Mahajanga : Une quarantaine de personnes hospitalisées après une intoxication alimentaire lors d’une cérémonie
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 4 heures
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L’agitation règne à Mahajanga depuis le week-end dernier après une grave intoxication alimentaire survenue à la suite d’une cérémonie organisée à Amborovy. Plus de quarante personnes ont dû être hospitalisées dans différents établissements de santé de la ville. Les autorités sanitaires locales tentent de déterminer l’origine exacte de l’intoxication, tandis que les équipes médicales assurent la prise en charge des patients dont certains présentent des symptômes de fièvre typhoïde.

Une cérémonie qui tourne au drame
Ce qui devait être un moment de fête s’est transformé en épisode de panique et de souffrance. Le samedi 8 novembre, plusieurs dizaines de convives participaient à une cérémonie organisée à Teen Mission’s Amborovy, un lieu de rassemblement habituel pour des événements religieux et communautaires. La journée s’est déroulée normalement jusqu’à la fin de l’après-midi, lorsque les participants ont partagé un repas composé de plats variés : salade de pâtes, riz cantonais, salade de chou, gâteaux et autres mets préparés à l’avance.
Selon les premiers témoignages, le repas n’a été servi qu’à partir de 16 heures, après plusieurs heures d’exposition à la chaleur. À Mahajanga, où la température dépasse fréquemment les 30 degrés, la conservation des aliments représente un véritable défi, surtout en l’absence de moyens de réfrigération adéquats. C’est ce décalage entre la préparation et la consommation du repas qui pourrait être à l’origine de la contamination, même si les autorités n’écartent aucune autre hypothèse.
Quelques heures après la cérémonie, plusieurs participants ont commencé à ressentir des symptômes inquiétants : douleurs abdominales, nausées, maux de tête et vertiges. Au fil de la nuit, l’état de certains s’est aggravé, les obligeant à se rendre d’urgence à l’hôpital. Les premiers cas ont été signalés dès le lendemain, dimanche 9 novembre.
Une prise en charge rapide dans plusieurs hôpitaux
Face à l’afflux de patients, les établissements de santé de Mahajanga ont dû mobiliser leurs équipes pour faire face à cette situation inhabituelle. Trente-trois personnes ont été admises à l’hôpital Jean Paul II d’Antanimalandy, l’un des principaux centres médicaux de la ville. Dix autres patients ont été pris en charge au Centre Hospitalier Universitaire Mahavoky Atsimo, tandis que d’autres ont été dirigés vers des cliniques privées et des dispensaires de quartier.
Le personnel soignant, déjà sollicité par d’autres urgences sanitaires, s’est mobilisé dès les premières heures. Des médecins, infirmiers et aides-soignants ont travaillé sans relâche pour stabiliser les patients, la majorité présentant les mêmes symptômes : diarrhées aiguës, vomissements, douleurs abdominales intenses, fortes fièvres et frissons. Pour certains, les vertiges et la fatigue étaient tels qu’ils ont nécessité une perfusion immédiate afin d’éviter la déshydratation.
Les familles des malades se sont rassemblées devant les hôpitaux, dans l’inquiétude et la confusion, cherchant à obtenir des nouvelles de leurs proches. Selon les responsables médicaux, la coordination entre les différents établissements a permis d’éviter la saturation complète des services d’urgence. Des transferts ont été effectués lorsque cela s’avérait nécessaire pour assurer une meilleure répartition des soins.
Les médecins évoquent la fièvre typhoïde
Après plusieurs examens cliniques et analyses de laboratoire, les équipes médicales ont identifié une cause probable : la fièvre typhoïde. Cette maladie infectieuse, causée par la bactérie Salmonella typhi, se transmet principalement par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Dans le contexte de Mahajanga, où les températures élevées favorisent la prolifération bactérienne, une mauvaise conservation des plats peut rapidement transformer un repas festif en véritable source d’infection.
Les médecins estiment que la majorité des patients présentent des signes compatibles avec cette pathologie. Les symptômes relevés – fièvre élevée, douleurs abdominales, maux de tête, diarrhées et fatigue – correspondent à ceux de la typhoïde. Des analyses sanguines ont été réalisées pour confirmer les cas et adapter le traitement antibiotique à chaque patient.
