À la veille de la mise en place du nouveau gouvernement, le Premier ministre Herintsalama Andriamasy Rajaonarivelo a émis une instruction ferme à l’attention de l’ensemble des hauts responsables de la Primature, des ministères et des organismes publics. L’objectif : protéger le patrimoine de l’État, assurer la continuité des services et garantir la transparence dans la gestion publique. Cette directive, datée du 21 octobre 2025, marque un tournant décisif dans la lutte contre les dérives administratives et l’instauration d’une gouvernance rigoureuse.
Un contexte institutionnel de transition et de vigilance accrue
L’instruction du Premier ministre intervient dans un moment délicat pour l’administration malgache. Le pays se trouve dans une période de transition politique, précédant la formation d’un nouveau gouvernement et la mise en place d’une nouvelle organisation institutionnelle. Ce type de période est traditionnellement propice aux flottements administratifs, voire aux dérives. C’est précisément pour éviter ces situations que le chef du gouvernement a choisi de poser un cadre clair.
Dans son document officiel, le Premier ministre souligne la nécessité de préserver le patrimoine de l’État en attendant la restructuration gouvernementale. Les hauts responsables de la Primature, des ministères et des institutions rattachées sont désormais tenus de dresser un inventaire exhaustif du matériel administratif. Cette liste comprend non seulement le mobilier et les véhicules de service, mais aussi les équipements informatiques, les documents en cours et les dossiers en instance. Autrement dit, tout ce qui compose la base matérielle et informationnelle de l’administration doit être identifié, répertorié et protégé.
Ce processus d’inventaire constitue un acte de transparence autant qu’un instrument de contrôle. Il vise à éviter toute perte, tout détournement ou toute disparition de biens publics pendant la période de transition. Le Premier ministre rappelle ainsi la responsabilité collective de chaque haut fonctionnaire dans la préservation des ressources nationales, symboles de l’autorité et du fonctionnement de l’État.
Cette instruction s’inscrit également dans un contexte économique et politique marqué par la nécessité de restaurer la confiance du citoyen envers les institutions. En renforçant la discipline et la rigueur au sein de l’appareil administratif, le gouvernement envoie un signal fort : l’ère du laisser-aller est révolue.
La protection du patrimoine de l’État : une priorité nationale
La première exigence du document officiel concerne la protection du patrimoine de l’État. Cette notion, souvent évoquée mais rarement mise en œuvre avec rigueur, revêt ici une importance capitale. Elle englobe non seulement les biens matériels, mais aussi les données, les archives et les ressources logistiques qui constituent la mémoire et l’efficacité de l’administration.
Le Premier ministre ordonne ainsi que chaque entité administrative — qu’il s’agisse d’un ministère, d’un service rattaché ou d’un organisme public — procède à un inventaire complet et actualisé. Les responsables doivent répertorier chaque bien, du véhicule de service au matériel informatique, en passant par le mobilier et les dossiers administratifs. Ce travail minutieux permettra de dresser un tableau clair et précis des ressources existantes et de leur état.
Cette démarche, en apparence purement bureaucratique, répond à des impératifs bien concrets. Les périodes de changement gouvernemental sont souvent synonymes de désorganisation : documents égarés, équipements endommagés ou transférés sans traçabilité, voire disparition de matériel. En imposant une telle rigueur, le Premier ministre veut assurer la continuité du service public et prévenir toute tentative de détournement ou de négligence.
La décision s’inscrit dans une logique de bonne gouvernance et de gestion responsable. Elle rappelle aux agents de l’État que les biens publics n’appartiennent pas à l’administration mais à la Nation. Leur usage doit donc être encadré, transparent et justifiable. Cette politique de préservation traduit une volonté de moderniser la fonction publique en instaurant une culture de reddition des comptes et d’imputabilité.
De plus, cette mesure pourrait servir de base à une réforme plus large du système de gestion patrimoniale de l’État. En disposant d’un inventaire centralisé et fiable, la Primature pourra mieux planifier les acquisitions, les réparations ou les cessions, évitant ainsi les doublons et les gaspillages.
