La découverte d'une grosse fissure sur un réacteur de la centrale de Penly en Normandie crée une nouvelle difficulté pour EDF sur son parc nucléaire français, alors que la « corrosion sous contrainte » avait déjà contraint l'électricien à mettre à l'arrêt plus de réacteurs que prévus et à voir sa production nucléaire chuter en 2022.
La nouvelle fissure découverte sur le réacteur de la centrale de Penly se distingue par sa taille impressionnante. Elle s'étend sur 155 millimètres, soit un quart de la circonférence de la tuyauterie, avec une profondeur maximale de 23 millimètres pour un tuyau d'une épaisseur de 27 millimètres. Selon la directrice générale adjointe de l'IRSN, Karine Herviou, cela dépasse les normes de sûreté acceptables, le risque étant une fuite dans le circuit de refroidissement principal. Cependant, en cas de fuite, l'eau de refroidissement serait faiblement radioactive et il n'y aurait pas d'enjeu en termes de rejets à l'extérieur, mais cela reste à éviter.
La nouvelle fissure découverte sur le réacteur de la centrale de Penly se différencie également de la précédente par sa localisation et sa cause. La fissure a été détectée sur une zone qui n'était pas considérée comme sensible à la corrosion sous contrainte, contrairement à la première fissure qui touchait essentiellement les réacteurs les plus récents et les plus puissants. Cette nouvelle fissure est due à des réparations non conformes effectuées lors de la construction de la centrale. Bernard Doroszczuk, président de l'ASN, a expliqué que des défauts de soudure ont été observés, résultant d'une approche « pas acceptable » qui consistait à forcer les tuyauteries pour les aligner.
EDF est sommé de revoir sa stratégie de vérification après la découverte d'une nouvelle fissure, cette fois de taille inédite et sur une zone différente de celles des microfissures détectées précédemment sur ses réacteurs nucléaires. L'ASN a demandé à EDF de prolonger les arrêts pour étendre les contrôles, mais il ne devrait pas y avoir d'arrêts massifs. Il est encore trop tôt pour déterminer les conséquences sur la production nucléaire, mais la crise des microfissures avait déjà contribué à la chute de la production d'électricité nucléaire l'an dernier, qui a conduit à des pertes record pour EDF.