Mitsinjo Betanimena Toiara II dit non : la commune refuse le maire nommé de force
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 2 heures
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Lundi matin, 27 octobre 2025, la commune de Mitsinjo Betanimena, située dans le district de Toliara II, a été le théâtre d’une importante mobilisation populaire. Des habitants en colère sont descendus dans la rue pour exprimer leur opposition à l’installation du maire IRMAR, imposée par décision du Conseil d’État. Ce mouvement, marqué par la colère et la détermination, révèle un profond malaise autour de la gouvernance locale et du respect du suffrage populaire.


Une matinée sous tension à Mitsinjo Betanimena
Dès les premières heures du lundi, la tension était palpable dans la commune. Les habitants, regroupés en nombre, ont bloqué la route principale menant au centre administratif. Des barricades de fortune, faites de bois et de pierres, ont été dressées afin d’empêcher tout accès au bureau communal. Parallèlement, les portes de ce dernier ont été enchaînées à l’aide de chaînes métalliques, symbole fort du refus de la population face à ce qu’elle considère comme une injustice.Ce mouvement, bien que spontané, s’est organisé dans un calme tendu. Les manifestants affirmaient vouloir faire entendre leur voix face à une décision jugée contraire à la volonté populaire. Selon plusieurs témoins, la population a voulu signifier son ras-le-bol face à une ingérence perçue des autorités centrales dans les affaires locales.
La contestation d’une décision du Conseil d’État
Le cœur de la colère des habitants réside dans la décision du Conseil d’État, qui a récemment annulé les résultats des dernières élections municipales. À l’issue du scrutin, Nandrasana Augustin, candidat indépendant, avait été déclaré vainqueur. Sa victoire avait été validée par la Section de Recensement Matériel des Votes (SRMV), confirmant ainsi la légitimité de son élection.Cependant, cette reconnaissance n’aura été que temporaire. Le Conseil d’État, siégeant à Antananarivo, a rendu un nouvel arrêt proclamant la victoire du candidat IRMAR. Ce renversement inattendu a immédiatement provoqué la colère des habitants, qui y ont vu une atteinte à leur choix démocratique. Pour eux, cette installation forcée d’un maire rejeté par la majorité est une trahison du vote populaire.Le bureau communal, désormais fermé par les manifestants, symbolise cette rupture entre la population et l’administration centrale. La contestation dépasse la simple opposition politique : elle exprime un rejet de la manière dont les institutions traitent la souveraineté du suffrage.
Le souvenir d’élections municipales controversées
L’affaire de Mitsinjo Betanimena s’inscrit dans un contexte électoral déjà marqué par la méfiance. La commune faisait partie de celles où les élections municipales avaient été reprises dans leur intégralité, sur décision du tribunal administratif de Toliara. Cette reprise avait été décidée pour garantir la transparence et la régularité du processus électoral.Malgré ces précautions, la situation a continué de se dégrader. Les retournements de décisions judiciaires successives ont semé la confusion et l’incompréhension parmi les habitants. Pour beaucoup, l’élection de Nandrasana Augustin représentait une victoire populaire et une reconnaissance de leur voix. La décision du Conseil d’État d’imposer IRMAR, à leurs yeux, nie cette légitimité.Ce sentiment d’injustice s’est alors transformé en une mobilisation d’ampleur, rassemblant des habitants de tous âges autour d’un même mot d’ordre : le respect du choix du peuple. Les slogans scandés dans les rues et les banderoles brandies exprimaient clairement cette revendication démocratique.
Un rejet catégorique du PDS et un appel à la légitimité populaire
Outre leur opposition à l’installation du maire IRMAR, les habitants de Mitsinjo Betanimena ont également exprimé leur refus catégorique de voir un Président Délégué Spécial (PDS) prendre la tête de la commune. Selon eux, cette mesure ne ferait qu’aggraver la situation en éloignant encore davantage le pouvoir local de la volonté citoyenne.Les manifestants demandent donc que la personne élue par le peuple, en l’occurrence Nandrasana Augustin, soit reconnue et installée comme maire légitime. Leur revendication ne se limite pas à une question de nomination administrative : elle touche à la notion même de démocratie locale.Le message des habitants est clair : ils ne veulent ni d’une autorité imposée de l’extérieur, ni d’un représentant désigné par décret. Ils réclament la reconnaissance de leur vote, qu’ils estiment avoir été bafoué. Dans leurs discours, la colère se mêle à une profonde déception vis-à-vis des institutions, accusées de trahir la confiance des citoyens.
Une crise de confiance envers les institutions
La crise qui secoue Mitsinjo Betanimena dépasse le cadre d’un simple désaccord électoral. Elle met en lumière un problème plus large : la perte de confiance entre la population et les organes institutionnels censés garantir la justice et la transparence du processus démocratique.En annulant les résultats validés par les instances locales, le Conseil d’État a ouvert une brèche dans la perception du rôle des institutions centrales. Pour de nombreux habitants, cette décision reflète une méconnaissance du contexte local et une volonté d’imposer un choix venu d’en haut.Le mouvement de protestation, bien qu’ancré dans une situation spécifique, illustre une fracture grandissante entre le pouvoir central et les communautés rurales, souvent marginalisées dans les processus décisionnels. Les habitants de Mitsinjo Betanimena, par leur mobilisation, ont voulu rappeler que la démocratie ne se résume pas à un décret, mais repose sur la voix des citoyens.
Une commune en attente de dialogue et de reconnaissance
Face à cette crise, la commune de Mitsinjo Betanimena se retrouve dans une impasse. Le blocage du bureau communal empêche toute activité administrative, paralysant le fonctionnement local. Les autorités sont désormais confrontées à la nécessité d’engager un dialogue avec la population afin de désamorcer les tensions.Pour les habitants, la reconnaissance de Nandrasana Augustin demeure la seule issue acceptable. Ils appellent les institutions à entendre leur message et à respecter le choix issu des urnes. En attendant, la commune reste figée dans une atmosphère d’attente et de défiance, reflet d’une crise politique qui dépasse ses frontières.Cette situation, loin d’être isolée, interroge sur la place réelle accordée aux citoyens dans le fonctionnement de la démocratie locale. Elle pose la question de la transparence des processus électoraux et du respect des décisions émanant des juridictions de proximité.
En ce 27 octobre 2025, Mitsinjo Betanimena devient ainsi le symbole d’une lutte pour la reconnaissance du vote populaire face à la centralisation du pouvoir. Derrière les barricades et les chaînes, c’est toute une communauté qui réclame justice et respect de la volonté démocratique.