Une interdiction stricte des dépenses et déplacements non autorisés
L’un des passages les plus marquants de cette instruction concerne la restriction des engagements financiers et des déplacements officiels. Jusqu’à la finalisation des audits de gestion et des passations de service, aucun haut responsable ne pourra quitter le territoire national sans une autorisation spéciale délivrée par la Primature. Cette mesure exceptionnelle vise à garantir la présence effective des décideurs administratifs durant toute la phase de transition.
Cette restriction traduit une volonté claire de contrôle et de responsabilité. En interdisant tout départ non autorisé, le Premier ministre veut s’assurer que chaque responsable assume pleinement la supervision de son département jusqu’à la fin du processus d’audit. L’absence de dirigeants dans ces périodes critiques pourrait compromettre la transparence des opérations, d’où cette vigilance accrue.
Sur le plan budgétaire, l’instruction ne laisse place à aucune ambiguïté : aucun nouvel engagement de crédit ne sera autorisé, à l’exception des dépenses strictement nécessaires à l’alimentation et à la subsistance. En d’autres termes, seules les dépenses essentielles au fonctionnement vital des institutions — notamment celles liées à la restauration collective ou à la logistique de base — pourront être maintenues.
Cette décision s’inscrit dans une démarche d’austérité et de discipline financière. Le gouvernement veut éviter toute dépense superflue, tout contrat précipité ou tout détournement déguisé en dépense de fonctionnement. Dans une économie encore fragile, chaque ariary public doit être utilisé avec discernement. La suspension des nouveaux crédits empêche également la prise d’engagements financiers hasardeux à la veille d’une réorganisation gouvernementale.
Ce dispositif s’inscrit dans une logique de continuité et de précaution : il s’agit d’assurer la stabilité des finances publiques tout en maintenant la capacité opérationnelle de l’administration. La rigueur budgétaire imposée ici préfigure probablement une politique économique plus large de rationalisation des dépenses publiques.
Des audits de gestion pour garantir la transparence et la reddition des comptes
Le texte officiel précise que des audits de gestion seront menés dans chaque ministère dans un délai de trois mois au maximum. Ces audits visent à évaluer la gestion des ressources matérielles, humaines et financières au sein des administrations. Ils permettront également de vérifier la conformité des pratiques avec les normes en vigueur et d’identifier les éventuelles irrégularités.
Ces contrôles constituent une étape cruciale de la réforme annoncée. Ils ne se limiteront pas à un simple examen comptable : ils viseront à établir la traçabilité de chaque décision, de chaque acquisition et de chaque dépense. L’objectif est clair : responsabiliser les gestionnaires publics et détecter toute anomalie avant la mise en place du nouveau gouvernement.
La mise en œuvre de ces audits s’inscrit dans la logique d’un État moderne et transparent. Le Premier ministre fait ici un choix courageux, car les audits sont souvent redoutés dans les sphères administratives. Ils mettent en lumière les dysfonctionnements, les mauvaises gestions, voire les malversations. En imposant cet exercice, le gouvernement réaffirme sa volonté de lutter contre l’opacité et la corruption.
Les résultats de ces audits auront sans doute des conséquences administratives et disciplinaires. Les gestionnaires négligents ou fautifs pourront être sanctionnés, tandis que les pratiques exemplaires serviront de modèle pour les futures réformes. En instaurant une telle procédure, la Primature instaure une culture de la redevabilité qui pourrait durablement transformer la fonction publique malgache.
Cette mesure s’inscrit dans la continuité d’autres initiatives de transparence publique, notamment la digitalisation progressive des processus administratifs et la publication de rapports budgétaires accessibles. Le contrôle, la traçabilité et la responsabilité deviennent ainsi les maîtres mots d’une administration rénovée.
Une exigence de rigueur et de discipline au service de l’intérêt général
Dans sa conclusion, le Premier ministre adopte un ton sans concession. Il affirme accorder une importance particulière à la stricte exécution de cette instruction et avertit que tout manquement ou écart ne sera pas toléré. Ce message ferme illustre une volonté d’imposer une discipline nouvelle au sein de la haute administration.
