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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Photo du rédacteurVolanirina Razafindrafito

La cause principale de la crise requin à La Réunion

La Réunion, île voisine de Madagascar, est confrontée depuis plusieurs années à une crise requin qui suscite l'inquiétude et le débat au sein de la communauté locale. En 2012, un document officiel signé par un représentant de la préfecture de La Réunion a ouvert une controverse majeure en pointant du doigt les Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) comme des éléments décisifs du risque requin. Cette accusation met en lumière l'impact des DCP sur le comportement des requins côtiers et des prédateurs marins, ce qui confirme clairement leur responsabilité dans la crise requin qui sévit actuellement sur l'île.


L'île Maurice, située à seulement 170 kilomètres de La Réunion, contraste nettement en termes d'attaques de requins. Au cours des 15 dernières années, l'île Maurice n'a enregistré qu'une seule attaque de requin, tandis que La Réunion déplore plus de trente incidents similaires. Cette différence frappante trouve sa source dans l'absence de DCP côtiers à l'île Maurice, confirmant une fois encore le rôle de ces dispositifs dans la crise requin qui sévit à La Réunion.


Un requin chassant autour d'un DCP
Un requin chassant autour d'un DCP. (Photo : IRD/ F. Forget)

Les DCP côtiers sous le feu des critiques


Les DCP côtiers, introduits en 2008 à La Réunion, coïncident avec l'apparition de la crise requin sur l'île. Cette synchronisation ne peut être ignorée et mérite d'être considérée comme l'élément principal dans l'analyse des causes de la crise. Les DCP côtiers sont des dispositifs visant à concentrer les poissons pélagiques, créant ainsi des chaînes alimentaires à proximité des côtes. Cependant, cette concentration a un impact direct sur le comportement des requins côtiers et des gros prédateurs, tels que les requins bouledogues.


Le rapport de 2012 émis par la préfecture de La Réunion souligne le phénomène de "fixation et de sédentarisation des grands poissons prédateurs" en raison des DCP côtiers. En d'autres termes, ces récifs artificiels favorisent la concentration des requins côtiers et d'autres prédateurs marins, à seulement 300 mètres des côtes. Cette sédentarisation des requins, notamment des requins bouledogues, accroît directement les attaques.


Une mise en cause persistante


À La Réunion, une cinquantaine de DCP ont été installés tout autour de l'île de la Réunion, c'est l'une des concentrations les plus importantes au monde, comme l'a indiqué Elise Lucet et son équipe de Cash Investigation. Le premier dispositif de pêche de grande envergure a été mis en place à La Possession en 2008. Puis, ils se sont répandus sur l'ensemble des côtes de La Réunion et ont entraîné plusieurs attaques, dont certaines mortelles.


Les DCP créent une chaîne alimentaire artificielle attirant tout d'abord les plus petits poissons, puis les plus gros. Les requins chassant habituellement en haute mer sont attirés par ces DCP, très proches des côtes, car leurs proies le sont aussi. Par conséquent, l'implication de ces derniers ne fait aucun doute.


Fonctionnement d'un dispositif de concentration de poissons
Fonctionnement d'un dispositif de concentration de poissons

La situation à l'île Maurice : une comparaison frappante


La comparaison avec l'île Maurice offre une perspective significative sur la situation à La Réunion et souligne l'importance d'interdire les DCP côtiers dans les eaux de l'île. L'île Maurice, en évitant la mise en place de ces récifs artificiels, a échappé aux problèmes liés à la sédentarisation des requins et des gros prédateurs marins, ce qui explique le fait qu'une seule attaque s'est déroulée lors des 15 dernières années, en décembre 2022.


Des moyens de lutte dérisoires


Malgré la gravité de la crise requin qui frappe La Réunion, les mesures prises par les autorités locales semblent souvent insuffisantes pour résoudre le problème. L'installation de filets anti-requins est l'une de ces mesures, mais elle suscite de plus en plus de critiques quant à son efficacité. Ces filets, censés protéger les zones de baignade, se sont révélés peu efficaces pour dissuader les requins de s'approcher des côtes, et de nombreuses attaques ont eu lieu à proximité de ces installations. Il en va de même pour la pêche au requin destinée à les tracker et à étudier leurs déplacements. Malheureusement, ces efforts n'ont pas permis de résoudre le problème de manière significative, laissant la population locale et les visiteurs dans un état de vulnérabilité persistant. La nécessité de repenser les stratégies de lutte contre la crise requin à La Réunion devient de plus en plus évidente, car la sécurité des activités nautiques et des personnes demeure une priorité cruciale.


L'urgence d'une action immédiate


En conclusion, la cause de la crise requin à La Réunion relève strictement des DCP côtiers. Le rapport de 2012 émis par la préfecture de La Réunion sur le rôle potentiel des DCP côtiers dans cette crise n'avait pas assez de recul à cette époque, mais ne fait plus aucun doute aujourd'hui. La corrélation entre l'installation des DCP côtiers en 2008 et le début de la crise requin, ainsi que la situation à l'île Maurice confirme la responsabilité des DCP côtiers. Bien que des controverses subsistent, il est impératif d'interdire cette méthode de pêche qui met en danger la vie des réunionnais et des touristes.


La sécurité des habitants et des visiteurs de La Réunion doit rester une priorité, et cela inclut une interdiction totale et immédiate des DCP côtiers. Devant l'accumulation de preuves et les inquiétudes croissantes, il est désormais impératif d'agir rapidement en interdisant les DCP côtiers. Ces dispositifs, dont le rôle dans la crise requin est évident, mettent en danger la vie de ceux qui fréquentent les plages de La Réunion. La prise de conscience de cette problématique est essentielle pour garantir la sécurité des habitants de l'île, des baigneurs, des surfeurs et des plongeurs. Il est temps de prendre des mesures drastiques pour assurer la sécurité des personnes.

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