
La scène politique s'agite. La démission de plusieurs figures clés du gouvernement pour rejoindre la campagne électorale du président sortant Andry Rajoelina a ouvert un vaste débat sur la frontière entre les obligations éthiques et les manœuvres politiques.
La ministre de la Communication et de la Culture, Lalatiana Rakotondrazafy, et la ministre de l'Éducation nationale, Marie Michelle Sahondrarimalala, ont renoncé à leurs postes prestigieux pour soutenir le président sortant. Ces démissions, bien que présentées comme des décisions respectant la loi, soulèvent des questions. Sont-elles vraiment le fruit d'un sens éthique profond ou s'inscrivent-elles dans une stratégie électorale soigneusement orchestrée ?
Le code éthique stipule que les membres du gouvernement ne doivent pas utiliser les moyens de l'État pendant la campagne électorale. Ils ne peuvent non plus apporter leur soutien à un candidat en s'exprimant officiellement en tant que membres du gouvernement. Cette règle est claire et nécessaire pour garantir une élection libre et équitable. Mais alors, pourquoi ces démissions massives et synchronisées ?
Les cyniques y voient une manœuvre politique, une manière pour le président sortant de renforcer son image et sa campagne avec le soutien de figures influentes. Certains se demandent si ces démissions n'ont pas été encouragées, voire orchestrées, dans le but de créer une dynamique favorable.
D'autre part, des voix se lèvent pour défendre ces ministres. Ils arguent que ces femmes ont fait preuve d'intégrité en choisissant de respecter la loi, même si cela implique de quitter leur poste. Pour eux, c'est une démonstration de dévouement à la démocratie et au processus électoral.
Le cas de Lova Hasinirina Ranoromaro, ancienne directrice de cabinet par intérim de Andry Rajoelina, est particulièrement révélateur. Après avoir cédé son poste au général Jean-Yves Rasolondraibe, elle a rejoint l'équipe de campagne du président sortant. Certains y voient une preuve supplémentaire d'une stratégie électorale en cours. D'autres y voient simplement une figure loyale qui souhaite continuer à servir son pays, même en dehors du gouvernement.
Ce qui est sûr, c'est que ces démissions ont mis en lumière la tension entre les responsabilités gouvernementales et les ambitions électorales. Elles rappellent l'importance de l'éthique en politique et posent une question fondamentale : peut-on vraiment séparer les intérêts personnels et politiques des devoirs envers l'État et ses citoyens ?
Comme toujours en politique, la vérité est complexe et chaque camp a ses arguments. Ce qui est incontestable, c'est que le paysage politique est en pleine effervescence, et les actions de ces prochains jours définiront non seulement le résultat des élections, mais aussi la perception de l'intégrité de nos dirigeants.