top of page

L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Madagascar : les zones franches industrielles au cœur des prévisions de crédits bancaires pour le troisième trimestre 2025

Au troisième trimestre 2025, le secteur bancaire malgache s’apprête à renforcer son soutien aux entreprises exportatrices, en particulier celles des zones franches industrielles (ZFI). D’après les résultats de l’Enquête de conjoncture économique (ECE) menée par la Banky Foiben’i Madagasikara (BFM), les établissements financiers du pays prévoient une hausse notable des crédits octroyés à ces sociétés, dans un contexte mondial marqué par l’incertitude commerciale. Ce dynamisme bancaire vise à accompagner la résilience des industries malgaches face à la hausse des droits de douane américains, susceptible de peser sur les exportations nationales.

Les projections indiquent une progression significative de la part des crédits destinés aux ZFI, qui atteindrait 5,6 % du total des prêts au troisième trimestre, contre 4,4 % au trimestre précédent. Ce mouvement témoigne d’une volonté des banques de consolider la compétitivité des entreprises industrielles dans un environnement économique en recomposition.

ree

Une politique bancaire tournée vers les zones franches industrielles

L’enquête conduite par la Banky Foiben’i Madagasikara auprès des institutions financières révèle une orientation claire : soutenir davantage les zones franches industrielles, véritables moteurs des exportations malgaches. Ces zones regroupent un ensemble d’entreprises bénéficiant d’avantages fiscaux et douaniers, implantées principalement dans les régions d’Antananarivo, Antsirabe, Toamasina et Mahajanga. Elles jouent un rôle clé dans la création d’emplois et dans la génération de devises étrangères.

La BFM souligne que la décision des banques d’accroître leurs crédits aux ZFI répond à la nécessité d’anticiper les effets des nouvelles mesures commerciales imposées par les États-Unis, un des principaux marchés d’exportation de Madagascar, notamment dans les secteurs du textile et de la confection. Les droits de douane renforcés sur certains produits pourraient alourdir les coûts pour les exportateurs malgaches, d’où le besoin d’un appui financier accru pour absorber ces surcharges.

L’augmentation prévue de 1,2 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent marque une inflexion stratégique du secteur bancaire. En soutenant les zones franches, les banques visent à préserver la continuité des chaînes d’approvisionnement, à maintenir les emplois industriels et à garantir la stabilité des devises issues des exportations.

Cette orientation traduit également une confiance relative dans la capacité du secteur manufacturier malgache à s’adapter aux fluctuations économiques mondiales. Les zones franches, en particulier celles spécialisées dans le textile, l’agro-industrie et l’assemblage de composants électroniques, représentent une part considérable du tissu industriel du pays et un levier essentiel pour la croissance nationale.

Le commerce et le transport en tête des secteurs soutenus

Outre les zones franches industrielles, les secteurs du commerce et du transport demeurent les principaux bénéficiaires des financements bancaires au troisième trimestre 2025. D’après les prévisions issues de l’ECE, le commerce capterait environ 25 % du total des crédits bancaires, tandis que le transport bénéficierait de 16,7 %.

Ce choix s’explique par la nature stratégique de ces deux secteurs pour l’économie nationale. Le commerce représente la colonne vertébrale de l’activité économique, favorisant la circulation des biens et des revenus à travers le pays. Le transport, quant à lui, reste un pilier logistique indispensable à la fluidité des échanges intérieurs et à la connectivité des zones de production avec les ports et les marchés d’exportation.

Les banques privilégient ces domaines car ils offrent des retours sur investissement rapides et contribuent à soutenir la liquidité du système économique. Dans un contexte de tensions internationales et de hausse du coût des importations, renforcer la capacité de financement des opérateurs commerciaux et des transporteurs devient un impératif.

Les crédits accordés permettront notamment de financer les importations de matières premières, le renouvellement des flottes de transport, la logistique portuaire et la distribution des produits manufacturés sur le territoire. Ce soutien à court terme devrait contribuer à dynamiser la consommation et à amortir les effets des pressions inflationnistes.

La stabilité de ces deux secteurs est d’autant plus cruciale qu’ils jouent un rôle d’interface entre la production nationale et les marchés extérieurs. En renforçant leur solvabilité, les banques participent indirectement au maintien du rythme des échanges et à la vitalité du tissu économique malgache.

Un regain d’intérêt pour les industries extractives

Après plusieurs trimestres de stagnation, le secteur extractif malgache s’apprête à bénéficier d’un nouveau souffle. Les établissements financiers projettent en effet d’accorder 4,2 % du total des crédits au profit des activités minières et extractives au troisième trimestre 2025. Cette reprise des financements marque un signal positif pour un secteur longtemps fragilisé par les fluctuations des prix mondiaux et les incertitudes réglementaires.

La relance du crédit aux industries extractives reflète un retour de confiance dans la viabilité des grands projets miniers à Madagascar. Le pays, riche en ressources naturelles – nickel, cobalt, graphite, or et pierres précieuses – attire de nouveau l’attention des investisseurs. Les banques voient dans ce secteur une opportunité de diversification de leur portefeuille et un levier de croissance à moyen et long terme.

Les crédits devraient principalement servir à relancer les opérations de prospection, à moderniser les équipements et à financer les infrastructures de transport nécessaires à l’exportation des minerais. Cette orientation est soutenue par la reprise progressive de la demande mondiale en métaux et matériaux stratégiques, stimulée par la transition énergétique et les besoins croissants de l’industrie technologique.

