Pépinières Industrielles : Miracle Économique ou Illusion Politique ?

Le gouvernement, à travers le Ministère de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation (MICC), a récemment lancé un programme ambitieux appelé ODOF (One District, One Factory). Ce projet vise à installer des unités de transformation agricole dans les districts d’Ambohidratrimo et d’Ankazobe, célèbres pour leur production de tomates et de taros respectivement. Mais est-ce vraiment le grand coup de pouce économique que ces régions attendaient, ou est-ce une simple manœuvre politique à l'approche d'échéances électorales ?
Une initiative louable, mais est-elle suffisante ?
L'objectif est de transformer localement les produits agricoles pour augmenter la valeur ajoutée et les revenus des agriculteurs. Les machines fournies ont la capacité de transformer une tonne de tomates en ketchup, sauce ou concentré par heure à Ambohidratrimo, et de produire des chips à Ankazobe. À première vue, l'initiative est louable. Mais la vraie question est : est-ce suffisant pour stimuler une économie durable ?
Les défis logistiques et humains
Au-delà de la provision d'équipements, il y a des défis logistiques et humains considérables. Qui va exploiter ces machines ? Ont-ils reçu une formation adéquate ? L'infrastructure locale est-elle prête à soutenir une telle entreprise ? Et surtout, est-ce que les chaînes de production et de distribution ont été pensées de manière à garantir que les bénéfices reviennent effectivement aux communautés locales ?
La question environnementale
Les unités de transformation sont souvent des grands consommateurs d'énergie et de ressources. Le passage d'une agriculture plus traditionnelle à une production industrielle peut avoir un impact significatif sur l'environnement. Les déchets générés et le traitement des eaux usées sont des préoccupations qui ne doivent pas être négligées.
Vers l’exportation : rêve ou réalité ?
L’idée d’exporter des chips à partir d'Ankazobe est séduisante, mais elle vient avec ses propres risques. Les marchés d’exportation sont volatils et soumis à des normes internationales strictes. Parier l'avenir économique d'une région sur l'exportation sans un plan solide pourrait être une stratégie risquée.
Quels bénéfices pour qui ?
Il y a également des questions autour de la concentration des bénéfices. Le risque est que seules quelques entreprises ou coopératives, déjà bien établies, bénéficient de cette initiative au détriment des petits agriculteurs.
Pour une démarche plus holistique
Le projet ODOF est certainement une initiative intrigante qui pourrait, si bien gérée, apporter des avantages économiques significatifs à ces districts. Cependant, une approche plus holistique, qui englobe la formation, l’infrastructure, l’environnement et une stratégie d’exportation bien étudiée, est nécessaire. Enfin, une réelle transparence et une participation communautaire seraient essentielles pour éviter que ce projet ne devienne qu'un autre outil dans la boîte à outils des manœuvres politiques.