Hausse de la taxe sur le gasoil : une réforme budgétaire et environnementale prévue pour 2026
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 2 jours
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L’État malgache s’apprête à franchir une nouvelle étape dans la réforme de sa fiscalité énergétique. Selon les dispositions présentées dans le projet de loi de Finances initiale (PLFI) 2026, la Taxe sur les produits pétroliers (TPP) applicable au gasoil devrait connaître une hausse de 25 % dès l’année prochaine. Elle passera ainsi de 228 ariary à 285 ariary par litre. Cette décision, à la fois budgétaire et environnementale, s’inscrit dans une politique d’harmonisation des taxes sur les carburants et dans le cadre d’un engagement pris auprès du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

Une révision majeure de la fiscalité sur le gasoil
L’annonce d’une augmentation de la TPP applicable au gasoil marque un tournant dans la politique fiscale du gouvernement malgache en matière d’énergie. Cette taxe, prélevée sur les importations de produits pétroliers et collectée par l’administration douanière, constitue une source essentielle de recettes publiques.
À partir de 2026, le taux de la TPP sur le gasoil passera de 228 ariary à 285 ariary par litre, soit une hausse de 25 %. Cette mesure a pour objectif premier de renforcer le rendement budgétaire de l’État, dans un contexte où les ressources fiscales demeurent limitées et où les besoins en financement public sont croissants. Le gouvernement souhaite également, par cette mesure, réduire l’écart de taxation entre le gasoil et l’essence, cette dernière étant déjà soumise à une TPP bien plus élevée de 503 ariary par litre.
La révision de la taxe s’inscrit dans une logique de convergence fiscale entre les différents types de carburants. Elle vise à corriger les distorsions existantes, à rationaliser la structure tarifaire et à aligner la fiscalité nationale sur les standards internationaux, où le diesel est souvent plus lourdement taxé en raison de son impact environnemental.
Un engagement pris auprès du FMI dans le cadre de la FRD
Au-delà de la simple volonté d’accroître les recettes fiscales, cette hausse découle d’un engagement formel du gouvernement malgache auprès du Fonds monétaire international (FMI). Dans le cadre du programme de la Facilité de la résilience et de la durabilité (FRD), Madagascar s’est engagé à réformer progressivement la fiscalité sur les produits pétroliers.
Le pays s’est ainsi fixé un objectif : aligner les taxes et redevances applicables au gasoil sur celles de l’essence d’ici à la fin du mois d’octobre 2026. Cette réforme s’inscrit dans un plan plus large de modernisation du cadre fiscal et de soutien à la transition énergétique.
Les autorités malgaches, en concertation avec le FMI, ont reconnu la nécessité d’une fiscalité plus équilibrée et plus cohérente entre les différents carburants. Le maintien d’un écart important entre le diesel et l’essence est perçu comme une anomalie structurelle qui favorise des comportements de consommation défavorables à l’environnement.
Afin de faciliter cette transition, l’État a également obtenu l’appui de la Banque mondiale. Cette dernière s’est engagée à soutenir la préparation et la mise en œuvre de mesures d’atténuation destinées aux groupes les plus vulnérables. Ces mesures concernent en particulier les opérateurs du transport public et les usagers qui dépendent du gasoil pour leurs déplacements quotidiens.
Les motivations économiques et environnementales de la réforme
La décision d’augmenter la TPP sur le gasoil ne répond pas uniquement à une logique budgétaire. Elle s’inscrit aussi dans une stratégie de long terme visant à corriger les effets négatifs du diesel sur la santé et l’environnement.
Le gasoil, bien qu’apprécié pour son coût plus bas et son rendement énergétique élevé, génère des émissions polluantes importantes. Ses particules fines, oxydes d’azote et autres composés nocifs contribuent à la dégradation de la qualité de l’air, en particulier dans les zones urbaines à forte densité de circulation.
En augmentant la taxe sur le gasoil, l’État souhaite internaliser ces externalités négatives, c’est-à-dire faire en sorte que le coût environnemental du diesel soit partiellement pris en charge par les utilisateurs. Cette approche s’inscrit dans le principe du pollueur-payeur, largement adopté au niveau international.