Cette rigueur n’est pas une fin en soi, mais un moyen de consolider la crédibilité de l’État. En exigeant de ses cadres une transparence totale, le Premier ministre veut restaurer la confiance du public dans les institutions. L’exemplarité administrative est présentée comme une condition essentielle du redressement national.
Ce discours s’inscrit dans un contexte plus large de moralisation de la vie publique. À travers cette directive, le gouvernement malgache entend démontrer que la bonne gouvernance n’est pas un slogan, mais une pratique quotidienne. Chaque ministère, chaque responsable, chaque agent est désormais appelé à incarner les valeurs de loyauté, de sobriété et de responsabilité.
Cette exigence de discipline peut également être interprétée comme une réponse à la lassitude populaire face aux scandales et à l’inefficacité administrative. En affirmant que « tous errements ne seront pas tolérés », le Premier ministre met fin à la complaisance souvent observée dans la gestion publique. Ce tournant disciplinaire pourrait annoncer une nouvelle ère dans la culture institutionnelle du pays.
La réussite de cette démarche dépendra toutefois de la capacité du gouvernement à accompagner cette rigueur d’une véritable réforme structurelle : modernisation des outils de gestion, formation du personnel, responsabilisation des gestionnaires intermédiaires et renforcement du contrôle interne. Sans ces leviers, l’instruction risquerait de rester une mesure symbolique.
Une gouvernance en mutation : entre espoir et responsabilité collective
L’instruction du 21 octobre 2025 constitue un acte politique fort. Elle dépasse le cadre administratif pour devenir un symbole de gouvernance renouvelée. En rappelant que les biens de l’État doivent être protégés et gérés avec intégrité, le Premier ministre trace les contours d’un État plus responsable, plus transparent et plus respectueux de l’intérêt public.
Cette démarche pourrait inspirer d’autres institutions. Si les inventaires, audits et contrôles sont menés avec sérieux, ils permettront d’établir une base de données nationale fiable du patrimoine public. Cette connaissance précise du capital matériel de l’État facilitera la planification budgétaire, l’entretien des équipements et la lutte contre les détournements.
Mais au-delà des chiffres et des procédures, cette instruction porte un message moral et civique : le respect du bien commun. Dans un pays où la confiance envers l’administration reste fragile, la transparence est une condition essentielle de la reconstruction institutionnelle. Le Premier ministre fait le pari de la rigueur, de la vérité et de la responsabilité partagée.
L’avenir dira si cette décision aura les effets escomptés. Mais elle témoigne d’une volonté politique rare de replacer la gestion publique au cœur du redressement national. En imposant la discipline aux plus hauts niveaux de l’État, le gouvernement espère enclencher une dynamique vertueuse qui, à terme, profitera à tous les citoyens.
Conclusion : une instruction pour refonder l’État par la transparence
L’instruction du Premier ministre Herintsalama Andriamasy Rajaonarivelo n’est pas un simple texte administratif. C’est un signal fort envoyé à l’ensemble de la fonction publique : celui du retour à la rigueur, à la transparence et à la responsabilité. Elle marque un moment de rupture avec les pratiques de laxisme et de complaisance qui ont trop souvent fragilisé l’administration.
En exigeant un inventaire exhaustif, en imposant des audits, en restreignant les dépenses et en encadrant les déplacements, le gouvernement malgache affiche sa volonté de restaurer la confiance et de consolider l’État. Cette démarche, si elle est suivie d’une application stricte et équitable, pourrait constituer une étape décisive vers une gouvernance exemplaire.
Au-delà des bureaux, des véhicules et des ordinateurs recensés, c’est une véritable philosophie administrative qui s’exprime à travers cette instruction : celle d’un État conscient de ses devoirs envers le peuple et soucieux de préserver le patrimoine collectif.
En ces temps d’incertitude politique, cette décision témoigne d’une volonté rare : faire de la transition un moment d’ordre et non de désordre, de transparence plutôt que d’opacité, de responsabilité plutôt que d’indifférence. Madagascar semble ainsi se donner les moyens de bâtir un avenir institutionnel fondé sur la rigueur, la confiance et la probité.



