Pêche et économie bleue : l’Union européenne et Madagascar confirment un partenariat durable.
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 4 heures
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La visite de courtoisie de Son Excellence Monsieur Roland KOBIA, Ambassadeur de l’Union européenne, auprès du Ministre de la Pêche et de l’Économie bleue, Monsieur CHAN KIT WAYE Jaco, s’est tenue dans le bureau du ministre à Ampandrianomby. Derrière le protocole d’une rencontre officielle, l’échange a mis en lumière un message central : l’Union européenne réaffirme la solidité de son partenariat avec Madagascar, un engagement inscrit dans plus de soixante années de coopération. Cette longévité, rappelée par l’ambassadeur, situe la relation dans une continuité historique et politique qui dépasse la simple actualité du moment. Dans le contexte actuel, l’UE a également exprimé sa disponibilité à poursuivre un dialogue constructif et attentif avec les autorités malgaches. De son côté, le ministre a présenté les priorités stratégiques du Ministère de la Pêche et de l’Économie bleue, en insistant sur l’assainissement du secteur et la lutte contre la corruption, le développement de l’entrepreneuriat et de l’économie bleue, la valorisation durable et optimale des ressources halieutiques, ainsi que le renforcement de la gouvernance au bénéfice des communautés de pêcheurs. Ces orientations, ont noté les deux parties, s’inscrivent en cohérence avec les axes d’intervention soutenus par l’Union européenne dans les domaines de la gouvernance, de la durabilité et du développement économique. L’entretien a enfin permis d’évoquer les projets en cours ainsi que les perspectives de collaboration dans les prochains mois, avec un objectif commun : renforcer les filières halieutiques et soutenir les communautés littorales.

Une visite de courtoisie au cœur d’une relation ancienne
La rencontre entre l’Ambassadeur de l’Union européenne et le Ministre de la Pêche et de l’Économie bleue relève d’abord d’un geste diplomatique. La visite de courtoisie est un moment codifié : elle permet de réaffirmer des liens, de saluer les interlocuteurs, et de maintenir un canal de communication direct entre partenaires. Le cadre choisi, le bureau ministériel à Ampandrianomby, renforce la dimension institutionnelle de l’échange. Il ne s’agit pas d’une simple conversation de circonstance, mais d’un dialogue inscrit dans le fonctionnement normal des relations entre Madagascar et l’Union européenne.
L’ambassadeur a tenu à rappeler la solidité du partenariat. L’expression n’est pas anodine. En diplomatie, la solidité renvoie à deux dimensions : la confiance et la durée. Les deux sont étroitement liées ici, puisque la coopération entre l’UE et Madagascar s’inscrit dans plus de soixante ans. Une telle ancienneté suggère l’existence de mécanismes de travail déjà éprouvés, d’habitudes de dialogue, et de projets accumulés dans le temps. Sans entrer dans des détails non mentionnés, cette simple référence à une coopération de longue date suffit à situer la relation dans une trajectoire durable, où les partenaires se connaissent et se reconnaissent.
Cette longévité a été évoquée pour ancrer la discussion dans une perspective large. L’ambassadeur ne parle pas seulement du présent, mais de la continuité. Ainsi, la visite se lit comme un rappel que les sujets actuels abordés par le ministère malgache de la Pêche et de l’Économie bleue s’intègrent dans un cadre déjà existant de coopération. L’UE ne se place pas en observateur ponctuel : elle se présente comme un partenaire constant.
Dans ce contexte, l’affirmation de la disponibilité européenne à poursuivre un dialogue constructif et attentif prend un relief particulier. Le mot constructif renvoie à l’idée d’un échange orienté vers des solutions et des avancées, tandis qu’attentif indique une volonté d’écoute, de compréhension et d’ajustement. Ces termes, employés dans le contexte actuel, montrent une attention à l’environnement dans lequel évolue Madagascar. Là encore, sans ajouter de faits extérieurs, on peut dire que l’UE situe son soutien non comme une formule figée mais comme une démarche dialoguée, susceptible de s’adapter aux enjeux présents.
