En ce qui concerne le Chili, la majorité des sièges pour rédiger une nouvelle Constitution est remportée par l'aile politique d'extrême droite.
Le Chili a connu un tournant politique majeur lors des élections visant à choisir les 50 membres chargés de rédiger une nouvelle Constitution pour remplacer l'actuelle héritée de la dictature. C'est une victoire triomphante pour l'opposition qui a réussi à séduire les électeurs en promettant "ordre et stabilité" dans un contexte de crise sécuritaire et migratoire. L'extrême droite est arrivée en tête du scrutin avec 35% des voix, suivie de la coalition présidentielle de gauche avec 28%, et de la droite traditionnelle en troisième position avec 21%. Ce retournement de situation est une ironie de l'histoire, souligne notre correspondante à Santiago du Chili, Naïla Derroisné. Lors du premier processus constitutionnel, c'était la gauche et les indépendants qui étaient majoritaires. Cette fois-ci, c'est la droite qui obtient la majorité des sièges au Conseil constitutionnel. Le grand gagnant de ces élections est le Parti républicain d'extrême droite, avec 22 élus. Ce même parti, ouvertement admirateur du dictateur Augusto Pinochet, n'a jamais souhaité changer la Constitution.
Il est probable que la nouvelle Constitution soit très similaire voire encore plus conservatrice que l'actuelle. Le Parti républicain, soutenu par la droite traditionnelle, aura le pouvoir de mener le processus à sa guise, sans avoir besoin de compromis avec l'opposition. Malheureusement, la gauche n'aura pas son mot à dire, n'ayant pas obtenu suffisamment de sièges pour exercer son droit de veto. Elle aura également du mal à faire passer son agenda en faveur de l'État providence, une demande forte de la population lors de la crise sociale. Le Conseil constitutionnel dispose maintenant de cinq mois pour rédiger sa proposition de nouvelle Constitution. Il recevra un avant-projet élaboré par un comité d'experts auquel il devra apporter des ajustements et des amendements. Douze principes essentiels sont cependant non modifiables, dont celui stipulant que le Chili est une économie de marché. Le texte final sera soumis à un référendum le 17 décembre de cette année.