Le continent de Mu, hypothétiquement englouti, fascine depuis plus d'un siècle. Proposant l'existence d'une civilisation avancée et éteinte, cette théorie suscite curiosité et controverses parmi les scientifiques et les passionnés d'histoire.
Mu, également connu sous le nom de continent perdu de Mu, est une hypothèse selon laquelle un continent situé dans l'océan Pacifique aurait abrité une civilisation avancée. Proposée au XIXe siècle par le mayaniste Augustus Le Plongeon et popularisée par James Churchward, cette théorie est largement rejetée par la communauté scientifique, mais elle continue d'alimenter l'imaginaire collectif.
Origines de l'hypothèse de Mu
En 1866, Brasseur de Bourbourg mentionne pour la première fois le continent de Mu, basé sur une interprétation du Codex tro-cortesianus, un manuscrit maya. Ses traductions, aujourd'hui considérées comme fantaisistes, ont inspiré Augustus Le Plongeon à proposer l'existence de Mu. Le Plongeon suggérait que cette civilisation disparue avait propagé une technologie avancée à travers le monde, contribuant notamment à la construction des grandes pyramides.
James Churchward a joué un rôle crucial dans la diffusion de l'hypothèse de Mu avec son livre publié en 1926, "Le Continent perdu de Mu". Churchward affirmait avoir découvert des preuves de l'existence de Mu à travers des tablettes "Naacals" en Inde, des tablettes de Niven au Mexique et le Codex tro-cortesianus. Selon lui, Mu aurait été un empire prospère, peuplé de 64 millions d'habitants répartis en dix tribus. Il prétendait que ce continent avait été détruit il y a environ 12 000 ans par un cataclysme, et que ses colonies avaient survécu en Birmanie et en Amérique centrale.
Les théories de Churchward
Churchward a associé de nombreux sites archéologiques à Mu, tels que les Moaïs de l'île de Pâques, les ruines de Pohnpei et celles des îles Marquises. Il suggérait que Mu était à l'origine de toutes les grandes civilisations historiques, y compris celles de l'Inde, de Babylone et de l'Égypte. Selon lui, les structures imposantes trouvées dans ces régions ne pouvaient être le fait des peuples indigènes, mais plutôt d'une civilisation ancienne et avancée, celle de Mu.
Hypothèse de Kimura et structure de Yonaguni
En 1985, la découverte de la structure sous-marine de Yonaguni au large des côtes japonaises a ravivé les hypothèses sur une civilisation engloutie. Le professeur Masaaki Kimura a avancé que cette structure, submergée à la fin de la dernière glaciation il y a environ 12 000 ans, était d'origine humaine et aurait été construite par une civilisation disparue. Kimura suggère que cette découverte pourrait être une preuve de l'existence de Mu, mais cette théorie reste controversée.
Controverses et critiques
La théorie de Mu a fait l'objet de nombreuses critiques, notamment en ce qui concerne l'authenticité des preuves avancées par Churchward. Michel Raynal, un archéozoologue, considère que Mu est une invention de Churchward, soulignant des erreurs factuelles et méthodologiques dans ses travaux. Raynal argue que l'existence d'un continent englouti dans l'océan Pacifique est improbable, étant donné l'ancienneté du bassin océanique et la diversité de la faune et de la flore des archipels du Pacifique.
Les géologues et archéologues rejettent largement l'idée de Mu, affirmant qu'il n'existe aucune preuve géologique ou archéologique pour soutenir l'existence d'un tel continent. Ils soutiennent que les structures et les artefacts attribués à Mu par Churchward et ses partisans peuvent être expliqués par les capacités des civilisations indigènes de l'époque.
Malgré le rejet de l'hypothèse de Mu par la majorité des scientifiques, le mystère et l'attrait de cette théorie persistent. Les récits de civilisations disparues comme Mu continuent de captiver l'imagination, illustrant notre fascination pour les histoires de mondes perdus et de savoirs anciens. Tandis que la science démystifie progressivement ces légendes, la quête de découvrir des vestiges d'un passé oublié ne cesse de passionner explorateurs et chercheurs. Mu, bien que probablement fictif, demeure un symbole de notre désir de comprendre les mystères de notre monde.