La situation postélectorale au Nigeria est marquée par l'attente des résultats du premier tour de la présidentielle, alors que le futur président devra faire face à une situation économique critique en plus des défis sécuritaires.
Malgré la renommée internationale du Nigeria pour ses talents artistiques et entrepreneurs, la majorité des Nigérians, qui représentent 60% de la population, vivent dans l'extrême pauvreté, en particulier dans les zones rurales où l'accès aux services de base est inexistant. Malgré son potentiel économique avec ses ressources en hydrocarbures et ses terres fertiles, le PIB réel du pays a chuté de 30% depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel président Buhari en 2015, avec une croissance moyenne de seulement 1,4% qui n'a pas suivi la croissance de la population, conduisant à un appauvrissement généralisé.
La décision protectionniste de fermer la frontière avec le Bénin afin de promouvoir la production locale a entraîné une inflation accrue, encouragé les trafics et détruit des entreprises nigérianes qui dépendaient de produits intermédiaires importés via cette frontière. En outre, les Nigérians souffrent actuellement d'une sévère crise de liquidités causée par une réforme mal menée de la banque centrale, qui a retiré les anciens billets de naira avant l'élection pour limiter le rachat des voix, mais n'a pas été en mesure de distribuer les nouvelles coupures, pénalisant les ménages les plus faibles qui ont besoin de cash pour couvrir leurs dépenses quotidiennes.
La crise économique au Nigeria a propulsé l'inflation au-delà des 20%, augmenté le prix du pain de 35% et celui de l'essence de presque 100%. Le chômage touche un tiers des actifs et plus de 40% de la jeunesse, ce qui a entraîné une explosion de la criminalité, notamment des enlèvements quasi-industriels avec plus de 4 000 cas répertoriés en 2022. Les vols de pétrole sont également courants, représentant environ un quart de la production nigériane, tant par les habitants déshérités que par les trafiquants revendant le butin sur les marchés internationaux.
Le pétrole est la principale source de revenus et de devises pour le Nigeria, mais une grande partie est pillée par l'armée, la compagnie nationale et les autorités locales, ce qui décourage les compagnies internationales et entraîne un déclin de la production, aggravant la situation financière du pays.