Après des mois de spéculations, Jack Lang, âgé de 84 ans, a été reconduit mercredi à la tête de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris pour un quatrième mandat de trois ans. Cette décision a été approuvée de manière unanime par le conseil d’administration, officialisant ainsi son maintien à la direction de cette institution depuis 2013. Contrairement à d'autres établissements culturels, les statuts de l’IMA ne limitent ni l'âge ni le nombre de mandats pour la présidence.
Vers un centre d'art moderne et contemporain mondial
Jack Lang nourrit l'ambition de transformer l’IMA en un centre d'art moderne et contemporain arabe d'envergure mondiale. Il souhaite maintenir la mission première de l'IMA en tant que vitrine de la culture arabe en Occident tout en élargissant son influence dans le monde de l'art moderne et contemporain. Ancien ministre de la Culture français, Jack Lang a laissé une marque indélébile dans les années 1980, et il envisage désormais de faire évoluer l’IMA vers de nouveaux horizons culturels.
Expansion des collections et projets futurs
En 2018, l’IMA a bénéficié d'une donation majeure de la part du galeriste libanais Claude Lemand, enrichissant ainsi ses collections permanentes avec plus de mille huit cents œuvres, incluant des créations d'artistes renommés tels qu’Abdallah Benanteur, Youssef Abdelké ou Etel Adnan. Avec ces acquisitions, les collections permanentes de l’IMA se sont étendues à trois mille quatre cents pièces, plaçant l'institution parmi les références du monde arabe. Nathalie Bondil, directrice du département du musée et des expositions, souligne que seuls deux autres établissements détiennent des fonds plus conséquents, le Mathaf à Doha et le Sharjah aux Émirats arabes unis.
Projets à venir et soutien financier exceptionnel
Jack Lang envisage une métamorphose substantielle de l’IMA, incluant potentiellement une extension physique du musée. Il prévoit également la mise en place d'ateliers et de cours dédiés à l'art moderne et contemporain arabe, ainsi que des expositions itinérantes en France et à l'international. Pour concrétiser ces projets, l’IMA a reçu une subvention exceptionnelle de 6 millions d'euros sur trois ans du ministère de la Culture, démontrant ainsi un soutien financier substantiel à ses ambitions.
Redressement et réussites de la programmation
Depuis sa nomination à la présidence de l’IMA en 2013 par François Hollande, Jack Lang a œuvré au redressement de cette institution, précédemment critiquée par la Cour des comptes en 2008. Aujourd'hui, avec un budget équilibré de 26 millions d'euros et une capacité d'autofinancement bénéficiaire, il s'est félicité d’avoir rétabli la stabilité financière de l’IMA. Sa stratégie repose sur des expositions dynamiques et rentables telles que « Il était une fois l’Orient Express » (2014) ou « Les Divas du monde arabe » (2021), ainsi que sur des collaborations fructueuses avec le Musée d'art et d'histoire du judaïsme et des expositions dédiées aux grandes religions du livre.
Stratégie de mécénat et coopération internationale
Jack Lang a également mis en place une politique de mécénat affirmée en direction des pays arabes. En 2017, l'Arabie saoudite a annoncé une contribution de 5 millions d'euros pour la rénovation de l’IMA. Il entend poursuivre cette démarche en sollicitant de nouvelles contributions et coproductions de musées étrangers, citant en exemple le départ prévu de l’exposition « Parfums d’Orient » pour Riyad en mai prochain.
À la tête de l’Institut du monde arabe, Jack Lang a pour ambition de consolider son rôle en tant que vitrine culturelle de la région arabe en Occident, tout en modernisant son approche et son rayonnement international dans le domaine de l'art moderne et contemporain. Ses actions passées et ses projets futurs témoignent de sa détermination à positionner l’IMA comme un acteur incontournable de la scène artistique mondiale, ancré dans la richesse et la diversité de la culture arabe.
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