L'affaire de Romy Andrianarisoa, la directrice du cabinet civil de la présidence de la république arrêtée à Londres pour corruption, est une gifle pour tout Malgache qui se respecte, elle incarnait théoriquement un certain idéal moral.
Ce scandale va bien au-delà du simple délit; il nous met face à un miroir déformant de la société malgache. C'est une absurdité grotesque, et l'initiative de la cagnotte PayPal pour couvrir ses frais d'avocat frise la parodie. "La gestion des fonds sera transparente", clame le message de la cagnotte. Quel cynisme ! Quelle moquerie pour un pays déjà mis à genoux par des années de corruption et de mauvaise gouvernance !
La question n'est pas de savoir si Romy Andrianarisoa a droit à une défense. La question est plutôt de savoir comment quelqu'un peut avoir l'audace de solliciter de l'argent pour une figure publique prise en flagrant délit de voler son propre pays, un des plus pauvres de la planète. Où est passée la décence ? Est-ce que le sens du bien et du mal s'est à ce point dilué dans les eaux troubles de la corruption malgache ?
Ce qui est révoltant, c'est que ce cas n'est pas un acte isolé. Il est l'émanation d'un système pourri où la corruption est le lot quotidien, où les riches et puissants continuent à s'enrichir de manière obscène pendant que le reste du pays lutte pour survivre. C'est le symptôme d'une maladie profonde qui ronge Madagascar : l'impunité pour ceux qui sont au pouvoir ou qui ont des relations.
L'appel à financer sa défense est une gifle pour tous ceux qui, à Madagascar, vivent sans eau courante, sans électricité, dans un état de précarité permanente. C'est une insulte aux enfants qui ne peuvent pas aller à l'école parce que leurs parents, écrasés par la pauvreté, ne peuvent pas se le permettre.
Et parlons de cette "injustice" dont on tente de la peindre en victime. Quelle injustice ? L'injustice serait plutôt que des gens comme elle s'en sortent, encore et encore, renforçant l'idée que les puissants sont intouchables. L'injustice serait que sa peine soit légère, faisant du cas Andrianarisoa un autre exemple que la corruption paie à Madagascar.
La seule lueur d'espoir dans cette affaire est qu'elle a été prise. Qu'elle a été attrapée "la main dans le sac", pour ainsi dire. Mais cet espoir sera vain si la société malgache ne prend pas ce moment comme un signal d'alarme pour une introspection collective. Ce n'est pas juste le procès d'une femme, c'est le procès de tout un système, d'une mentalité qu'il est plus qu'urgent de changer.
La cagnotte pour Romy Andrianarisoa n'est pas seulement indécente; elle est l'incarnation de tout ce qui ne va pas à Madagascar. Et si cette affaire peut servir à quelque chose, c'est bien à secouer les consciences et à provoquer un sursaut éthique dans un pays qui en a cruellement besoin.