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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Les fantômes du crack à Sao Paulo : intégrer plutôt qu'exclure

Photo du rédacteur: Ravoavahy RaharimalalaRavoavahy Raharimalala

À l'instar de nombreuses grandes métropoles à travers le monde, Sao Paulo fait face à une crise sévère de consommation de crack. Depuis trois décennies, une communauté de toxicomanes, surnommée "Cracolândia", lutte pour survivre dans des conditions déplorables, mêlant toxicomanie, délinquance et prostitution.



À l'aube, le paysage de Cracolândia présente un tableau désolant. Des tongs abandonnées, des paréos froissés, des paquets de préservatifs éventrés jonchent le sol. Les habitants de cette zone se réveillent après une nuit éprouvante, gisant au sol, exténués. Certains, le regard perdu, observent le lever du soleil à travers les immeubles. Parmi eux, des dizaines de silhouettes errent silencieusement, tenant fermement un petit cristal doré, symbole de leur dépendance au crack.


Une zone de guerre urbaine

Cracolândia se situe en plein cœur de Sao Paulo, loin des plages célèbres d’Ipanema ou de Copacabana. Ici, le béton règne en maître, suintant et dur. Cet endroit est l'une des plus vastes scènes de consommation de drogue au monde. Surnommée "Disneyland de la came" ou "paradis de la défonce" par certains, et "Far West" ou "Babylone du Brésil" par d'autres, cette zone est souvent décrite comme une véritable zone de guerre. Les habitants la désignent parfois comme "le nombril et le cul du monde".


Les habitants de Cracolândia

Renato Oliveira Júnior, alias "Renatinho", est l'un des personnages les plus connus de Cracolândia. Âgé de 32 ans, ce jeune homme noir, mince et alerte, est natif du littoral paulista. Ancien chapardeur de portables et ex-sniffeur de cocaïne devenu addict au crack, il a même vendu en cachette le frigo de sa mère pour se procurer de la drogue. Malgré cela, Renatinho est aussi danseur de profession, et ses talents de samba sont appréciés parmi les habitués du "flux".


Le flux de toxicomanes

Le "flux" désigne cette masse mouvante et imprévisible de toxicomanes agglomérés sur les deux cents mètres de la Rua dos Protestantes, dans le quartier de Santa Ifigênia. Ce quartier, fait de bâtisses délabrées et d'anciens entrepôts, est une véritable cour des miracles où se croisent des personnages singuliers. Parmi eux, des individus tatoués de la tête aux pieds, des hommes en guenilles, des femmes et des hommes de différentes couleurs de peau, tous unis par leur dépendance au crack.


Une dépendance immédiate

La dépendance au crack est une prison immédiate et destructrice. Les premiers effets de cette drogue sont euphorisants mais de courte durée, entraînant une recherche incessante de la prochaine dose. Cette quête perpétuelle engendre un cycle vicieux de consommation et de comportements à risque, tels que la délinquance et la prostitution, pour financer l'achat de la drogue.


Intégrer plutôt qu'exclure

Le problème de Cracolândia soulève des questions fondamentales sur la manière dont la société doit traiter ses membres les plus vulnérables. Les politiques de répression et d'exclusion n'ont fait qu'aggraver la situation. Pour apporter une solution durable, il est essentiel de considérer l'intégration sociale et la réhabilitation des toxicomanes comme une priorité. Cela implique de fournir un accès aux soins, à la réinsertion professionnelle et à un logement décent.


Cracolândia est le miroir d'une crise sociale et sanitaire profonde à Sao Paulo. Les solutions ne se trouvent pas dans la répression mais dans l'inclusion et le soutien. Il est crucial de voir ces individus non pas comme des problèmes à éliminer, mais comme des citoyens à réhabiliter. Intégrer ces personnes à la ville, leur offrir une chance de se reconstruire, est non seulement un acte de compassion mais aussi une nécessité pour une société plus juste et équitable.

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