
La décision récente de la Haute Cour Constitutionnelle concernant l'intérim collégial du gouvernement suite à la démission du Président de la République est sans précédent et soulève des questions cruciales sur la répartition du pouvoir et la stabilité politique du pays. Ce verdict a déclenché une vague de réactions, notamment parmi les opposants qui critiquent vivement les juges constitutionnels. La situation met en évidence les limites du gouvernement collégial et soulève des questions sur son efficacité à maintenir l'ordre constitutionnel.
Le vide constitutionnel
Selon la Constitution, le Président joue un rôle central dans le fonctionnement de l'État. De la garantie de l'indépendance nationale à la nomination du Premier ministre et des membres du gouvernement, en passant par la direction des Forces Armées, son influence est considérable. Face à cette énumération de pouvoirs, on peut se demander comment un gouvernement collégial, dépouillé de ces prérogatives, peut fonctionner de manière efficace.
Les limites du collégialisme
Le concept d'un gouvernement collégial en l'absence du Président semble être une solution temporaire, mais il risque de créer une situation de paralysie administrative et politique. Le pouvoir éclaté et distribué parmi plusieurs entités rend difficile la prise de décisions rapides et univoques, surtout dans des situations de crise. Par ailleurs, l'absence d'un chef d'État dans ce modèle collégial remet en question le respect des principes constitutionnels tels que l'unité nationale, l'intégrité territoriale, et le fonctionnement régulier des pouvoirs publics.
La question de légitimité
Un autre point critique est celui de la légitimité. Un gouvernement collégial peut-il jouir de la même légitimité qu'un président élu ? La Constitution elle-même semble silencieuse sur cette question, ce qui pourrait ouvrir la voie à des interprétations variées et potentiellement conflictuelles. Cela peut également créer un précédent dangereux où les détracteurs du système pourraient invoquer des failles juridiques pour contester la validité des actions du gouvernement.
Vers une réforme constitutionnelle ?
La situation actuelle met en lumière des lacunes dans la Constitution qui doivent être adressées. Le cadre légal devrait être clair sur ce qui se passe lorsqu'un président démissionne, et comment le pouvoir doit être exercé dans un tel scénario. Cela soulève la question de savoir si une réforme constitutionnelle est nécessaire pour éclaircir ces zones grises.
L'expérience de l'intérim collégial met en évidence la nécessité d'une réflexion approfondie sur le système politique et constitutionnel. La stabilité du pays pourrait dépendre de la manière dont ces questions complexes sont résolues. Alors que le débat politique s'intensifie, une chose est claire : la situation exige une solution à la fois pragmatique et respectueuse de la Constitution et des principes démocratiques.