Risque d’inondations à Antananarivo : les autorités déclenchent une alerte jaune dans les zones inondables
- TAHINISOA Ursulà Marcelle

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L’annonce est tombée ce mercredi 3 décembre 2025 à 8 heures du matin. Par un communiqué officiel, le Ministère de l’Aménagement du Territoire et des Services Fonciers, via la Direction Générale de l’Autorité pour la Protection Contre les Inondations de la Plaine d’Antananarivo, a émis un avis de danger jaune pour plusieurs communes de la capitale et de sa périphérie. Cette alerte fait suite à une montée préoccupante de plusieurs cours d’eau, notamment le fleuve Sisaony, l’Ikopa et la Mamba. Le document met en garde les habitants des zones inondables, face aux risques imminents de crue.
Dans un contexte où les épisodes pluvieux se multiplient et où les crues soudaines menacent chaque année les quartiers les plus vulnérables d’Antananarivo, les autorités tirent la sonnette d’alarme. Cet avertissement, classé comme une situation de risque pouvant évoluer vers un niveau plus critique, demande une vigilance accrue de la population tout au long de la journée et des prochaines heures.

Des niveaux d’eau anormaux observés dès les premières heures de la journée
Le communiqué officiel, diffusé sous la référence numéro 15, détaille avec précision les hauteurs d’eau relevées aux différentes stations hydrométriques. Plusieurs points d’observation montrent une élévation inhabituelle des niveaux, conséquence directe de précipitations récentes et soutenues.
Concernant le fleuve Sisaony, les mesures prises à Andramasina affichent une hauteur de 2,10 mètres. Le document précise que cette valeur s’est accompagnée d’une baisse temporaire, ramenant le niveau à 2,31 mètres à 7 heures du matin, ce qui reste néanmoins très supérieur aux valeurs habituelles pour la saison. Les autorités indiquent également des tensions sur les digues et appellent à la prudence, rappelant que le seuil de 3 mètres est associé à une situation de danger manifeste dans les zones de plaine.
Plus en aval, à Ampitatafika, le niveau du Sisaony a atteint 2,58 mètres. La montée des eaux, mesurée à 0,74 mètre par rapport à la veille, témoigne de l’intensité du phénomène. Cette hausse est suivie d'une nouvelle phase de vigilance, notamment parce que le seuil d’alerte jaune est atteignable rapidement. À 3,00 mètres, les autorités déclencheraient un passage en alerte orange, synonyme de menaces accrues pour les habitations riveraines. Les habitants sont donc invités à surveiller l’évolution de la situation, surtout dans les quartiers situés à proximité immédiate du lit du fleuve.
Du côté de l’Ikopa, la station d’Ambohimanambola enregistre un niveau de 2,22 mètres tôt dans la matinée. Si cette valeur vient à franchir les 3,50 mètres, l’alerte pourrait évoluer vers un stade supérieur. Une autre mesure, relevée à Bevomanga pour le même cours d’eau, indique une hauteur de 1,96 mètre. Même si cette augmentation semble plus modérée, les fluctuations observées montrent des risques de débordement dès que les précipitations reprennent.
Pour la rivière Mamba, la station d’Ambodihara signale un niveau de 1,10 mètre, avec une légère baisse constatée à 0,28 mètre en fin de matinée. Ce cours d’eau, plus modeste que les précédents, peut néanmoins contribuer aux inondations lorsqu’il se joint à d’autres crues simultanées, ce que les autorités n’excluent pas dans leur communiqué.
Un périmètre de vigilance élargi à de nombreuses communes
L’avis de danger jaune ne concerne pas uniquement le centre d’Antananarivo, mais s’étend à un large périmètre, incluant des dizaines de localités périphériques. Parmi celles mentionnées, on trouve Tsiafahy, Androhibe Antsahadinta, Bongatsara, Antanetibe Ambohijoky, Alasitsainy Ambazaha, Ambohitrimanjaka, Fenoarivo ou encore Ampangabe. Ces communes, déjà identifiées depuis longtemps comme sensibles aux crues saisonnières, sont une fois de plus placées sous surveillance.
Le document souligne que cette mise en alerte n’est pas anodine. Chaque année, les inondations affectent durement ces zones, provoquant des déplacements de familles, des dégâts matériels et des perturbations majeures dans la vie quotidienne. En ce début de saison des pluies, le ministère rappelle l’importance de ne pas sous-estimer ce type de message, même lorsqu’il s’agit d’une alerte de niveau jaune.
Les habitants des quartiers situés en bordure de rizières, dans les zones basses et dans les secteurs où les cours d’eau sont parfois difficilement accessibles pour des interventions d’urgence, sont exhortés à préparer d’éventuelles mesures de sécurité. Cela inclut la protection des biens, l’anticipation de possibles coupures d’électricité et la mise à disposition de documents importants dans des endroits sécurisés.