Enfin, le caractère courtois de la visite ne doit pas faire oublier qu’elle permet aussi de fixer des priorités communes. Les visites de ce type sont souvent l’occasion de poser, ou à tout le moins de confirmer, les bases d’une collaboration et d’une compréhension partagée. La suite de l’échange a d’ailleurs montré que les deux parties ont aligné leur lecture des enjeux de la pêche et de l’économie bleue autour de priorités convergentes.
Les priorités malgaches : assainir le secteur et lutter contre la corruption
Lors de l’entretien, le ministre a rappelé les priorités stratégiques du Ministère de la Pêche et de l’Économie bleue. La première, explicitement citée, concerne l’assainissement du secteur et la lutte contre la corruption. Cette double formulation est révélatrice : assainir implique un nettoyage, une remise en ordre, une volonté de transformer des pratiques qui posent problème ; la lutte contre la corruption en précise la cible. Le ministre place donc l’intégrité et la transparence au premier rang des objectifs.
L’assainissement d’un secteur peut se comprendre comme l’amélioration de ses règles, de ses contrôles et de son fonctionnement global. Dans le cas de la pêche et de l’économie bleue, cela signifie que le ministère entend renforcer les conditions d’un cadre plus clair, plus fiable et plus équitable. L’objectif n’est pas seulement moral : il est aussi économique et social, puisqu’un secteur assaini est plus à même de générer une activité durable, de stimuler des initiatives et de redistribuer des bénéfices de manière juste.
La corruption est, par définition, un facteur de désorganisation. Elle peut détourner les ressources, affaiblir la confiance, et créer des distorsions qui pénalisent les acteurs respectueux des règles. En affichant la lutte contre la corruption comme priorité stratégique, le ministère indique une volonté politique de mettre ce phénomène au centre de son action. Il s’agit d’une orientation forte, d’autant plus qu’elle est citée en premier. Le ministre fait ainsi de la gouvernance interne du secteur un préalable à toute autre transformation.
Ce choix de priorité éclaire également le reste de la stratégie. Un secteur de la pêche n’est pas uniquement un ensemble d’activités économiques : il est lié à des ressources naturelles, à des communautés, à des circuits de commercialisation et à une administration publique. Dès lors, l’assainissement et la lutte contre la corruption donnent à la stratégie un socle de légitimité. Autrement dit, avant de parler de développement, de valorisation ou d’entrepreneuriat, il faut s’assurer que les règles sont saines. Le ministre présente donc une hiérarchisation des objectifs : la gouvernance et l’intégrité comme base, puis le développement et la durabilité comme horizons.
Dans le dialogue avec l’Union européenne, cette priorité résonne directement avec l’un des axes d’intervention évoqués : la gouvernance. Les orientations du ministère s’inscrivent en cohérence avec les domaines soutenus par l’UE, notamment la gouvernance. Sans inventer de dispositifs ou de programmes, on peut souligner que cette convergence va dans le sens d’un partenariat qui valorise la transparence, la responsabilité et l’efficacité institutionnelle. Le ministre et l’ambassadeur semblent ainsi partager le diagnostic selon lequel une gouvernance solide est indispensable au progrès du secteur.
Développer l’entrepreneuriat et l’économie bleue : une ambition structurante
La deuxième priorité stratégique évoquée par le ministre est le développement de l’entrepreneuriat et de l’économie bleue. Donner une place explicite à l’entrepreneuriat signifie mettre l’accent sur l’initiative économique, l’innovation et la création d’activités. L’économie bleue, quant à elle, renvoie à la valorisation des ressources marines et aquatiques de manière durable, au bénéfice du développement. Le ministre place donc l’action publique dans une perspective qui combine croissance économique et utilisation responsable des ressources liées au milieu marin.
