Au Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno, président sortant, a été déclaré vainqueur dès le premier tour de l'élection présidentielle avec 61,03 % des voix, selon les résultats officiels provisoires annoncés jeudi. Cette élection, survenue trois ans après que Déby a pris le pouvoir à la tête d'une junte militaire, laisse planer un climat de controverse. Succès Masra, le premier ministre battu avec seulement 18,53 % des voix, conteste fermement la victoire, évoquant des irrégularités dans le processus électoral.
Des résultats provisoires sous surveillance
Les résultats officiels, présentés par la commission électorale, attendent encore la validation du Conseil constitutionnel, un organe également nommé par Déby lui-même. Le taux de participation officiel est estimé à 75,89 %. La nomination des instances chargées de valider le scrutin par le président sortant ajoute à la méfiance de l'opposition, qui accuse la junte de manipuler le processus en faveur du général.
Tensions et manifestations à N'Djamena
L'annonce des résultats provisoires a suscité des réactions vives dans les rues de N'Djamena. Près du quartier général du parti de Masra, des tirs en l'air à l'arme légère ont été rapportés par l'Agence France-Presse, créant un climat d'intimidation et dissuadant les rassemblements. Les rues se sont rapidement vidées alors que les habitants cherchaient refuge dans leurs maisons.
Dans un contraste saisissant, des scènes de liesse éclataient près du palais présidentiel, où les partisans de Déby célébraient la victoire en chantant et en klaxonnant, les voitures couvertes du drapeau tchadien. Des soldats et civils ont manifesté leur joie en tirant des rafales de kalachnikovs en l'air, blessant au moins deux adolescents par des balles retombantes, selon un journaliste de l'Agence France-Presse.
Accusations de fraude de l'opposition
Avant la proclamation des résultats, Masra avait revendiqué la victoire via un long discours sur Facebook. Il accusait le camp Déby d'avoir manipulé les résultats pour déclarer la victoire du général. Cette contestation ouvre la voie à des affrontements politiques, exacerbés par les allégations de fraude et d'intimidation. Masra exhorte ses partisans à rester mobilisés, tout en dénonçant un processus électoral qu'il estime corrompu et non transparent.
L'incertitude persiste
La situation demeure tendue alors que le Conseil constitutionnel se prépare à examiner les résultats définitifs. Les contestations de l'opposition ajoutent à l'incertitude entourant la légitimité du mandat de Mahamat Idriss Déby Itno. La communauté internationale surveille de près l'évolution de la situation, espérant que les institutions du Tchad parviennent à maintenir la stabilité et à favoriser un dialogue pacifique entre les différents camps.
Dans un pays marqué par une histoire politique instable, ces élections représentent un moment crucial pour l'avenir du Tchad. Le nouveau président doit répondre aux préoccupations des citoyens tout en consolidant un climat politique qui reste fortement polarisé.