Cependant, les acteurs financiers demeurent prudents. Le financement des projets extractifs nécessite une évaluation rigoureuse des risques, notamment environnementaux et sociaux. La BFM encourage les établissements de crédit à appliquer des standards de conformité élevés et à privilégier les projets respectueux des principes de durabilité.

Cette reprise du crédit dans le secteur minier s’inscrit aussi dans une logique de rééquilibrage économique : alors que les zones franches et les activités manufacturières absorbent la majorité des crédits à court terme, les projets extractifs offrent des perspectives d’investissement à long terme, contribuant ainsi à diversifier la base économique nationale.

Une stratégie bancaire adaptée aux défis économiques mondiaux

La redistribution prévue des crédits au troisième trimestre 2025 illustre la capacité du système bancaire malgache à ajuster ses priorités face à l’évolution de la conjoncture internationale. L’augmentation des coûts d’importation, la pression sur les devises et les fluctuations des politiques commerciales étrangères exigent une gestion plus fine du risque et des opportunités.

Les banques malgaches, en adaptant leurs portefeuilles, cherchent à concilier prudence et soutien à la croissance. La hausse des crédits en faveur des zones franches s’inscrit dans une stratégie d’accompagnement ciblé, où les établissements privilégient les entreprises exportatrices capables de générer des recettes en devises. Cette approche vise à préserver la stabilité monétaire tout en soutenant la balance commerciale du pays.

La Banky Foiben’i Madagasikara joue un rôle clé dans cette dynamique, en assurant le suivi macroéconomique et en garantissant la cohérence des orientations financières avec les objectifs nationaux. À travers son Enquête de conjoncture économique, elle fournit une lecture précise des anticipations bancaires et des tendances à court terme.

La Banque centrale encourage par ailleurs les institutions financières à diversifier leurs produits de crédit, notamment en direction des petites et moyennes entreprises (PME) intégrées aux chaînes d’approvisionnement des ZFI. Cet élargissement de l’accès au financement est essentiel pour renforcer le tissu industriel local et réduire la dépendance vis-à-vis des capitaux étrangers.

Dans un contexte où la compétitivité des exportations malgaches dépend étroitement de la fluidité du financement, cette orientation bancaire contribue à amortir les chocs extérieurs. Elle conforte également la place de Madagascar comme acteur régional dans les chaînes de valeur mondiales, particulièrement dans le textile, l’agroalimentaire et les industries légères.

Des perspectives encourageantes pour le troisième trimestre 2025

Les perspectives dressées pour le troisième trimestre 2025 laissent entrevoir une phase de consolidation pour le système bancaire malgache. Les prévisions de la BFM témoignent d’une reprise progressive de la confiance et d’une volonté affirmée de soutenir les secteurs productifs stratégiques.

Le renforcement du crédit aux zones franches industrielles devrait permettre de maintenir le dynamisme des exportations, malgré les défis posés par la conjoncture mondiale. Ce soutien est d’autant plus crucial que les ZFI représentent un pilier de l’emploi formel et un vecteur d’intégration économique internationale.

Parallèlement, les investissements dans le commerce, le transport et l’extraction minière traduisent un effort de diversification équilibrée des financements. Les banques cherchent à stimuler les secteurs capables de générer des revenus à la fois rapides et durables, tout en minimisant les risques d’exposition.

Cette approche coordonnée entre la Banque centrale, les institutions financières et les opérateurs économiques devrait contribuer à renforcer la résilience du pays face aux chocs externes. La flexibilité des politiques de crédit, combinée à un contrôle rigoureux des risques, permettra de préserver la stabilité du système financier tout en soutenant la croissance.

À long terme, l’enjeu sera de pérenniser cette dynamique de financement en orientant davantage les crédits vers les investissements productifs et innovants. Madagascar, qui ambitionne de consolider sa position dans les chaînes de valeur régionales et mondiales, devra continuer à s’appuyer sur un secteur bancaire solide, réactif et inclusif.

Conclusion : un levier stratégique pour la croissance économique

Les prévisions bancaires pour le troisième trimestre 2025 marquent une étape importante dans la redéfinition des priorités économiques du pays. L’accent mis sur les zones franches industrielles traduit la reconnaissance du rôle structurant de ces pôles dans le développement industriel, l’emploi et les exportations.

En soutenant les entreprises confrontées à la hausse des coûts douaniers et aux aléas commerciaux, les banques contribuent à préserver la compétitivité de Madagascar sur la scène internationale. Le commerce, le transport et les industries extractives viennent compléter ce panorama, assurant un équilibre entre financement à court terme et investissements à long terme.

L’action coordonnée des institutions financières, encadrée par la Banky Foiben’i Madagasikara, démontre la capacité du système bancaire à accompagner les mutations économiques du pays tout en maintenant sa stabilité.

L’avenir du crédit à Madagascar se dessine ainsi autour d’une vision proactive et sélective : investir là où la valeur ajoutée est la plus forte, là où les emplois sont durables et où les exportations assurent la vitalité des recettes publiques. Cette stratégie, conjuguée à une gouvernance économique renforcée, pourrait bien constituer l’un des piliers de la relance malgache à l’horizon 2025 et au-delà.

bottom of page