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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Les ombres des élections à Madagascar : l’interpellation des nations unies et l'imperatif des droits


L’intégrité du processus démocratique à Madagascar est mise en échec et mat, selon le bureau des droits de l’homme des Nations Unies, qui s'exprime avec gravité au sujet des récentes manifestations et de leur gestion par les autorités gouvernementales. En période électorale, un exercice libre et non faussé du droit de manifester devrait être une évidence incontestable. Cependant, la réalité du terrain, avec sa lourde charge de répressions, d'arrestations arbitraires, et de blessés, esquisse un tableau sombre, interpellant directement la conscience démocratique non seulement de la nation malgache, mais aussi de la communauté internationale.


La critique exprimée par Seif Magango, porte-parole du bureau onusien des droits de l’homme, ouvre une fenêtre sur une série de questions épineuses sur le lien intrinsèque entre le respect des droits fondamentaux de l’homme et la légitimité du processus électoral. Le gouvernement actuel est dans l'œil du cyclone, accusé de faire usage d'une «répression non nécessaire et disproportionnée» envers les manifestants pacifiques. Quelle est donc la place du droit de manifester dans une démocratie et comment l’exercice de ce droit influe-t-il sur la qualité et la crédibilité du processus électoral ?


L’opposition, qui n’a pas cessé de manifester et de revendiquer une reconfiguration institutionnelle, ainsi que son opposition à certaines candidatures, subit de plein fouet la répression de l'exécutif. Le récit des manifestations dispersées et des personnes arrêtées arbitrairement, tout comme l’utilisation de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc, suscite une réflexion aigüe sur les limites de l’intervention des forces de l’ordre dans le contexte d’expressions publiques de dissidence.


Face à cet environnement alarmant, le message de l’ONU va bien au-delà d’une simple critique : il est un appel, voire un cri, pour le respect des droits fondamentaux et un réel engagement envers un état de droit durant toute la période électorale. Il suggère que les forces de l'ordre doivent respecter les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion et s'abstenir d'utiliser une force disproportionnée, renforçant ainsi la nécessité d'un environnement sain, propice à la conduite d’élections libres et transparentes.


Le questionnement politique ici est vaste et profond : Comment les autorités, tout en assurant l'ordre public, peuvent-elles garantir et préserver les droits fondamentaux des citoyens, en particulier dans le contexte tendu d'une période électorale? Comment assurer que la voix du peuple, exprimée notamment à travers les manifestations publiques, est entendue, respectée, et prise en compte dans le processus politique? Et enfin, comment le gouvernement et la société civile peuvent-ils naviguer ensemble à travers ce climat turbulent pour assurer non seulement la conduite paisible des élections mais également leur légitimité et leur crédibilité?


Le regard de l’ONU, couplé à celui des acteurs nationaux et internationaux, met en lumière un dilemme poignant et révèle l'urgence de réfléchir à la manière dont la démocratie, dans toutes ses complexités, est vécue, protégée et promue à Madagascar. Ce débat dépasse les frontières malgaches et invite les démocraties du monde entier à se pencher sur la perpétuelle quête d'équilibre entre le maintien de l'ordre et la préservation des droits et libertés fondamentales.

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