La question de la fiscalité des ultrariches est devenue un sujet brûlant dans le contexte actuel de crises économiques et climatiques. Les milliardaires, dont les revenus proviennent en grande partie du capital, paient peu ou pas d'impôts, ce qui soulève des préoccupations sur la justice fiscale et la capacité des États à financer les services publics.

La mondialisation libérale des années 1990 a largement contribué à la situation actuelle. Pendant cette période, les États se sont engagés dans une course effrénée au moins-disant fiscal pour attirer les investissements et les grandes entreprises. Cette compétition a conduit à une baisse drastique des taux d'imposition sur les sociétés et sur les revenus du capital. Les multinationales et les individus fortunés ont ainsi pu profiter de taux d'imposition très bas, voire nuls, dans certaines juridictions. Ce phénomène a exacerbé les inégalités fiscales et a affaibli la capacité des États à collecter des revenus suffisants pour financer les services publics.
Le rôle du lobbying des ultrariches
Outre la mondialisation, le lobbying des ultrariches a également joué un rôle crucial dans la réduction de leur charge fiscale. Une poignée de milliardaires influence considérablement les décisions politiques, menaçant souvent de déplacer leurs actifs et leurs entreprises vers des juridictions plus favorables si la fiscalité devient trop contraignante. Cette pression constante a conduit de nombreux gouvernements à hésiter à augmenter les impôts sur les plus fortunés, craignant des pertes économiques et une fuite des capitaux. Le pouvoir disproportionné de ces individus sur les politiques fiscales des États remet en question la démocratie et l'équité du système fiscal.
Des finances publiques exsangues
Le constat est alarmant : les finances publiques de nombreux pays sont dans un état critique. La pandémie de COVID-19 a encore aggravé la situation, entraînant des dépenses publiques massives pour soutenir les économies et les systèmes de santé. En même temps, les investissements nécessaires pour faire face à la crise climatique sont colossaux. Les gouvernements doivent financer des infrastructures durables, des énergies renouvelables et des mesures d'adaptation aux changements climatiques. Cependant, en raison de la faible contribution fiscale des ultrariches, les États peinent à réunir les fonds nécessaires pour ces investissements cruciaux.
Une contribution équitable pour les ultrariches
Il est essentiel de souligner que la demande d'une contribution fiscale juste des milliardaires ne repose pas sur un impôt exceptionnel ou punitif, mais sur l'idée d'un impôt normal, comparable à celui payé par les autres contribuables. Les ultrariches bénéficient des infrastructures, des services publics et de la stabilité politique des pays où ils résident ou investissent. Il est donc logique et équitable qu'ils contribuent proportionnellement à ces avantages. La justice fiscale exige que chacun paie sa part en fonction de ses moyens, afin de soutenir le bien commun et de réduire les inégalités.
Les solutions possibles
Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour remédier à cette situation. Premièrement, une harmonisation fiscale internationale pourrait réduire la compétition entre les États pour offrir les taux d'imposition les plus bas. Des accords internationaux pourraient établir des normes minimales de taxation des revenus du capital et des sociétés. Deuxièmement, les gouvernements peuvent renforcer la lutte contre l'évasion fiscale en améliorant la transparence financière et en augmentant les sanctions pour les fraudeurs. Enfin, l'implication des citoyens et des organisations de la société civile dans le débat sur la justice fiscale peut exercer une pression supplémentaire sur les décideurs politiques pour qu'ils adoptent des réformes nécessaires.
La faible contribution fiscale des milliardaires constitue une injustice flagrante et un obstacle majeur au financement des services publics et des investissements indispensables pour répondre aux crises actuelles. La mondialisation libérale et le lobbying des ultrariches ont exacerbé ce problème, mais des solutions existent pour rétablir une justice fiscale et renforcer la capacité des États à financer le bien commun. Il est temps pour les gouvernements de prendre des mesures audacieuses pour assurer que les plus fortunés paient leur juste part, contribuant ainsi à une société plus équitable et durable.