Le docteur en charge du service d’infectiologie à l’hôpital Jean Paul II a expliqué que la situation restait sous contrôle grâce à la réactivité du personnel médical. « Aucun cas grave n’a été signalé jusqu’à présent. Les patients répondent favorablement au traitement, et leur état de santé s’améliore progressivement », a-t-il indiqué. Toutefois, les médecins rappellent que la fièvre typhoïde peut entraîner de sérieuses complications si elle n’est pas prise en charge rapidement.
Des conditions climatiques propices à la contamination
Mahajanga, ville côtière du nord-ouest de Madagascar, est connue pour son climat chaud et humide, particulièrement pendant la saison actuelle. Ces conditions sont idéales pour le développement de bactéries dans les aliments laissés à température ambiante. Lors d’événements communautaires, il est fréquent que les repas soient préparés plusieurs heures à l’avance, parfois sans respect strict des règles d’hygiène.
Dans le cas de la cérémonie d’Amborovy, le repas aurait été préparé le matin, puis conservé jusqu’à l’après-midi sans dispositif de réfrigération. La salade de pâtes, le riz cantonais et les plats à base de mayonnaise figurent parmi les plus sensibles à la chaleur. L’absence de chaîne du froid aurait donc pu favoriser la prolifération de germes pathogènes responsables de l’intoxication.
Les autorités locales ont rappelé l’importance du respect des normes sanitaires, en particulier lors de grands rassemblements. Le service régional de la santé publique a indiqué qu’une enquête est en cours afin de déterminer les responsabilités exactes et de prévenir la répétition d’un tel incident. Des prélèvements ont été effectués sur les restes de nourriture afin d’identifier la source de contamination.
Un appel à la vigilance et à la prévention
Cet épisode a provoqué une onde de choc au sein de la population de Mahajanga, rappelant la fragilité du système de surveillance sanitaire et la nécessité d’une vigilance accrue en matière d’hygiène alimentaire. Les autorités de santé ont immédiatement lancé un appel à la prudence à destination des organisateurs d’événements, des restaurateurs et des familles.
Les médecins insistent sur la nécessité de bien cuire les aliments, d’éviter les plats préparés longtemps à l’avance et de maintenir une hygiène stricte lors de leur manipulation. Ils recommandent également de se laver les mains régulièrement, d’utiliser de l’eau potable pour la cuisine et de vérifier la propreté des ustensiles. Ces gestes simples peuvent réduire considérablement les risques d’intoxication et de maladies infectieuses comme la fièvre typhoïde.
Dans les quartiers concernés, des campagnes de sensibilisation ont été menées pour informer la population sur les symptômes à surveiller et les mesures à prendre en cas d’apparition de signes suspects. Des agents de santé communautaires ont été déployés pour identifier d’éventuels nouveaux cas et orienter les malades vers les centres de soins les plus proches.
Un retour progressif à la normale dans les hôpitaux
À mesure que les jours passent, la situation semble se stabiliser. À l’hôpital Jean Paul II d’Antanimalandy, les médecins confirment que l’état de santé des patients n’inspire plus d’inquiétude. La plupart répondent bien au traitement et devraient pouvoir regagner leur domicile dans les jours à venir. Les autorités hospitalières ont tenu à rassurer la population, affirmant que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour éviter la propagation d’une éventuelle épidémie.
Le CHU Mahavoky Atsimo et les autres établissements concernés poursuivent le suivi médical des patients encore sous observation. Des analyses complémentaires sont toujours en cours pour déterminer la nature exacte de la contamination. Les résultats permettront d’adapter les protocoles de prévention et d’intervention pour les événements futurs.
Cet incident rappelle combien la sécurité alimentaire reste un enjeu majeur de santé publique à Madagascar. Dans un contexte de fortes chaleurs et de ressources limitées, la conservation des aliments demeure un défi quotidien. Les autorités locales espèrent que cette mésaventure servira de leçon et incitera chacun à adopter de meilleures pratiques d’hygiène, tant dans les foyers que lors des grands rassemblements.
Conclusion
L’intoxication alimentaire survenue à Amborovy a mis en lumière la vulnérabilité des populations face aux risques sanitaires liés à la nourriture mal conservée. Si la réactivité des services de santé a permis d’éviter le pire, cet épisode souligne la nécessité d’une sensibilisation continue à l’hygiène alimentaire et au respect des conditions de préparation des repas. Grâce aux soins prodigués par les équipes médicales de Mahajanga, la majorité des patients sont désormais hors de danger. Cependant, les autorités restent mobilisées pour identifier les causes exactes de l’incident et renforcer les mesures de prévention dans la région.