Une étude récente dévoile que les personnes d'origine asiatique sont confrontées à diverses formes de racisme, considéré comme banal et peu dénoncé en France, malgré leur image de "minorités modèles" et le faible taux de signalement des discriminations, influencé notamment par l'insécurité linguistique et le passé colonial.
L'étude REACTAsie, soutenue par la Défenseure des droits Claire Hédon, a révélé que le racisme anti-Asiatiques est banalisé, minimisé et rarement dénoncé en France, souvent sous prétexte d'humour. Les discriminations sont particulièrement présentes dans les relations sociales de proximité, mais restent rarement punies. Cette enquête menée auprès de 32 jeunes diplômés de l'enseignement supérieur originaires de neuf pays a également mis en lumière les spécificités du racisme anti-asiatique, qui affecte les hommes et les femmes de manière différente et contribue à forger une attitude de surcompensation et d'envie de réussir.
Les victimes de racisme asiatique ont souvent tendance à garder le silence, en partie en raison de stéréotypes positifs tels que l'étiquette de "minorité modèle". La faible maîtrise de la langue française et l'héritage du confucianisme chez les primo-arrivants peuvent également expliquer la réticence à recourir aux droits et à l'autorité. Les populations asiatiques ont une vision complexe de leur position entre le dominant et le dominé, mais il existe une insécurité linguistique pour les diplômés et une diversité de postures au sein de ces populations. Les entraves linguistiques et administratives empêchent également les victimes de recourir au droit.
Selon Simeng Wang, chercheuse et autrice de "Illusions et souffrances. Les migrants chinois à Paris", les personnes d'origine vietnamienne, cambodgienne ou laotienne ont souvent un héritage familial lié au passé colonial français. Cela les rend plus conscients des rapports de forces ethno-raciaux et plus enclins à prendre la parole contre le racisme anti-asiatique. En revanche, les personnes d'origine japonaise, n'ayant jamais été colonisées par la France ou par un autre pays asiatique, sont moins sensibles à cette question. La pandémie de Covid-19 a joué un rôle de catalyseur dans la prise de conscience individuelle et collective des discriminations et les pouvoirs publics s'intéressent davantage à ce problème. Des actions de sensibilisation, notamment en milieu scolaire, seront organisées pour lutter contre le racisme anti-asiatique.