Associer entrepreneuriat et économie bleue indique une volonté de transformer le secteur au-delà de son organisation actuelle. L’entrepreneuriat suppose la capacité de créer des projets, de prendre des risques, d’inventer des solutions et de structurer des marchés. Dans le cadre de la pêche et de l’économie bleue, cela signifie favoriser l’émergence d’acteurs capables d’apporter de la valeur ajoutée aux activités existantes. Le ministre ne détaille pas les modalités, et il n’est pas question d’en inventer. Mais l’orientation stratégique est claire : il s’agit de stimuler une dynamique économique tournée vers l’avenir.
L’économie bleue est, dans ce rappel ministériel, un horizon global. Elle ne se limite pas à la pêche comme activité de prélèvement. Elle renvoie à un système plus vaste, dans lequel les ressources aquatiques sont considérées comme un levier de développement. Le ministre insiste sur ce point en la plaçant comme priorité en tant que telle. L’économie bleue, ici, est une vision de développement qui doit se traduire par un tissu économique plus fort, plus diversifié et mieux intégré à la logique de durabilité.
Cette orientation se veut compatible avec les axes européens de durabilité et de développement économique. Les priorités du ministère s’inscrivent en cohérence avec les domaines soutenus par l’Union européenne. Le mot cohérence est essentiel. Il ne s’agit pas de deux agendas parallèles, mais de chemins qui se croisent et se renforcent. Dans ces conditions, l’entrepreneuriat et l’économie bleue deviennent un terrain naturel de collaboration, puisqu’ils se situent à l’intersection entre croissance et durabilité.
Le rappel de cette priorité dans une rencontre diplomatique indique aussi l’importance qu’elle revêt pour le gouvernement malgache. Face à l’ambassadeur de l’UE, le ministre choisit de mettre en avant cet axe stratégique. Cela suggère que l’entrepreneuriat et l’économie bleue ne sont pas des thèmes secondaires mais un pilier du projet sectoriel. La présence de l’UE, partenaire historique, permet de présenter ces ambitions dans un cadre international de soutien, mais aussi de dialogue sur les perspectives de coopération.
Valoriser durablement les ressources halieutiques et renforcer la gouvernance locale
Parmi les priorités stratégiques rappelées, le ministre a également cité la valorisation durable et optimale des ressources halieutiques, ainsi que le renforcement de la gouvernance au bénéfice des communautés de pêcheurs. Ces deux éléments sont liés. Valoriser durablement implique de tirer le meilleur parti des ressources halieutiques tout en garantissant leur pérennité. Renforcer la gouvernance au bénéfice des communautés insiste sur un objectif social et institutionnel : les pêcheurs et les communautés littorales doivent être au cœur du dispositif.
La valorisation durable et optimale ne se limite pas à un usage intensif des ressources. Le choix des mots durable et optimale insiste sur l’équilibre. Durable implique une gestion qui respecte la capacité de renouvellement des ressources. Optimale suggère une utilisation efficace, qui évite le gaspillage et qui maximise les bénéfices. Le ministre place donc la question des ressources dans une logique de responsabilité et d’efficience.
Cette priorité s’inscrit clairement dans l’axe de durabilité soutenu par l’Union européenne. Les orientations du ministère sont cohérentes avec les axes européens en matière de durabilité. La durabilité est ici une valeur partagée. Elle apparaît comme un point d’accord fondamental entre les partenaires. Les deux parties s’accordent sur le fait que les ressources halieutiques doivent être valorisées de manière durable.
Le renforcement de la gouvernance au bénéfice des communautés de pêcheurs complète ce tableau. Il ne s’agit pas seulement de gouvernance au sens administratif : l’accent est mis sur son impact social. Les communautés de pêcheurs sont explicitement mentionnées comme bénéficiaires. Cela signifie que la stratégie du ministère vise à améliorer la manière dont le secteur est géré pour qu’elle profite directement aux acteurs qui en vivent.
La référence aux littoraux renforce la dimension territoriale et humaine de la stratégie. Les communautés littorales, comme les communautés de pêcheurs, sont au centre du secteur halieutique. En parlant de bénéfice, le Ministre souligne que la gouvernance ne doit pas être abstraite : elle doit produire des effets concrets pour ceux qui sont directement concernés.
