Port-Bergé : Démantèlement d’un réseau QNET par la Police nationale
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 7 heures
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La ville de Port-Bergé, dans la région Sofia, a récemment été le théâtre d’une vaste opération de la Police nationale visant à démanteler un réseau d’escroquerie lié à l’entreprise QNET. Cette intervention, menée à la suite d’une enquête approfondie, a conduit à l’arrestation de dix-sept individus accusés de pratiques frauduleuses. L’affaire a provoqué un vif émoi dans la région, tant par l’ampleur du réseau que par la nature des faits reprochés.

Une enquête minutieuse et une première vague d’arrestations
Tout commence le 28 octobre 2025, dans le quartier d’Ankorovaka à Port-Bergé. Ce jour-là, la Police nationale procède à une opération d’envergure après plusieurs semaines de surveillance. Treize personnes sont interpellées alors qu’elles se livraient à la préparation d’un plan d’escroquerie fondé sur des promesses de revenus illusoires. Ces individus appartiennent à une organisation liée à QNET, une entreprise déjà connue pour ses activités suspectes dans plusieurs régions du pays.
Les premiers éléments de l’enquête mettent en lumière un mode opératoire bien rodé. Les suspects proposaient à des citoyens de rejoindre leur réseau moyennant le versement d’une somme importante, soit 3 600 000 Ariary. En échange, les recrues se voyaient promettre des gains conséquents à condition d’attirer à leur tour de nouveaux membres. Ce système, qui repose sur un recrutement en chaîne, présente toutes les caractéristiques d’une arnaque pyramidale.
Les forces de l’ordre, alertées par de multiples plaintes, ont alors décidé d’intervenir. L’arrestation des treize premiers suspects marque un tournant dans la lutte contre ce type de fraude dans la région. Les individus appréhendés sont aussitôt placés en garde à vue pour les besoins de l’enquête et pour déterminer l’étendue exacte de leurs activités.
Des pratiques assimilées à une escroquerie pyramidale
Le mode de fonctionnement du réseau QNET à Port-Bergé repose sur une mécanique bien connue des enquêteurs : le principe de la chaîne sans fin. Chaque membre versait une somme d’argent afin d’intégrer le système, avec la promesse d’un retour sur investissement rapide. Pour percevoir ces gains, il leur fallait à leur tour recruter d’autres participants, appelés à investir la même somme. En réalité, aucun produit tangible ni aucune prestation réelle ne justifiaient ces transactions.
Ce procédé, souvent dissimulé sous l’apparence d’un programme de marketing ou de formation, est en réalité illégal. Il s’agit d’un stratagème classique d’escroquerie, où les premiers recruteurs profitent des fonds apportés par les nouveaux adhérents. Une fois le recrutement saturé, le système s’effondre, laissant la majorité des participants ruinés.
Selon les enquêteurs, les membres du réseau de Port-Bergé avaient déjà collecté d’importantes sommes d’argent auprès de leurs victimes. Certaines personnes, séduites par les promesses de revenus, auraient vendu leurs biens ou contracté des dettes pour rejoindre le système. Les témoignages recueillis décrivent un climat de confiance trompeuse, entretenu par des discours persuasifs vantant un prétendu programme d’investissement international.
Le volet judiciaire et les premières inculpations
À la suite des arrestations du 28 octobre, quatre suspects ont été déférés devant le tribunal PAC de Mahajanga, le Pôle anti-corruption chargé de la poursuite des procédures judiciaires. Cette juridiction spécialisée est compétente pour traiter les affaires impliquant des détournements, des fraudes financières et des réseaux organisés.
Les suspects ont été inculpés pour escroquerie et association de malfaiteurs. Le parquet a souligné la gravité des faits, insistant sur le caractère prémédité et structuré du réseau. Selon les premiers éléments du dossier, les responsables jouaient un rôle central dans l’organisation, fixant les montants à verser et dictant les consignes de recrutement à leurs subordonnés.
Le tribunal a ordonné la poursuite des investigations afin d’identifier d’autres complices potentiels et de retracer les flux financiers. Les autorités judiciaires souhaitent également déterminer si le réseau de Port-Bergé était rattaché à des structures similaires dans d’autres régions. Cette approche vise à comprendre l’ampleur de l’emprise de QNET sur le territoire et à prévenir la reconstitution de telles cellules.
La reprise des activités du réseau et une nouvelle intervention policière
Alors que l’affaire suivait son cours devant la justice, un nouveau rebondissement survient le 3 novembre 2025. Malgré les arrestations précédentes, il est constaté que le réseau QNET a repris ses activités, cette fois dans une maison située à Mahasalama, toujours à Port-Bergé.
