La politique est un terrain où les retournements de situation, qu'ils soient stratégiques ou impulsifs, sont courants. Mais lorsque le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa, annonce un revirement aussi radical, la scène politique malgache ne peut qu'être ébranlée.
Lors d'un déplacement à la Réunion en août 2023, Herimanana Razafimahefa avait affirmé lors d'une émission télévisée qu'il n'avait pas l'intention de prendre des décisions majeures durant son intérim à la présidence. Cette affirmation semblait consolider la structure du pouvoir à Madagascar. Mais en l’espace d'un mois, le scénario a changé. Razafimahefa a pris une décision inattendue, adressant une lettre à la Haute Cour Constitutionnelle exprimant son désir de ne pas assumer le rôle de chef d'État par intérim pour des "raisons personnelles".
Cet acte est d’autant plus marquant qu'il a été confirmé par un communiqué audiovisuel, un format où l'on peut à la fois voir et entendre l'intéressé. Il n’est pas sans rappeler sa précédente intervention à la Réunion, où sa détermination semblait tout autre.
Le contexte politique de cette renonciation est crucial. Razafimahefa était conscient que le président en poste viserait probablement un second mandat, le plaçant ainsi, selon l'article 46 alinéa 2 de la Constitution, en première position pour assurer l'intérim. Pourtant, il a décidé de renoncer.
La Haute Cour Constitutionnelle, se basant sur l'article 52 de la Constitution, a réagi rapidement. Face à l'empêchement de Razafimahefa, elle a décidé que les fonctions de chef de l'État seraient désormais exercées par un gouvernement collégial. Une telle transition soulève des questions. Herimanana Razafimahefa a-t-il vraiment estimé qu'il n'avait ni la force ni les compétences nécessaires pour assumer les responsabilités de président par intérim ? Ou y avait-il d'autres raisons, peut-être stratégiques, derrière cette décision abrupte ?
Tout cela ressemble à un jeu d'échecs complexe entre des membres influents de la politique malgache, notamment entre Andry Rajoelina, Herimanana Razafimahefa, et Christian Ntsay. Bien que portant les mêmes couleurs politiques, leurs mouvements semblent moins coordonnés qu'il n'y paraît.
En fin de compte, l’action de Razafimahefa remet en question la dynamique du pouvoir à Madagascar. Cette décision inattendue ne manquera pas d'avoir des répercussions à long terme sur la politique malgache, et elle incite à la réflexion sur la nature changeante des alliances et des stratégies dans le monde politique.