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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Qui était Radama Ier ?

Photo du rédacteur: Andriamihaja RafanomezantsoaAndriamihaja Rafanomezantsoa

Radama Ier, né sous le nom de Ilaidama vers 1793, régna sur le royaume de Madagascar de 1810 jusqu'à sa mort en 1828. Son règne fut marqué par la consolidation et la modernisation du royaume, ainsi que par une affirmation diplomatique significative vis-à-vis des puissances européennes. Fils cadet du roi Andrianampoinimerina et de Rambolamasoandro, Radama fut préféré à son frère aîné Ramavolahy en raison de ses qualités de meneur d'hommes, ce qui poussa son père à lui confier des responsabilités militaires dès son adolescence.

À la mort de son père en 1810, Radama monta sur le trône et dut immédiatement faire face à des rébellions de la part des Bezanozano, des Sihanaka et de plusieurs principautés betsileo. Ces entités, espérant profiter de son inexpérience, cherchèrent à retrouver leur indépendance. Radama prouva rapidement sa compétence en menant avec succès plusieurs expéditions militaires qui réaffirmèrent l'hégémonie de l'Emyrne. Fidèle au testament politique de son père, il s'efforça d'étendre son royaume jusqu'aux côtes afin de pouvoir traiter directement avec les puissances européennes, une stratégie résumée par l'expression « faire de la mer la limite de son royaume » (Ny ranomasina no valam-parihiko).

 

Le traité de Paris de 1814, qui laissa en suspens la question de la possession de Madagascar par les puissances européennes, offrit à Radama une opportunité stratégique. Robert T. Farquhar, gouverneur britannique de l’île Maurice, chercha à contrecarrer les ambitions françaises en s'alliant à une puissance locale capable de contrôler les principautés de la côte est, où le commerce des esclaves était florissant. Radama, en échange de l'abolition du commerce des esclaves avec les Européens, reçut une assistance britannique pour moderniser son royaume. Cet accord, signé le 23 octobre 1817, le reconnaissait également comme le roi de tout Madagascar, renforçant ainsi sa position diplomatique.

 

Radama entreprit une vaste campagne de modernisation de son royaume, s'inspirant des modèles européens. Il invita des missionnaires protestants à s'installer à Tananarive pour ouvrir des écoles et introduire l'imprimerie. Le 26 mars 1823, il décréta les règles de l'orthographe de la langue merina en caractères latins, facilitant ainsi la communication et l'éducation. Bien qu'il ne se soit jamais converti au christianisme et n'ait encouragé aucune conversion parmi ses sujets, il utilisa les connaissances profanes des Européens pour développer son royaume.

 

Outre l'éducation de base, Radama fit venir des artisans européens pour ouvrir des écoles professionnelles. Il participait activement à l'encouragement de l'enseignement, allant jusqu'à faire passer les examens lui-même et offrir des récompenses aux étudiants méritants. En une décennie, plus de 20 000 élèves passèrent par les bancs de l'école en Imerina, et plusieurs étudiants furent envoyés à l'île Maurice et au Royaume-Uni pour poursuivre leurs études.

 

La modernisation de l'armée fut une priorité pour Radama, surtout après les lourdes pertes subies lors de la deuxième campagne contre le Menabe entre 1817 et 1820. Il réduisit les effectifs à 15 000 soldats et introduisit un double système de recrutement : le volontariat pour les riches pouvant s'acheter un fusil et un équipement moderne, et la conscription pour mobiliser 50 % des hommes valides. Il instaura une nouvelle fiscalité et fit importer des fusils, des canons et des chevaux. Il mit en place une hiérarchie militaire stricte et reçut l'assistance de trois sergents étrangers promus généraux : James Hastie, Brady et Robin. Ces mesures permirent à Radama de renforcer son armée, qui devint la meilleure de l'île jusqu'à l'invasion française.

 

Avec son armée modernisée et l'aide d'instructeurs européens, Radama multiplia les campagnes militaires pour obliger les autres souverains de l'île à reconnaître son autorité et à cesser de traiter directement avec les puissances extérieures. Bien que certains princes, notamment ceux des Tanala de l’Ikongo et des régions semi-désertiques de l’extrême-sud, échappèrent à son contrôle, l'essentiel de Madagascar, y compris les ports stratégiques, tomba sous la domination du royaume d'Emyrne, achevant ainsi l'œuvre de son père.

 

Radama Ier mourut subitement le 27 juillet 1828 à Antananarivo, à l'âge de trente-six ans. Les causes de sa mort restent incertaines : certains attribuent son décès à des infections contractées lors de ses expéditions, d'autres à des excès d'alcool. Sa disparition ouvrit une période de troubles, et Imavo, une de ses épouses royales, se fit proclamer reine de Madagascar sous le nom de Ranavalona Ire, écartant et éliminant les prétendants au trône.

 

Le règne de Radama Ier, bien que bref, fut déterminant pour l'histoire de Madagascar. Il réussit à consolider et à moderniser le royaume, établissant des bases solides pour son successeur. Son engagement envers l'éducation et la modernisation, ainsi que ses relations diplomatiques avec les puissances européennes, marquèrent une transformation significative de Madagascar, le préparant à entrer dans une nouvelle ère de son histoire.

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