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L'ACTUALITÉ DEPUIS 1929

Madagascar en proie aux vindictes populaires

Selon des experts et des politiques, les exécutions populaires à Madagascar sont encouragées par un ensemble de facteurs convergents, tels que la crise de confiance envers la justice, la corruption, les tentatives de déstabilisation du pouvoir et les pactes coutumiers. Ces facteurs semblent contribuer à une certaine tolérance vis-à-vis de ces vindictes populaires.


À Madagascar, le système du "dina" est une pratique courante où les villageois se mettent d'accord sur des sanctions contre les bandits pris en flagrant délit. Cependant, l'application de ce pacte est sujette à controverse, car elle peut donner lieu à des exactions telles que des agressions physiques, des demandes de rançon et des exécutions de suspects. Bien que la loi de 2001 exige une homologation préalable du tribunal pour l'application du "dina", de nombreuses régions établissent leur propre pacte sans l'homologation, ce qui échappe au contrôle de la justice et favorise les vindictes populaires.


Le 5 novembre, à Mampikony, deux suspects accusés de meurtre ont été arrêtés, mais la foule locale a imposé leur exécution immédiate. La foule a ensuite attaqué la brigade de gendarmerie locale et incendié des maisons de gendarmes, ainsi que la prison de la ville. Quelques jours plus tard, à Beroroha, deux individus accusés de vol ont été lynchés par la foule avant même que les forces de l'ordre n'aient pu intervenir. Les autorités ont rapidement condamné ces exécutions et rejeté toute justification de la violence ou de la justice populaire. Le Premier ministre malgache a appelé la population à laisser la justice faire son travail, tout en accusant l'opposition de manipuler les gens pour déstabiliser le régime. Ces événements surviennent dans un contexte politique tendu, avec des périodes de graves turbulences politiques depuis 2009.


Le Premier ministre malgache a évoqué des facteurs politiques derrière l'augmentation des violences, accusant certains élus locaux d'encourager la désobéissance civile pour remplacer le gouvernement actuel. Cependant, des experts affirment que ces violences reflètent plutôt une crise de confiance envers les institutions étatiques, y compris la justice, la gendarmerie et la police, en raison de la corruption endémique et de l'impunité. La Commission nationale indépendante des droits de l'homme (CNIDH) attribue également l'augmentation des violences à la culture de l'impunité et appelle à une meilleure gouvernance et à des campagnes d'éducation citoyenne pour lutter contre la justice populaire.



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