Informée de cette reprise illégale, la Police nationale réagit sans délai. Une nouvelle opération est déclenchée et conduit à l’arrestation de huit autres personnes, parmi lesquelles figurent trois responsables identifiés comme les principaux animateurs du réseau. Les cinq autres individus interpellés avaient déjà été mentionnés dans l’affaire initiale, ce qui tend à prouver la persistance de l’organisation malgré les mesures judiciaires en cours.
Cette seconde vague d’arrestations témoigne de la ténacité du réseau et de sa capacité à se réorganiser rapidement. Les autorités ont d’ailleurs souligné la complexité de ce type d’affaire, où les membres opèrent souvent de manière discrète, multipliant les points de rencontre et les canaux de communication pour échapper à la surveillance.
La perquisition du domicile de Mahasalama a permis la saisie de documents et de matériels suspects, susceptibles d’apporter de nouveaux éléments à l’enquête. Ces preuves devraient permettre de retracer les transactions financières et d’identifier les comptes utilisés pour transférer l’argent collecté auprès des victimes.
Les suites de l’enquête et les enjeux pour la lutte contre la fraude
L’ensemble des dix-sept personnes arrêtées est désormais placé en garde à vue par la Police nationale. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations afin de déterminer l’ampleur réelle du réseau et d’évaluer les pertes subies par les victimes. Les autorités souhaitent également remonter la chaîne des responsabilités pour savoir si des complices opèrent depuis d’autres régions ou même à l’étranger.
Cette affaire illustre une fois de plus la nécessité d’une vigilance accrue face aux systèmes de recrutement frauduleux. Les forces de l’ordre rappellent que tout programme promettant des gains rapides sans effort repose souvent sur des bases illégales. Le ministère de la Sécurité publique a d’ailleurs salué l’efficacité de l’intervention policière à Port-Bergé, tout en appelant les citoyens à signaler tout comportement suspect.
Les campagnes de sensibilisation devraient être renforcées afin d’informer la population sur les risques liés à ces réseaux d’escroquerie. Les autorités locales envisagent également des actions conjointes avec les services de la Justice et de l’Économie pour prévenir la propagation de telles pratiques.
La coopération entre la Police nationale et les juridictions spécialisées reste un élément clé pour la réussite de ces opérations. À travers cette affaire, les institutions réaffirment leur engagement à protéger les citoyens contre les arnaques financières et à faire appliquer la loi avec rigueur.
Une prise de conscience collective face aux dérives du marketing illégal
Au-delà des arrestations et des poursuites judiciaires, le démantèlement du réseau QNET à Port-Bergé met en lumière un phénomène plus large : la prolifération de systèmes présentés comme des opportunités économiques mais reposant sur des fondements illégaux. Ces programmes, souvent diffusés par le biais d’Internet ou de réunions locales, exploitent la crédulité et la précarité économique de nombreux citoyens.
Les autorités malgaches redoublent d’efforts pour endiguer ce fléau, notamment à travers des campagnes d’information et la mise en garde du public contre les entreprises aux méthodes douteuses. Le cas de Port-Bergé pourrait servir d’exemple pour d’autres régions où des pratiques similaires ont été signalées.
Le rôle des médias et de la société civile est également crucial. En relayant les informations officielles et en alertant sur les risques, ils contribuent à la prévention de nouveaux cas d’escroquerie. Les victimes, de leur côté, sont encouragées à porter plainte et à coopérer avec les autorités pour que justice soit rendue.
Cette affaire marque un pas important dans la lutte contre les activités frauduleuses à Madagascar. Elle démontre la détermination de la Police nationale et du système judiciaire à démanteler les réseaux qui abusent de la confiance des citoyens et menacent la stabilité économique des foyers.
Conclusion
Le démantèlement du réseau QNET à Port-Bergé constitue une étape majeure dans la lutte contre les escroqueries pyramidales dans la région Sofia. En arrêtant dix-sept individus impliqués dans ce vaste système d’arnaque, la Police nationale a envoyé un signal fort : aucune activité frauduleuse ne restera impunie.
L’affaire met également en évidence la nécessité d’une sensibilisation continue de la population face aux promesses d’enrichissement rapide. La vigilance collective, associée à la rigueur des autorités, demeure la meilleure arme pour prévenir de telles dérives et protéger les citoyens contre les manipulations économiques.