Recrutement massif dans la fonction publique : un signal fort en période électorale

Le gouvernement collégial, sous la houlette du Premier ministre Ntsay Christian, bien que naviguant dans une atmosphère politique tumultueuse, demeure déterminé à honorer ses engagements. Au cœur de leur dernière réunion au Palais d'Etat de Mahazoarivo, une annonce majeure : l'embauche de 17 736 nouveaux fonctionnaires.
Cette décision, loin d'être anodine, vient en réponse à une situation préoccupante au sein de l'administration publique. Depuis des années, de nombreux agents non encadrés, occupant des postes normalement réservés à des fonctionnaires, travaillaient dans une sorte de limbes professionnelles, sans le statut officiel de fonctionnaires. Ces agents, connus sous l'acronyme EFA, vont désormais être intégrés officiellement dans la Fonction publique. Il est à noter que ce recrutement privilégiera les agents dotés d'une certaine ancienneté : ceux ayant servi pendant au moins dix ans, ceux approchant de la retraite, ainsi que les EFA de plus de 55 ans. Pour les autres, la patience est de mise, un autre recrutement étant prévu début 2024.
L'importance de cette initiative ne saurait être sous-estimée. Elle vient reconnaître et valoriser le travail de milliers d'agents qui, sans bénéficier du statut de fonctionnaire, ont dédié une grande partie de leur carrière au service public. Elle renforce aussi la stabilité et la sécurité professionnelle de ces employés.
Mais le contexte actuel nous rappelle que toute décision gouvernementale, aussi louable soit-elle, s'inscrit dans un cadre politique plus vaste. A l'approche d'échéances électorales, l'embauche massive est vue par certains comme une manœuvre stratégique, un geste destiné à attirer la faveur des agents de l'Etat. Il est vrai que durant son mandat, l'ex-président Andry Rajoelina a marqué des points auprès de la fonction publique avec notamment deux augmentations salariales notables et l'intégration d'un grand nombre d'enseignants, militaires, gendarmes et policiers.
Toutefois, malgré ces gestes, un sentiment d'inquiétude plane toujours parmi les fonctionnaires. Plusieurs syndicats évoquent la possibilité de grèves, ce qui suggère que la situation au sein de la Fonction publique est loin d'être résolue. Cette effervescence actuelle révèle des tensions sous-jacentes et des attentes toujours vives de la part des fonctionnaires.
En conclusion, le recrutement de 17 736 nouveaux fonctionnaires est un pas positif vers une meilleure reconnaissance des agents de l'Etat. Cependant, face à la complexité des enjeux politiques et socio-professionnels, le gouvernement devra redoubler d'efforts pour instaurer une confiance durable avec ces acteurs essentiels de la république.