Les Kurdes en Turquie aspirent à résider dans un pays dépourvu de toute forme de discrimination.
À l'approche des élections du 14 mai, une attention particulière se porte sur le vote des 15 à 20 millions de Kurdes, qui représentent une part significative de la population turque. Le choix de ces électeurs, considérés comme des faiseurs de roi, jouera un rôle décisif dans le scrutin présidentiel opposant Recep Tayyip Erdogan à Kemal Kilicdaroglu. Parmi eux se trouve Emre, un jeune homme de 23 ans, debout devant une tente de fortune en plastique bleu. Issu de Pazarcik, une ville majoritairement kurde et alévie de la province de Kahramanmaras, il exprime les difficultés qu'il rencontre en raison de sa double identité. Emre partage son vécu tragique du séisme qui a frappé la région, déplorant le manque d'aide apportée à sa communauté par rapport à d'autres zones moins touchées.La voix d'Emre résonne d'une colère étouffée. Pour lui, il ne fait aucun doute qu'il existe une discrimination envers les Kurdes, les alévis et d'autres groupes en Turquie.
Il compare la situation à la ségrégation raciale aux États-Unis il y a un siècle, où les Blancs et les Noirs étaient séparés et même soumis à des toilettes distinctes. Il déplore l'absence de changement en Turquie, où les divisions persistent. Les rêves d'Emre, qui souhaitait devenir aide-soignant en gériatrie, se sont effondrés lorsque la boulangerie où il travaillait a été détruite. Sa survie et son droit de vote sont désormais ses priorités. Malgré les obstacles, il est déterminé à exercer son droit de vote, même s'il doit se rendre dans une autre ville pour le faire. Emre est convaincu que le pays tout entier doit voter pour un changement de gouvernement. Il affirme que la population kurde a été réduite au silence, avec une liberté d'expression limitée, et qu'il n'a plus rien à perdre en exprimant sa voix. La peur de la répression et des arrestations n'entrave pas sa détermination, mais il souligne que beaucoup d'autres redoutent les conséquences de s'exprimer librement.