Dans l’échange avec l’UE, ce volet social et de gouvernance locale résonne aussi avec l’axe européen de gouvernance. L’UE soutient des interventions dans ce domaine, et les priorités malgaches y sont alignées. L’idée de gouvernance, au sens large, inclut l’organisation, la transparence, la participation et l’équité. C’est un champ où un partenariat historique peut se déployer sur de nouvelles perspectives, précisément parce que les priorités exprimées convergent.
Ainsi, la valorisation durable des ressources et le renforcement de la gouvernance ne sont pas présentés comme deux lignes séparées. Ils forment un ensemble stratégique : une gestion équilibrée des ressources ne peut être durable que si la gouvernance est solide et tournée vers les communautés, et une gouvernance bénéfique suppose de disposer de ressources gérées de façon responsable. Le ministre, en associant ces priorités dans la même liste, donne à la stratégie une cohérence interne qui correspond à la cohérence externe avec les axes européens.
Projets en cours et perspectives communes : renforcer les filières et soutenir les littoraux
La dernière partie de l’échange a porté sur les projets en cours et sur les perspectives de collaboration dans les prochains mois. Ils partagent l’intention de renforcer les filières halieutiques et soutenir les communautés littorales. Cet objectif commun éclaire le sens de la discussion. Les projets sont évoqués non pour être listés, mais pour être inscrits dans une trajectoire de renforcement et de soutien.
Les filières halieutiques désignent l’ensemble des activités liées aux ressources de pêche, depuis les acteurs de terrain jusqu’aux structures d’organisation et de valorisation. Dire que les deux parties veulent les renforcer revient à affirmer qu’elles voient dans ce secteur une priorité de développement.
L’objectif de soutien aux communautés littorales est étroitement associé à celui des filières. Les littoraux sont les espaces où les activités halieutiques sont le plus directement ancrées. Soutenir les communautés littorales signifie accompagner les populations qui dépendent de la pêche et des ressources marines. Cette mention, conjointe à celle des communautés de pêcheurs évoquées dans les priorités ministérielles, renforce un message social clair : le développement du secteur ne doit pas se faire sans les personnes qui y travaillent.
L’échange sur les perspectives des prochains mois montre aussi que la relation est dynamique. L’UE a exprimé sa disponibilité à poursuivre un dialogue constructif et attentif : l’évocation de projets et de perspectives s’inscrit dans cette logique. Les partenaires ne se contentent pas d’une déclaration d’intention ; ils abordent les actions engagées et celles à venir. La rencontre sert donc de point de synchronisation entre les priorités nationales et le partenariat européen.
Cette partie de la discussion est aussi la synthèse pratique des convergences précédemment établies. Les priorités du ministère — assainissement, entrepreneuriat, durabilité, gouvernance pour les pêcheurs — sont cohérentes avec les axes européens — gouvernance, durabilité, développement économique. Les projets en cours et les perspectives concrètes se situent au croisement de ces champs. C’est là que la collaboration prend forme. L’objectif commun rappelle le sens de ce partenariat : agir sur les filières halieutiques avec une attention particulière aux communautés littorales.
Au fond, cette visite de courtoisie apparaît comme un acte de continuité et d’alignement stratégique. Continuité, parce qu’elle s’inscrit dans soixante ans de coopération. Alignement, parce que les priorités du ministère et les axes soutenus par l’UE sont présentés comme cohérents. L’entretien, tenu à Ampandrianomby, conduit par l’ambassadeur Roland KOBIA et le ministre CHAN KIT WAYE Jaco, confirme ainsi une relation de travail structurée autour de la pêche et de l’économie bleue. À travers un dialogue jugé constructif et attentif, les deux parties affichent un horizon partagé : rendre le secteur plus intègre, plus entreprenant, plus durable, mieux gouverné et plus bénéfique pour les communautés qui vivent des ressources marines.