En outre, l’harmonisation de la fiscalité entre le gasoil et l’essence vise à encourager une consommation plus équilibrée et, à terme, à inciter à la transition vers des carburants plus propres ou des alternatives énergétiques plus durables. Cette réforme s’inscrit donc dans une double logique : contribuer à l’assainissement budgétaire et promouvoir des comportements plus respectueux de l’environnement.
Des conséquences possibles pour les consommateurs et le transport public
Si cette réforme se justifie sur le plan économique et écologique, elle risque néanmoins d’avoir un impact direct sur les consommateurs et les secteurs dépendants du gasoil, notamment le transport routier.
Une hausse de 25 % de la TPP entraînera mécaniquement une augmentation du prix à la pompe, sauf si l’État décide d’en amortir une partie à travers des mécanismes de compensation. Cette situation pourrait se traduire par une hausse du coût du transport de marchandises et de personnes, avec un effet en cascade sur les prix des biens de consommation.
Les transporteurs publics, qui utilisent majoritairement le gasoil, figurent parmi les acteurs les plus exposés à cette réforme. C’est pourquoi le gouvernement a pris l’engagement de mettre en place des mesures d’accompagnement en collaboration avec la Banque mondiale. Ces dispositifs devraient permettre de réduire l’impact financier sur les professionnels du transport et sur les usagers.
Les autorités envisagent également d’introduire des politiques ciblées pour soutenir les ménages vulnérables, notamment ceux dont la mobilité dépend des transports publics. L’objectif est d’éviter une aggravation du coût de la vie tout en poursuivant la nécessaire réforme de la fiscalité énergétique.
Une composante essentielle de la structure des prix des carburants
La TPP fait partie d’un ensemble plus large de taxes et redevances qui composent la structure du prix des carburants à Madagascar. En plus de la TPP, plusieurs autres prélèvements viennent s’ajouter au prix final, tels que la redevance pour le fonds environnement, la redevance de l’Office malgache des hydrocarbures (OMH), la redevance allouée au Fonds routier (RER) et la redevance de développement du secteur (RDS).
Actuellement, la TPP s’élève à 503 ariary pour le supercarburant, à 10 ariary pour le pétrole lampant et à 228 ariary pour le gasoil. Avec la hausse prévue à 285 ariary, le diesel restera encore moins taxé que l’essence, mais l’écart commencera à se réduire sensiblement. Cette évolution traduit la volonté du gouvernement de progresser par étapes, tout en évitant un choc brutal sur le marché intérieur.
L’administration douanière, qui assure la collecte de la TPP, jouera un rôle central dans la mise en œuvre de cette réforme. Le renforcement de la transparence dans la structure tarifaire et la rationalisation des prélèvements permettront à l’État de mieux maîtriser ses recettes et d’optimiser la gestion budgétaire liée aux produits pétroliers.
Une réforme progressive mais structurante pour l’avenir
La hausse annoncée de la TPP sur le gasoil ne constitue qu’une étape dans un processus de réforme plus vaste. L’État malgache s’inscrit dans une démarche de moyen terme qui vise à aligner progressivement la taxation du diesel sur celle de l’essence d’ici octobre 2026. Cette stratégie graduelle est essentielle pour éviter un déséquilibre économique ou social, tout en maintenant le cap des engagements pris au niveau international.
À terme, la réforme pourrait contribuer à une meilleure soutenabilité des finances publiques et à une réduction de la dépendance aux subventions énergétiques. En parallèle, elle favorisera une évolution des comportements de consommation, en incitant les usagers à opter pour des carburants moins polluants.
Cette mesure, bien qu’impopulaire à court terme, s’inscrit dans un cadre de responsabilité budgétaire et environnementale. Elle illustre la volonté du gouvernement d’équilibrer les impératifs économiques et les enjeux écologiques, tout en honorant ses engagements auprès des partenaires internationaux.
En définitive, l’augmentation de la TPP sur le gasoil représente bien plus qu’une simple décision fiscale : elle constitue un signal politique fort en faveur d’une transition énergétique maîtrisée et d’une réforme structurelle de la fiscalité nationale.