Au seuil de Matignon, Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), revoit ses promesses économiques à la baisse, rappelant les ajustements post-électoraux de Mitterrand et Chirac.
À la veille des législatives du 30 juin et 7 juillet, Jordan Bardella semble déjà renoncer à certaines mesures fiscalo-sociales de son programme pour élargir son électorat. Cette volte-face rapide avant même d'atteindre Matignon évoque les revirements historiques de François Mitterrand en 1983 et de Jacques Chirac en 1995.
Les ajustements de Mitterrand et Chirac
François Mitterrand, élu en 1981, avait promis de "changer la vie" avec des réformes sociales et économiques ambitieuses. Cependant, en mars 1983, face à une crise économique, il avait opté pour une politique de rigueur, renonçant à ses ambitions initiales. Bien que de nombreuses réformes aient été mises en œuvre, telles que la retraite à 60 ans et l’impôt sur la fortune, le tournant de 1983 a marqué une trahison perçue par beaucoup comme un abandon des idéaux socialistes au profit de l'économie de marché et de l'Europe.
Jacques Chirac, élu en 1995, avait promis de réduire la "fracture sociale" dans une France en proie au chômage. Toutefois, une fois au pouvoir, il avait rapidement abandonné ses propositions en faveur d'une politique économique plus pragmatique et moins coûteuse.
Bardella et le vertige des promesses électorales
Jordan Bardella semble suivre une trajectoire similaire. Avant même les législatives, il a commencé à édulcorer ses promesses économiques pour rendre son programme plus acceptable et élargir son électorat. Cette tendance à ajuster les promesses électorales rappelle l'aphorisme de Francis Bacon : "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose". En politique, promettre des changements radicaux est souvent une stratégie pour attirer les électeurs, mais la réalité économique impose souvent des ajustements une fois le pouvoir atteint.
Les enjeux économiques et sociaux
Le programme initial du RN comportait des mesures coûteuses et ambitieuses en matière de fiscalité et de protection sociale. Cependant, la réalité des finances publiques et la nécessité de maintenir la stabilité économique ont conduit Bardella à réévaluer ses propositions. La valse des milliards promise par le RN et le Nouveau Front Populaire (NFP) est désormais remplacée par des propositions plus mesurées.
Leçons du passé et réalités du présent
L'expérience de Mitterrand et Chirac montre que les promesses électorales doivent souvent être ajustées face aux réalités économiques. Pour Jordan Bardella, la leçon est claire : il est facile de faire des promesses en période électorale, mais les contraintes budgétaires et économiques imposent souvent des compromis. Comme Mitterrand en 1983 et Chirac en 1995, Bardella devra naviguer entre ses ambitions électorales et les exigences de la gouvernance.
Vers un réalisme économique ?
Jordan Bardella, en édulcorant ses promesses économiques avant même d'atteindre Matignon, montre une adaptation rapide à la réalité politique et économique. Comme ses prédécesseurs Mitterrand et Chirac, il devra concilier ses ambitions initiales avec les contraintes budgétaires et les attentes des électeurs. Ce processus de réalignement est une loi intangible de la politique, où les promesses doivent souvent être modérées par le pragmatisme et le réalisme économique.
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