Les seuils critiques : comprendre l’évolution du danger
L’un des éléments essentiels du communiqué est la mention des seuils correspondant à différents degrés de danger : danger imminent, danger menaçant, danger concret. Pour le Sisaony, l’alerte jaune est déclenchée à partir de 3,00 mètres, tandis que le niveau de 3,50 mètres représente une alerte qualifiée de plus grave. Ces niveaux reflètent la capacité du fleuve à contenir son débit et à résister aux pressions exercées sur les digues.
Les seuils varient légèrement d’un cours d’eau à l’autre. Pour l’Ikopa, ils se situent également autour de 3,50 et 4,00 mètres. Le ministère rappelle que ces valeurs, basées sur des années de suivi hydrologique, permettent de prévoir les risques de débordement. Lorsque les pluies sont continues, l’eau s’accumule dans les lits des rivières et se propage dans les zones les plus basses, remettant en cause l’intégrité des aménagements urbains.
Ce système de seuils est indispensable pour préparer les interventions des services d’urgence. Dès qu’un niveau critique est approché, les autorités renforcent la surveillance, mobilisent les équipes locales et avertissent la population par tous les moyens disponibles. Le rôle de ces avertissements est d’éviter que des habitants soient surpris par une montée brutale des eaux, phénomène fréquent dans les rivières malgaches à cette période de l’année.
Les variations rapides constatées dans les mesures du jour montrent que la situation peut évoluer d’une heure à l’autre. Une baisse temporaire, comme celle notée à Andramasina, ne garantit pas une stabilisation durable. L’atténuation des niveaux peut être suivie d’une nouvelle hausse, surtout si les pluies persistent dans les zones montagneuses en amont des cours d’eau.
Une mobilisation institutionnelle pour prévenir les inondations
Le document émanant de l’Autorité pour la Protection Contre les Inondations de la Plaine d’Antananarivo rappelle une fois encore l’importance du travail de surveillance réalisé quotidiennement. Les équipes hydrologiques se chargent de mesurer les hauteurs d’eau, d’interpréter les données et de transmettre leurs analyses aux autorités décisionnelles.
Les communes citées dans le communiqué sont invitées à relayer l’information auprès de leurs habitants, en particulier dans les quartiers où la communication est rendue difficile par l’éloignement ou la qualité des infrastructures. Les fokontany ont également pour rôle d’organiser des actions locales de prévention, comme la vérification de l’état des canaux d’évacuation, l’inspection des digues ou la sensibilisation des ménages.
Les autorités soulignent aussi la nécessité pour les citoyens d’adopter des comportements prudents. Le communiqué met en avant des recommandations implicites : éviter les déplacements inutiles dans les zones proches des rivières, ne pas s’aventurer sur les berges instables, surveiller les enfants susceptibles de jouer près de l’eau et rester à l’écoute des futures mises à jour officielles.
Dans un contexte plus large, cette alerte est un rappel des défis persistants auxquels fait face la capitale. L’urbanisation rapide a parfois limité la capacité des sols à absorber les fortes pluies, accentuant le ruissellement. Les quartiers construits en zone inondable demeurent vulnérables et nécessitent une attention continue.
Une situation surveillée de près dans l’attente des prochaines heures
Les prévisions immédiates restent incertaines, mais les autorités anticipent une possible aggravation de la situation si de nouvelles pluies surviennent. Le communiqué insiste sur la nécessité de se tenir informé tout au long de la journée. Les crues peuvent se produire de manière soudaine, surtout lorsque les cours d’eau reçoivent des apports rapides depuis des zones situées en altitude.
Même si le niveau de danger annoncé est classé jaune, il constitue un signal sérieux que la population ne doit pas minimiser. Une alerte jaune n’impose pas encore des évacuations, mais elle exige une vigilance constante et une préparation à d’éventuelles mesures plus contraignantes. Les autorités rappellent que l’évolution des niveaux d’eau sera communiquée dès que nécessaire, afin de permettre une réaction adaptée.
Les communautés locales, habituées à ce type de situation, savent que la montée de l’Ikopa ou du Sisaony peut transformer les paysages en seulement quelques heures. Les digues, fragilisées par les années et les intempéries, constituent un point d'attention majeur. Toute infiltration ou fissure peut provoquer des ruptures aux conséquences graves pour les zones situées en aval.
Le caractère préventif du communiqué vise donc à alerter sans provoquer de panique, et à donner le temps aux ménages de prendre les mesures nécessaires. Cette approche, adoptée depuis plusieurs années par la Direction Générale de l’Autorité pour la Protection Contre les Inondations de la Plaine d’Antananarivo, permet de réduire les risques humains et matériels.
Dans les prochaines heures, les habitants des zones mentionnées devront rester attentifs. Les cours d’eau, même lorsqu’ils semblent stables, peuvent évoluer très rapidement. À l’échelle de la capitale, la coordination entre les différents services publics s’annonce essentielle pour anticiper tout scénario. Les équipes continueront d’observer, de mesurer et de communiquer, afin de protéger la population des effets potentiellement dévastateurs des crues.
