top of page

L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Qui est Smerdis ?

Photo du rédacteur: Andriamihaja RafanomezantsoaAndriamihaja Rafanomezantsoa

Smerdis, également connu sous le nom de Bardiya, est un personnage énigmatique de l’histoire perse dont l’existence et le rôle exact demeurent sujets à débat parmi les historiens. Fils cadet de Cyrus le Grand et frère de Cambyse II, Smerdis occupe une place centrale dans l’un des épisodes les plus intrigants de l’empire achéménide. Son histoire est marquée par une usurpation de trône et des récits contradictoires qui ont longtemps laissé perplexes les chercheurs.

Selon les sources anciennes, Smerdis aurait été assassiné par son frère Cambyse II, qui craignait pour son propre pouvoir. Cette version des faits, rapportée notamment par Hérodote, nous raconte que Cambyse, avant de partir en campagne militaire en Égypte, fit secrètement tuer Smerdis pour prévenir toute tentative de prise de pouvoir en son absence. Cependant, cette version est remise en question par d’autres récits et par des inscriptions perses.

 

L’épisode le plus célèbre lié à Smerdis est l’usurpation de trône par un imposteur du nom de Gaumata. Après la conquête de l’Égypte par Cambyse, un mage nommé Gaumata profita de l’éloignement de Cambyse pour se faire passer pour Smerdis, prétendant que ce dernier avait survécu à l’assassinat commandité par son frère. En mars 522 avant J.-C., Gaumata se proclama roi, exploitant les mécontentements et les aspirations des peuples de l’empire pour asseoir son autorité.

 

Gaumata-Smerdis gouverna pendant environ sept mois. Durant cette période, il chercha à consolider son pouvoir en abolissant les tributs imposés par Cambyse II et en gagnant le soutien de nombreux segments de la société perse. Toutefois, son règne fut rapidement contesté. Plusieurs nobles perses, parmi lesquels Darius, futur Darius le Grand, conspirèrent contre lui. Ils mirent en doute la légitimité du roi en soulignant les différences physiques entre le vrai Smerdis et l’imposteur Gaumata. Selon les récits de Darius, notamment ceux inscrits sur la célèbre inscription de Behistun, il finit par mener un coup d’État contre Gaumata, tuant l’usurpateur et rétablissant l’ordre au sein de l’empire.

 

La figure de Smerdis est donc enveloppée de mystères et de contradictions. Si l’on suit Hérodote, Smerdis aurait été un prince tragiquement éliminé par son propre frère. Toutefois, les inscriptions perses nous invitent à considérer une autre perspective, celle d’une usurpation réussie mais éphémère par un mage habile, exploitant l’identité de Smerdis à son avantage. Ce double jeu de masques et de trahisons souligne les intrigues complexes qui caractérisaient la cour achéménide.

 

La dualité des récits autour de Smerdis met également en lumière les tensions politiques et sociales de l’époque. D’un côté, il y a le besoin de légitimer le pouvoir royal par une lignée claire et incontestable. De l’autre, il y a les factions et les intérêts divergents qui cherchent à influencer ou à contrôler le trône. L’histoire de Smerdis illustre parfaitement comment la politique impériale était une danse délicate entre pouvoir, légitimité et perception publique.

 

En outre, la figure de Smerdis a laissé une empreinte durable dans la culture et la mémoire historiques. Elle incarne les dangers de l’usurpation et les fragilités inhérentes aux dynasties royales. Sa courte période de règne sous l’identité de Gaumata montre à quel point le contrôle de l’information et la perception publique étaient cruciaux pour le maintien du pouvoir dans l’Antiquité, tout comme aujourd'hui.

 

Enfin, l'analyse de Smerdis nous invite à réfléchir sur la nature des sources historiques et sur la façon dont l’histoire est écrite. Les versions contradictoires des événements liés à Smerdis illustrent les défis auxquels sont confrontés les historiens lorsqu'ils tentent de reconstruire des événements passés. Chaque source apporte son propre biais et ses propres interprétations, nous rappelant que l’histoire est souvent une mosaïque de vérités partielles et de récits concurrents.

 

En somme, Smerdis, ou Bardiya, reste une figure énigmatique et fascinante de l'histoire perse. Son existence, sa mort et l'usurpation de son identité par Gaumata soulignent les complexités et les dangers de la politique impériale achéménide. Bien que les récits à son sujet soient divers et souvent contradictoires, ils offrent un aperçu précieux des dynamiques de pouvoir et des intrigues qui animaient l'une des plus grandes civilisations de l'Antiquité.

bottom of page