L'ambiance est morose sur les marchés malgaches. Le riz, pilier alimentaire du pays, voit son prix grimper de façon alarmante, à tel point qu'il devient une denrée de luxe pour de nombreux ménages. Une situation critique qui pose des questions sur la politique économique du pays et sur la résilience des Malgaches face à la crise alimentaire mondiale.
L'élévation du coût du riz sur les étals frappe particulièrement les familles de la classe moyenne. R.A, une mère de famille, nous raconte qu'elle doit désormais revoir ses habitudes de consommation. L'achat d'un sac complet de riz à chaque fin du mois devient un lointain souvenir, les prix prohibitifs l'obligeant à réduire ses quantités. Avec un prix qui oscille autour de 3 300 ariary le kilo pour le riz local prisé, le manalalondo, il n'est pas étonnant que les ménages se tournent vers l'achat au kapoaka. D'autres variétés moins coûteuses telles que le vary mahitsy ou le makalioka offrent une alternative, mais le poids financier reste considérable.
L'impact ne se fait pas seulement sentir sur les consommateurs. Les épiciers, pierre angulaire de l'économie locale, ressentent la pression. La baisse des ventes, combinée à la nécessité de réduire leurs marges pour ne pas dissuader les acheteurs, crée une ambiance d'inquiétude. Certains commerçants pointent du doigt la politique du gouvernement, citant une dépendance excessive au riz importé, dont le coût élevé influence le prix du riz local.
Mais derrière ce tableau sombre, se cache une réalité mondiale. La flambée des prix du riz n'est pas uniquement le fruit des politiques intérieures. Les perturbations climatiques, telles que la sécheresse et le réchauffement global, ainsi que les décisions politiques de grands producteurs comme l'Inde, ont contribué à déstabiliser le marché mondial. Le riz thaï, référence en Asie, a atteint des sommets à 650 dollars la tonne, soit une augmentation de 50% en un an. Les restrictions d'exportation de l'Inde et les catastrophes naturelles en Chine ont exacerbé la situation.
Face à cette conjoncture, la question demeure : comment Madagascar peut-elle naviguer dans cette tempête alimentaire ? Les stratégies pour renforcer l'autosuffisance alimentaire et réduire la dépendance à l'importation doivent être au centre des débats. Pour l'instant, le riz, symbole de nourriture et de vie pour des millions de Malgaches, devient l'emblème d'une crise silencieuse. La "vary gasy", jadis accessible à tous, se transforme lentement en un luxe, poussant les familles à mesurer chaque grain.