Les Antambahoaka, un peuple côtier de Madagascar, se distinguent par leurs riches traditions culturelles et leur histoire marquée par des influences austronésiennes et islamiques.

Les Antambahoaka forment une ethnie de Madagascar vivant sur un petit territoire au sud-est de l’île, près de Mananjary. Ils sont voisins des Betsimisaraka au nord, des Tanala à l'ouest et des Antaimoro au sud. Leur nom signifie "ceux où il y a beaucoup de population" ou pourrait dériver de Ratiambahoaka, "aimé du peuple".
Ethnonymie et langue
L'ethnonymie des Antambahoaka connaît quelques variantes, telles qu'Antambahoakas ou Tambahoaka. Leur dialecte est une branche du malgache, une langue malayo-polynésienne, enrichie de plusieurs mots islamisés. Certains membres de la communauté savent encore retranscrire leur langue en écriture arabe.
Origines et influences
Comme toutes les ethnies malgaches, les Antambahoaka sont d'origine austronésienne. Ils appartiennent au groupe paléomalgache Vezo, des ethnies côtières, par opposition aux Vazimbas des hauts plateaux. Dès la fin du premier millénaire jusqu'à 1600 environ, les Vazimba et les Vezo ont accueilli de nouveaux immigrants moyen-orientaux (Perses Shirazi, Arabes Omanites, Juifs arabisés) et orientaux (Indiens Gujarati, Malais, Javanais, Bugis) ainsi que des Européens (Portugais). Ces immigrants ont influencé leur société à travers des alliances matrimoniales et des échanges culturels, technologiques et politiques.
Ravalarivo et l'origine du nom Antambahoaka
L'origine du nom Antambahoaka remonte à Ravalarivo, installé à Masindrano (aujourd'hui un quartier de Mananjary). Aimé du peuple, il reçut le surnom de Ratiambahoaka, ce qui aurait pu donner le nom à ses descendants. Les Antambahoaka se considèrent comme descendants de Raminia, venu de La Mecque entre le Xe et le XIIe siècle. Certains préceptes islamiques se retrouvent dans leurs coutumes, comme l'abstention des chefs de clan de manger du porc et la nécessité que la viande provienne d'animaux saignés.
Le sambatra : Un rituel de circoncision collective
Le sambatra, ou rituel de circoncision collective, a lieu tous les sept ans et marque l'entrée des jeunes garçons dans le monde adulte. Cette fête, pouvant durer un mois, est extrêmement joyeuse et populaire. Les femmes se parent de leurs plus beaux lambas et plusieurs rituels sont accomplis au début : préparation des tenues rouges des petits garçons, puisage de l'eau pour laver la plaie des circoncis, simulacre de bataille entre jeunes gens, et procession vers le canal des Pangalanes. La circoncision proprement dite a lieu un vendredi.
Le fady des jumeaux : Une tradition controversée
Chez les Antambahoaka, un fady (tabou ancestral) interdit d'élever des jumeaux. Ce tabou remonte à une guerre tribale où une femme, ayant oublié un de ses jumeaux en fuyant, fut capturée et violée par l'ennemi. Depuis, les jumeaux, jugés responsables de ce drame, sont bannis de la communauté. Autrefois tués, ils sont désormais abandonnés et élevés dans des orphelinats comme le centre d'accueil et de transit des jumeaux abandonnés (CATJA) de Mananjary. Cette pratique est régulièrement dénoncée par les instances nationales et internationales, mais reste profondément ancrée. Toutefois, les mentalités évoluent, et dans un village voisin de Mananjary, le Mpanjaka (chef coutumier) a levé ce tabou, marquant ce changement par une cérémonie sacrificielle de zébus pour apaiser les ancêtres.
Les Antambahoaka de Madagascar, avec leurs traditions uniques et leur histoire riche, illustrent la diversité culturelle de l'île. Leurs coutumes, influencées par des origines austronésiennes et des apports islamiques, témoignent d'un patrimoine vivant et en évolution constante.