Il est clair que l'abstention se profile comme le principal vainqueur des prochaines élections présidentielles à Madagascar. Si l'on se remémore le pire taux de participation de l'histoire électorale malgache enregistré lors du second tour de 2018 avec seulement 48 %, ce record risque d'être largement dépassé cette année. Plusieurs facteurs convergent vers cette issue.
Erreurs de la commission électorale
La multiplication des révélations d'erreurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) concernant les listes électorales et les cartes d'électeurs renforce un climat de défiance. Le manque de transparence lié à un budget insuffisant (seulement un tiers des 150 millions de dollars initialement requis) soulève des questions cruciales sur les compromis budgétaires opérés. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l'organisation d'un potentiel second tour.
Boycott et manque de confiance
Le boycott massif recommandé par le Collectif des candidats sans campagne, soutenu par la Plate-forme PAN-FFKM, souligne la nécessité d'une réforme électorale avant tout scrutin. Une campagne de désengagement a été lancée sur les réseaux sociaux, symbolisée par le slogan "Madio ny tanako" (mes mains sont propres), exprimant le refus de participer à des élections biaisées.
Dérapages multiples
La succession de dérapages accroît le scepticisme quant à l'intégrité du processus électoral, renforçant l'idée que l'État agira sans retenue pour assurer la réélection de son candidat. Cette atmosphère pousse à l'abstention comme un moyen de protester contre la répression ou par découragement face à l'absence de progrès vers une démocratie effective et le respect de l'État de droit.
La question de l'étendue de l'abstention
Si l'abstention semble remporter la victoire, l'ampleur de ce phénomène reste une incertitude. À l'approche du scrutin, de nombreux électeurs semblent divisés quant à la meilleure manière d'exprimer leur opinion.
Observation électorale limitée
Bien que des efforts d'observation soient prévus par des organismes locaux et internationaux, leur présence ne couvrira pas tous les bureaux de vote. Cette situation pourrait laisser place à des fraudes et manipulations, aggravée par un couvre-feu déroutant dans la capitale.
Incertitude face aux appels contradictoires
Les appels de l'Église catholique à maintenir les élections ou à observer ces dernières ne semblent pas garantir une participation accrue. Les appels de dernière minute manquent de préparation et d'impact réel dans ce contexte électoral douteux.
L'inefficacité de la politique de la chaise vide
Malgré la légitimité de l'abstention, la politique de la chaise vide reste inefficace. L'abstention, les votes blancs ou nuls n'influenceront pas la validation des résultats ni la désignation du Président élu. Ces choix ne font que conforter les candidats ayant mobilisé leurs partisans pour voter.
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