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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

L’argent de l’UE et les refoulements de migrants dans le désert au Maghreb

Photo du rédacteur: Volanirina RazafindrafitoVolanirina Razafindrafito

Comment les fonds européens alimentent les expulsions de migrants vers le désert au Maghreb ?



Une enquête menée par Le Monde, en collaboration avec le média à but non lucratif Lighthouse Reports et sept autres médias internationaux, révèle les sombres réalités des politiques migratoires au Maghreb. Les migrants en route vers l'Europe sont arrêtés en masse et expulsés vers des zones désertiques au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie, avec le soutien logistique et financier de l'Union européenne (UE). Cette pratique expose les migrants à des violations flagrantes des droits humains.


Des histoires de souffrance et d’abandon

À Rabat, au Maroc, Lamine, un jeune Guinéen, a été arrêté six fois en 2023 par la police avant d'être expulsé sans ménagement à l'autre bout du pays. En Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en plein désert après avoir été arrêtées et incarcérées. Leur seul crime ? Avoir tenté de rejoindre l’Espagne par la mer. En Tunisie, François, un Camerounais, a été lâché au milieu des montagnes près de la frontière algérienne après avoir été expulsé à trois reprises en quelques mois. Ces récits de souffrance se répètent à travers trois pays différents d'Afrique du Nord, mais partagent un schéma commun de brutalité et de négligence.


Les routes migratoires et les enjeux européens

Le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie sont des étapes cruciales des principales routes migratoires vers l’Europe. La Méditerranée centrale, reliant les côtes tunisiennes à l'île italienne de Lampedusa, la Méditerranée occidentale, partant du Maghreb vers l'Espagne, et la route Atlantique, quittant les rivages du Sénégal et du Sahara occidental vers les îles Canaries, sont des passages stratégiques pour les migrants subsahariens. Face à la pression migratoire et aux tensions politiques internes, l'Union européenne a renforcé sa collaboration avec ces pays du Maghreb pour endiguer les flux migratoires.


L'implication européenne : soutien et controverses

Pour lutter contre l'immigration irrégulière, l'Union européenne a déployé des moyens considérables au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie. Ces efforts comprennent des financements substantiels, des équipements et une coopération technique destinée à renforcer les capacités locales de gestion des frontières. Cependant, cette aide n'est pas sans controverse. En déléguant une part de sa politique migratoire à ces pays, l'UE ferme les yeux sur les pratiques inhumaines qui en résultent souvent.


Violations des droits humains : un coût caché

Les fonds européens, destinés à renforcer les contrôles aux frontières et à prévenir les traversées maritimes dangereuses, ont conduit à des violations systématiques des droits humains. Les migrants arrêtés sont souvent détenus dans des conditions déplorables avant d'être expulsés vers des zones désertiques sans eau ni nourriture, les laissant dans une situation de vulnérabilité extrême. Ces pratiques vont à l'encontre des normes internationales en matière de droits humains et mettent en lumière l'hypocrisie de certaines politiques migratoires européennes.


Le témoignage des victimes

Les témoignages de migrants comme Lamine, Bella, Idiatou, et François illustrent les abus et les souffrances infligées sous couvert de gestion migratoire. Ces récits montrent des vies brisées par des expulsions répétées et des abandons en plein désert. Lamine raconte avoir marché des jours sans eau ni nourriture après son expulsion, tandis que Bella et Idiatou décrivent leur incarcération dans des conditions inhumaines avant d'être abandonnées à leur sort. François, pour sa part, a dû trouver son chemin à travers les montagnes sans assistance, après avoir été rejeté par les forces de sécurité tunisiennes.


La réponse internationale et les perspectives

Face à ces révélations, les organisations de défense des droits humains appellent à une réévaluation des politiques de l'UE en matière de migration. Elles demandent une enquête approfondie sur l'utilisation des fonds européens et une révision des accords de coopération pour garantir le respect des droits fondamentaux des migrants. La pression monte pour que l'Union européenne prenne ses responsabilités et mette fin à ces pratiques déshumanisantes.


Vers une politique plus humaine

L'enquête révèle une triste réalité : l'argent de l'UE, destiné à contrôler les flux migratoires, est souvent utilisé pour financer des pratiques brutales et inhumaines. Alors que les pays du Maghreb jouent un rôle crucial dans la stratégie migratoire européenne, il est impératif que cette coopération respecte les droits humains. Une politique migratoire plus humaine et respectueuse des personnes vulnérables est non seulement nécessaire, mais également une obligation morale pour l'Europe. Les histoires de Lamine, Bella, Idiatou, et François rappellent cruellement que derrière chaque statistique migratoire, il y a des vies humaines en jeu.

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