Les Tsimihety, une ethnie unique de Madagascar, se distinguent par leur refus historique de se soumettre à l'autorité et leur riche culture guerrière.
Les Tsimihety, ou Antandroña, forment une ethnie de Madagascar connue pour leur bravoure et leur résistance face aux tentatives de domination des royaumes voisins. Leur nom, signifiant "ceux qui ne se coupent pas les cheveux", reflète leur indépendance et leur refus de se plier aux coutumes imposées par les autres peuples malgaches.
Localisation et démographie
Les Tsimihety occupent une région importante du nord de Madagascar, englobant la région de l'Androna, Mandritsara et Bealanana. Leur territoire est enclavé entre les Antankarana au nord, les Sakalava à l'ouest, les Betsimisaraka à l'est et les Sihanaka au sud. En 2005, leur population était estimée à environ 1 200 000 personnes.
Origines et histoire
Le révérend Père Bira Marc, ecclésiastique anglican d'origine tsimihety, a documenté la culture et l'histoire de ce peuple. Selon ses recherches, les Tsimihety descendent des Marondriana, ou Fanjakana Marosaina, un état composé de 38 clans (Andriambaloambitelopolo). Leur capitale était Fanorahana, et ils vivaient initialement dans des grottes comme celles de Sahasarotra pour se protéger des ennemis.
Un système politique unique
Les Tsimihety ont instauré un système politique sans roi, unique à Madagascar. Le pouvoir était exercé par un conseil de 38 nobles (Andriambaloambitelopolo) et un chef religieux et politique, le mpanazary, choisi pour sa capacité politique et reconnu par les nobles. Ce système collégial, où chaque décision passait par le conseil, a permis aux Tsimihety de maintenir leur indépendance jusqu'à la colonisation française.
Le refus de se couper les cheveux
La coutume de se couper les cheveux pour porter le deuil d'un souverain était répandue à Madagascar. Les Tsimihety, cependant, ont refusé de se plier à cette tradition lors de la mort de Radama Ier, ce qui leur a valu leur nom. Ce geste symbolisait leur indépendance face aux dynasties voisines comme les Sakalava du Boina et les Betsimisaraka des Zafirabay.
Expansion et influence
Occupant initialement la région de Mandritsara et orientés vers la baie d’Antongil, les Tsimihety se sont ensuite étendus vers les plaines du nord-ouest et Mahajanga, submergeant les Sakalava en déclin. Ils se sont adaptés à diverses pratiques agricoles, notamment la culture sur brûlis et l’élevage bovin, et ont été les premiers à faire confiance aux écoles françaises pour former de nouvelles élites.
Un peuple fédérateur
Les Tsimihety ont joué un rôle crucial dans le mouvement nationaliste malgache. En 1932, ils étaient bien représentés à l'école régionale d'Analalava. Leur attachement à la liberté et leur rejet de la monarchie ont fait d'eux des alliés naturels pour les Français après 1945, qui les ont vus comme un "peuple fédérateur".
Les Tsimihety de Madagascar sont un exemple fascinant de résistance et d'indépendance culturelle. Leur histoire et leurs traditions uniques, telles que leur système politique collégial et leur refus de se plier aux coutumes funéraires imposées, témoignent de leur esprit indomptable. Aujourd'hui, ils continuent de jouer un rôle important dans la culture et la société malgaches.