Madagascar envisage un besoin de financement brut considérable de 25 538 milliards d'ariary d'ici 2025, selon la Stratégie de la Dette à Moyen Terme (SDMT) 2023-2025. En examinant ces chiffres, des questions critiques se posent : Le pays fait-il le bon choix en s'endettant massivement, même si le risque est considéré comme "modéré"? Les partenaires financiers extérieurs contribuent-ils à une réelle autonomie économique ou renforcent-ils une dépendance dangereuse?
Le dilemme du financement
Le pays dépend fortement des financements extérieurs. Pour l'année 2023, près de 70 % du besoin de financement brut proviendrait de la dette extérieure. Ce type de dépendance peut être inquiétant. Car même si le risque de surendettement reste "modéré", il ne faut pas oublier que les créances extérieures viennent souvent avec des conditions qui peuvent influencer la souveraineté économique et politique du pays.
Les engagements concessionnels et non-concessionnels
Madagascar semble avoir une préférence pour les prêts concessionnels et semi-concessionnels, mais les prêts non concessionnels ne sont pas hors de question. La question qui se pose est la suivante : jusqu'à quel point ces dettes servent-elles les intérêts à long terme du pays, et non ceux des créanciers ou des élites politiques et économiques locales?
La notation de crédit : un double tranchant
L'obtention d'une première notation inaugurale de B-/B par Standard & Poor's peut être vue comme une reconnaissance des réformes économiques positives. Cependant, il faut être prudent. Une bonne notation peut faciliter l'endettement, mais elle ne garantit pas que ces ressources seront utilisées de manière optimale.
L'aspect social du développement
Les chiffres parlent de milliards d'ariary pour le développement, mais qu'en est-il de l'impact social? L'endettement public pour le financement de projets de développement doit impérativement être couplé à une stratégie robuste de développement social. Sinon, nous pourrions nous retrouver dans une situation où le pays est économiquement "développé" mais socialement inéquitable.
Financements verts : un élan vers l'avenir?
La SDMT mentionne que les financements verts doivent être explorés, en raison de la vulnérabilité de Madagascar aux changements climatiques. C'est une excellente initiative, mais elle ne doit pas être qu'un simple slogan. Il faudra mettre en place des mesures strictes pour garantir que ces financements contribuent réellement à la durabilité environnementale.
Vers une stratégie holistique
L'endettement peut être un outil puissant pour le développement, mais il est impératif de le gérer judicieusement. Cela nécessite une stratégie holistique qui prend en compte non seulement les besoins en infrastructures mais aussi les impératifs sociaux et environnementaux. Seule une telle approche garantira que l'endettement public serve les intérêts à long terme du pays, plutôt que de créer une spirale de dépendance et de vulnérabilité.