facilité de diffusion, la faiblesse de la détection dans certains lieux, la mobilité des diffuseurs. Les opérations du 2 décembre 2025 démontrent une réponse forte, mais elles rappellent aussi que la vigilance doit être continue.


Le message envoyé par ces arrestations est clair : la fausse monnaie n’est pas tolérée et elle fait l’objet d’un suivi actif. En neutralisant trois suspects et en saisissant plus de quinze millions d’Ariary en faux billets, la Police nationale a infligé un coup direct aux circuits clandestins. Il appartient désormais à l’enquête de préciser les responsabilités et de remonter, si possible, vers l’origine des billets.


En attendant, les faits du jour s’imposent comme un avertissement. Le commerce reste la cible privilégiée de ce type de fraude, et la société toute entière en porte le risque. À Toamasina comme à Manakara, la mobilisation a permis de stopper une diffusion en cours et d’éviter une propagation annoncée. Le 2 décembre 2025 restera comme la date où deux villes ont vu, en même temps, la fausse monnaie reculer sous le poids des interpellations. Mais il restera aussi comme la date où chacun a pu mesurer la réalité d’une menace qui se glisse dans les gestes les plus simples de la vie quotidienne.

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